René

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Il y a toujours quelqu'un pour gâcher mon travail !

Je soupire énervé. Heureusement que j'ai pensé à cet éventualité. Le vice capitaine de Basket sort avec une fille très possessive qui l'appelle tous les jours à la même heure, je voulais qu'il avale le somnifère avant qu'elle ne le fasse, mais c'était trop beau pour être vrai. Elle va sûrement lui dire qu'elle veut le voir ou le pousser à rentrer. C'est un dragon, d'après son dossier.

Elle va lui demander où il se trouve et bien-sûr il va falloir trouver une excuse.

— Alban, c'est ton heure. Ramène moi cette feignasse, dis-je à l'oreillette de notre ami.

— Oui, chef, susurre-t-il.

Stéphane et moi observons l'extérieur du club où notre cible vient de sortir pour répondre à l'appel. Il s'éloigne du bâtiment pour fuir la musique bruyante. Alban sort de là en toute discrétion.

— Qu'est-ce qu'il va faire ?

— Écoute tout simplement.

Avec le micro qu'il porte, nous pouvons tout entendre. Alban sort son portable et se met à parler à une petite amie imaginaire.

— Bébé, je suis au campus. Tu connais les gars, ils aiment mettre la musique à fond, commence-t-il.

Il attire ainsi l'attention du garçon qui est aussi au téléphone. C'est une très vieille ruse qui marche à tous les coups. Pour sympathiser, il faut toujours faire croire qu'on a un lien en commun. Dans leur cas, une copine abusive est une base.

— Mais non, bébé, c'est juste que demain on va jouer un match important et il faut déstresser, ajoute-t-il.

Second lien commun : le sport. Il ne résistera pas à l'idée d'entamer un dialogue. Il suffit de voir comment la cible répond de la même façon à sa moitié. Le mimétisme prouve qu'il est tombé dans le panneau. Il imite Alban parce qu'il répond avec confiance et sans bégayer. En tant qu'habitué à suivre d'autres personnes, son capitaine et sa copine, il est attiré par les personnes avec qui cette relation de dominance demeure.

Alban finit son appel comme s'il avait réussi à convaincre cette dernière.

— Ah les femmes, toujours aussi collantes, râle-t-il très fort pour être entendu de l'autre.

Son vis-à-vis essaie tant bien que mal de terminer le coup de fil.

— Tu t'en fais pour rien, ma chérie. On se verra demain, oui c'est ça, demain. Quoi ? C'est au dortoir ! Nous sommes entre mecs, tu le sais. Carine, écoute moi. Attends, quoi ? Tu veux que je viennes ?

Alban sent qu'il va perdre le contrôle. Il approche et lui prend son portable des mains. Ce dernier est stupéfait et s'apprête à s'énerver. Alban le devance.

— Hey ! Salut Carine. Tu te souviens de moi ? C'est Grégoire. Oui. Désolé ma grande, mais c'est une soirée testostérone, pas de poulette ici ! Tchao Bella.

Il raccroche et lui lance son appareil.

— C'est comme ça qu'il faut leur parler, mec. Pas besoin de t'écraser.

Stéphane est sceptique. Il a l'impression que ça va foirer, je lui dis que tout va pour le mieux. Alban joue simplement le jeu d'un macho.

— Mouais, elle est vraiment collante, dit-il embarrassé.

Je souris, c'est gagné. Le simple fait d'accepter montre que le contact a été entamé. C'est à Alban de jouer pour qu'il retourne à l'intérieur avec lui.

— Alors la soirée est bonne ? On s'amuse bien ici. Les filles sont sympas et l'alcool coule à flots.

— Tu as complètement raison. Je ne m'attendais pas à passer une si bonne soirée. D'habitude je suis toujours avec mes potes, mais cette fois je profite bien sans eux.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant