Les Marron : Ménage à quatre

Maxence

Pour la première activité, on nous propose un sauna. Je ne réfléchis pas plus que ça et suit le moniteur qui nous mène à la salle à cet effet. Normalement il y a un sauna général, où nous pouvons partager la pièce avec d'autres clients, mais Monsieur Rodriguez a spécifié que nous devions être dans un des petits sauna privé.

IL FAIT QUOI DANS LA VIE ?

Je suis tellement habitué aux coups foireux de ces gars que plus rien ne me surprend. Ils pourraient me faire aller sur la lune que je me laisserai faire pour ne pas me retrouver en liste noire. Je sais que ce cadeau vient d'une bonne intention, c'est très gentil de leur part, bien que je ne suis pas d'humeur pour ça.

Le manager du sauna nous donne la marche à suivre et comment régler le thermostat. La porte ne s'ouvre qu'après quarante minutes. Dès qu'elle est fermée, on doit se supporter jusqu'à ce que nous entendions deux petits bips. Le moniteur se retourne vers nous le sourire très large.

— Vous serez en toute intimité. Vous n'aurez pas besoin de garder vos serviettes si vous voulez, dit-il d'un air coquin. Notre centre est un endroit paisible où les couples peuvent se reconnecter en toute sérénité.

Je resserre la ceinture de mon peignoir.

— C'est un centre pour thérapie de couples ou quoi ? demandé-je.

Ce dernier ricane derrière ses mains. Il est peu effeminé, je trouve sa manucure parfaite.

— En quelques sortes, mais surtout pour que les amoureux partagent de très bons moments ensemble. À tout à l'heure, messieurs.

Seuls, nous restons devant la porte de la salle à méditer. Je ne suis pas aussi fâché qu'Axel semble le croire. Je ne suis plus au stade de son voyage, René m'a ouvert les yeux sur le fait que je ne pourrais jamais l'empêcher de partir. C'est clair. Cependant, je ne suis pas une quiche. Il a l'habitude que je me plie toujours à ses demandes et autres, c'est frustrant. Je n'ai pas juste envie de le laisser croire qu'il peut avoir toutes ses facilités avec moi, je suis humain, j'ai tout autant besoin de reconnaissance et d'attention que lui.

Quand j'ai demandé Asile chez eux, les mariés ont accepté parce que j'étais vraiment mal dans ma peau. Axel me tourmente et ne s'en rend pas compte, j'en ai marre ! J'en ai marre d'être le gentil Max ! J'en ai marre de toujours lui tendre l'oreille ou l'épaule ! Je suis toujours celui qui crée une situation ou un moment intime ! Je veux qu'il fasse des efforts aussi ! Qu'il réalise qu'une relation est à double sens ! Autant je le soutien dans son cheminement, autant il doit se rappeler que j'aie une existence et que je peux aussi l'ignorer et avoir des caprices.

René m'a dit qu'il a déjà utilisé ce type de subterfuge plusieurs fois avec Mathis et que ça marche très bien sur lui, mais que c'est aussi une méthode à double tranchant si l'autre analyse mal la situation. Il a voulu me décourager, mais impossible de changer ça. Axel doit trimer ! Il faut qu'il sache que durant les six mois je ne serais pas un gentil toutou qui attendra son maître !

Libre à lui de comprendre cela.

Je retire le peignoir que je cintre dans le casier à l'entrée, puis je pénètre le sauna sans attendre l'autre. Je laisse la porte ouverte, libre à lui de la refermer derrière moi et de partir, je m'en fiche.

J'attends qu'il réagisse avant de régler le thermostat.

À ma grande surprise il entre dans la pièce exigue. C'est vrai qu'elle n'est faite que pour deux ou trois personnes, pas plus. Je choisis une bonne température, puis je m'installe loin de lui. Dix minutes passent, nous ne nous disons rien. Je trouve le temps long, mais je ne cèderai pour rien au monde.