René

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La couvade de Nicolas est une réponse stressante pour Claire. La jeune fille n'a pas de réponse précise sur les intentions de son copain vis-à-vis de sa grossesse. Est-il prêt à devenir père ? Va-t-il se désister ? Beaucoup de questions, mais pas de réponses pour l'instant, surtout au milieu de ce chaos. Axel observe en retrait, perplexe. Il n'arrête pas de marmonner.

— Je ne les connais pas, Seigneur.

Nicolas continue de se faire dorloter et soutenir par les garçons. Max lui donne du jus d'orange pour qu'il aille mieux. Il se fait masser les pieds par Shen, c'est grave. C'est une réaction si exagérée, mais qui suis-je pour le juger ? Quand elle m'en a parlé j'ai eu un bug. Je suis resté figé près de dix minutes comme si c'était moi le père.

Quelle sensation atroce.

J'ai vu défiler ma vie devant moi, et le pire c'est qu'un bébé se faisait élever par notre bande de clochards. J'ai même vu un Mathis plus âgé qui apprenait au gosse à pêcher, puis il s'est noyé dans l'eau sous ses yeux. Pas l'enfant. Mathis.

L'avenir de ce gamin ou cette gamine est complètement incertain. Ce bébé attendra-t-il l'adolescence ?

Nous serons des piètres tontons.

Ça confirme ma position de départ, nous sommes mieux sans enfants. Je m'occupe déjà d'un grand bébé roux, et deux chats adorables, c'est peu dire ! Alors avoir un bébé ? Un être complètement vierge qui va dessiner son tableau d'après ses observations de la vie qui se déroule sous ses yeux ?

Non, merci.

Bonne chance pour ce couple.

— Les amis, on a une finale à lancer, dis-je.

— Enfin ! réagissent les filles.

— On en avait marre de les voir faire ! se plaint Kelly.

— Tu n'as donc aucun cœur ? s'interpose Erwan, sidéré. Il vit un moment difficile là.

— Tu te souviens de notre chanson ? demande-t-elle sarcastique.

Touché.

Les flèches de la honte le transpercent de partout.

Elle roule des yeux et croise les bras. Nicolas tient la main de celui-ci d'une manière désespérée comme si sa vie en dépendait, puis d'une voix faible il lui dit :

— Tu es un vrai frère, bro.

Erwan recouvre sa main de la sienne, d'un ton solennel et sincère, il répond.

— Toujours là pour toi, bro.

La scène semble tirée d'un vieux films de guerre. Les filles lèvent les yeux au ciel.

— Vous aussi les gars, vous êtes des bros de cœur, dit-il aux autres.

Plus que touchés, ils se comportent tels des frères d'armes qui sont réunis pour la vie. Ils tendent tous leurs mains au centre pour sceller cette force lumière qui les lie.

Oh ? Même Axel tend sa main en regardant ailleurs.

— René, tu es «The» brother, viens là, m'appelle-t-il.

Les filles me jettent des regards noirs, elles sont menaçantes. C'est une guerre qui se déroule. Dois-je choisir un camp ? Celui des décérébrés ou celui des neurones qui fonctionnent mieux ? C'est un grand moment de télé. Les gens stéréotypés verraient des filles contre les garçons et un gay qui doit choisir, pourtant c'est bien plus que ça. Ma position est délicate et chancelante. Mon mari d'un côté, puis les seules personnes avec qui je peux tenir une conversation sans boire des aspirines de l'autre.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant