Maxence

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— Ne plus être un homme ? C'est ce que tu penses ? Que faire l'amour avec moi va t'émasculer ?

Dire «déboussolé» ne suffit pas à expliquer mon ahurissement. Je sais que c'est un des plus vieux préjugés homosexuels du monde avec le fait de croire que c'est une maladie contagieuse, mais le vivre en live, c'est une première. Axel croit que je vais lui retirer sa masculinité.

C'est bien plus grave que je l'avais imaginé au départ. Je n'étais pas préparé à ça. J'allume la lampe de chevet à ses côtés.

Je l'aide à se retourner silencieusement, sans le brusquer. Ses yeux sont remplis de larmes, il ne me regarde pas. C'est un crève coeur d'entendre cela chez un jeune de notre génération. Mais avec la famille qu'il a et la société actuelle, ça ne devrait plus me surprendre autant.

Comment je vais gérer ça ?

— Axel, mon ange.

Il essuie ses larmes pour se donner de la contenance devant moi, mais il est déjà ébranlé, il n'a plus aucun moyen de dissimuler sa peine.

— Tu veux qu'on en parle ?

— Non !

Je m'en doutais. Cependant je ne vais pas rester sur une négation. Ça jamais.

— Moi si, et ça doit se faire maintenant.

— J'ai dit non !

— Tu n'es pas seul dans cette relation, tu veux encore que je te le rappelle ? Ou tu préfères qu'on revienne au stade de notre arrivée au centre.

Je sais que cette phrase va faire écho en lui. Il a conscience que mon silence est dérangeant, ça l'affecte énormément. Vu sa résignation lorsqu'il soupire, je me sens plus amène à développer tout ça.

— Je sais que ça doit être très difficile pour toi que nous en parlions, mais c'est essentielle.

Je m'appuie sur la tête de lit pour mieux observer son visage luisant. Je retire des mèches collées sur sa joue humide, tandis qu'il me laisse faire.

— Dis moi tout ce que tu sais ou que tu crois savoir sur la sexualité entre hommes. Tu sais que notre orientation n'est pas exempt de préjugés, je peux t'aider à y voir plus clair.

Il fait grise mine et se tortille. Je constate que son entrejambe n'est pas du tout calmé, on en reparlera plus tard. Pour l'instant c'est son moral qui m'importe. Il n'a pas la mentalité qui va avec ses réactions naturelles facs à moi. Si je tente quoi que se soit, il l'interprètera mal.

— Tu vas me détester, dit-il enfin plus calme.

— C'est ce que tu penses ? Que je vais te détester ? Laisse moi le loisir de juger avant de donner cette conclusion, s'il te plait. Je ne t'ai pas détesté quand tu me lançais toutes les insultes homophobes que tu avais en stock, et je ne l'ai pas fait quand tu me traitais tel un pestiféré, pourquoi serait-ce le cas ce soir ?

— Tu ne mâches pas tes mots, toi.

Seul un sourire en guise de réponse. Axel est un garçon vraiment très ancré sur les apprentissages anti-gay, je ne crois pas qu'il perdra cela en une nuit.

Il fixe le plafond, abbatu. Je n'imagine pas toutes les horreurs qu'il a en tête à ce moment.

— Ce n'est pas contre toi, commence-t-il. Comprends-moi, je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Je suis un homme comme toi, j'ai moi aussi une bite, alors pourquoi j'irais couché avec quelqu'un qui en a une aussi ?

Ma poitrine est douloureuse.

— Ne serait-ce pas plus naturelle que je sois complémentaire pendant le sexe ? Que mon intérêt premier se tourne vers une fille ? Je veux dire... le fait de... de...

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant