Maxence

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Assis sur les marches qui mènent à la salle de gymnase, Axel et moi n'arrivons pas à sortir de notre mutisme. Chacun regardant de son côté.

Normal.

Tous les autres sont assis derrière à nous observer. Mon Axel a l'air désemparé et complètement cramoisi des sourires mesquins et moqueurs qu'ils lancent dans sa direction. Ils sont tous à nous viser comme si ce baiser représentait la pièce qui manquait à un chef d'œuvre qu'ils ont créée. Mathis, accompagné de Sam et Kelly, fait un de ses fameux twerk de la victoire devant un René plus qu'hermétique. 

Mais le reflet de bonheur qui illumine son regard le trahit. Il me fait un clin d'œil.

C'est sa façon de me dire félicitations.

Je rigole à l'absurdité de la situation. Je finis par me racler la gorge et exige de rester seul avec ma beauté rousse. Un message qu'ils reçoivent en me jetant des sourires coquins, ils s'y croient vraiment. Shen pointe son ventre à mon attention, il a dessiné un gros coeur sur son polo avec un rouge à lèvre, je suis mort d'embarras en lisant les mots «Maxel 4 life !» en gros caractère à l'intérieur du dessin.

Meï Lee et Alban simule la scène en se faisant passé pour nous. Je suis rouge comme une tomate à cette allure, pourtant je ne suis pas pudique d'habitude. Ce baiser inattendu était si époustouflant que comparé aux deux derniers, il me sera impossible de l'oublier.

C'était notre tout premier baiser.

Et le premier qu'il entreprend avec un homme.

Se mains étaient tendues et sa bouche sur la mienne était forcée sans être agressive. Cet éclair fulgurant que ce contact a provoqué en moi était un choc. Il avait juste posé ses lèvres sur les miennes, comme si sa vie en dépendait. Quelques secondes d'un supplice fantastique.

Ce n'était pas le baiser romantique par excellence, ni une de mes théories toutes faites sur les centaines de façon que j'avais imaginé l'embrasser. C'était plus naturel.

Plus lui.

Mon Axel.

Heureusement que j'aie René de mon côté qui ordonne à la team Sam de passer. Il rappel les enjeux d'une voix ferme et catégorique, puis siffle de tout son souffle dans le sifflet qui assourdit presque tout le monde. Ils le traitent de rabat joie, mais obéissent tout de même. Qui n'a pas peur de lui ?

— Mathis, toi aussi.

— Mais ?

— Pas de mais ! On monte !

Le roux est offusqué de cette voix autoritaire, cependant il cède après que René marque de plus en plus une grimace malaisante. Je la connais, c'est une tactique de Mathis quand il oblige René à le suivre dans une activité.

— Tu retournes ma propre arme contre moi ?

— Tu n'as encore rien vu.

Le frère de mon crush boude en nous quittant.

— Tu n'auras pas de sexe ce soir !

— Toi non plus, conclut mon ainé avec un ricanement. Pour un mois.

Mathis réalise la menace qu'il a faite et baisse la tête résignée. René est plus fort quand il le veut. Mon ainé me lance un dernier coup d'œil avant de disparaître derrière la porte à son tour.

Enfin seul.

Merci, René.

Un raclement me sort de ma réflexion. Axel a l'air moins guindé qu'il y a quelques minutes. Le départ des autres lui permet de respirer.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant