Axel

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En larmes, à même le sol, je veux juste rentrer chez moi et ne plus jamais voir qui que ce soit. J'en ai marre ! Marre !

Je suis pathétique.

Je me lève et jette mes valises sur le lit, je les ouvre et me mets à les remplir sans plier mes affaires. Toute cette idée de vouloir me rapprocher de mon frère et ses amis étaient la pire idée du siècle. Il en a rien à foutre de moi, depuis qu'il a décidé d'aller à l'université, je savais qu'on aurait plus rien en commun. Nous étions deux, il prenait souvent soin de moi, même si parfois on le forçait, il le faisait quand même. Ces fois-là il n'y avait jamais ses deux meilleurs amis avec nous et Mathis me traitait comme son égal. Il disait que je suis plus intelligent que lui et que j'irais loin. Il me faisait croire que j'étais spécial à ma façon et que j'avais le droit de réaliser mes rêves, même si nous n'avions pas les mêmes. Mais dès qu'il est arrivé en terminale, tout à basculer. Tout ce qu'il voulait c'était partir.

Partir loin de nous.

Oui, il a choisi de m'abandonner avec nos parents et me laisser tout seul ! Je le déteste. Je l'ai toujours détesté pour ça, d'ailleurs ! Il a commencé à dire que c'est la puberté qui me rend énervant, mais il ne voyait pas que ses visites éclairs à la maison me faisaient mal et qu'il ne venait jamais pour me voir, mais juste pour remplir les formalités ! Je devais tenir son rôle, réaliser des exploits scolaires qu'il n'a jamais obtenu, trouver ma place dans la maison de mes nos parents, parce que j'étais l'éternel deuxième et que j'étais arrivé trop tard.

Connard !

La vision flouter par les larmes, je fais tomber une paire de chaussures que j'aie lancé sans douceur dans le sac à cet effet, je me penche pour la ramasser quand je vois deux chatons arrivés devant une de mes rangers. High ? Hello ?

Que font-ils l...

Je lève la tête vers la porte, Mathis et son mari sont là. Ils me regardent, mais je ne peux voir leurs yeux dans l'obscurité de la chambre, je me sers de la luminosité de la fenêtre pour me déplacer.

Super, ils viennent me dire de partir.

— Dégagez ! Pas besoin de venir m'insulter, je m'en vais ! Je ne vais plus gâcher vos saletés de vacances !

Ma poitrine me fait si mal, personne ne me comprend, personne ne tient à moi. Mes larmes goutent sur mes affaires, je tente désespérément de ne pas montrer mon chagrin mais il est si grand. Énervé parce que je n'arrive pas à arrêter toute cette peine, je lance la valise pleine à craquer contre le sol en hurlant.

— LAISSEZ MOI TRANQUILLE ! JE SAIS QUE VOUS ME HAÏSSEZ ! JE VAIS SORTIR DE VOS VIES UNE BONNE FOIS POUR TOUTE !

Des bras m'engouffrent.

...quoi ?

Figé au milieu de la chambre, tourmenté par les vagues que j'entends au loin, l'odeur familière qui me parvient aux narines me montent à la tête. Cette étreinte ferme, presqu'irrespirable, que je n'ai pas reçu depuis plus de dix ans. Cette personne pour qui j'étais obligé d'emmerder pour attirer l'attention et que j'ai essayé plusieurs fois d'approcher sans succès.

Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi maintenant quand il est l'une des sources principales de ma douleur ?

— Axel, je suis désolé, murmure-t-il en resserant l'embrassade. Je suis si désolé, petit frère. Tout est de ma faute.

Je le pousse violemment, mais il ne se décolle pas. Je ne veux pas de cette hypocrisie.

— Lâche moi !

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant