Chapitre 12

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Entre les premiers préparatifs du mariage et leur boulot envahissant, nous avons de la chance que nos parents soient peu à la maison en ce moment. Cela me permet de m'occuper de Mélanie avant qu'ils n'interviennent pour lui poser des questions, ou lui faire des reproches.

Cette-dernière est vraiment mal en point. Premièrement, je la force à prendre un bain. Depuis que je l'ai retrouvée et ramenée à la maison, elle n'a pas ouvert la bouche ni quitté le sol des yeux. Elle se laisse faire quand je commence à lui retirer ses vêtements avec précaution. Discrètement, j'analyse sa peau pour vérifier qu'elle n'est pas blessée, même superficiellement. Je repense à mon état de la dernière fois. J'avais des bleus énormes sur les cuisses pendant plusieurs jours. Mais heureusement, je ne remarque rien d'alarmant sur elle, à part quelques rougeurs autour de ses poignets. Elles sont certainement dues à la force avec laquelle Zachary l'a empoignée tout à l'heure, avant de la jeter vers moi.

Je n'ai vraiment aucune idée de pourquoi Mélanie s'est retrouvée dans cette situation. Je ne doute pas qu'elle soit un peu fautive dans tout cela, mais elle est si jeune et si inexpérimentée que je ne peux pas réellement lui en vouloir. J'aurais dû être plus derrière elle. Finalement, peut-être que c'est parce que j'ai peur de me faire gronder moi, que je me réjouis de l'absence de ma mère à la maison actuellement.

Mais ce n'est pas ton rôle Raphaëlla. Tu n'es pas sa mère. Ni son ange gardien.

Une fois entièrement nue, je l'aide à passer le pied par-dessus le rebord de la baignoire. Elle est extrêmement fatiguée, et ne montre aucune marque de pudeur. Je fais d'abord couler un filet d'eau pour en vérifier la température, et quand elle me semble suffisamment chaude, j'ouvre le gros robinet pour remplir la cuve le plus rapidement possible. Il ne manquerait plus qu'elle tombe malade. La vapeur d'eau envahit la pièce. Je m'affaire à mouiller le corps de ma demi-sœur, puis je m'empare du gel douche et commence à lui frotter le dos à l'aide d'un gant de toilette.

« Je peux le faire, t'inquiète.

Peu désireuse d'explorer la totalité de son corps, je lui cède le gant de bon cœur. À la place, je dépose une noisette de shampoing sur sa tête. L'eau du bain se teint de marron et de rouge, un mélange de poussière, de maquillage, et sûrement aussi d'un peu de sang.

_ Je veux pas te brusquer, chuchoté-je. Mais il va vraiment falloir que t'arrêtes tes conneries, et que tu me racontes dans quoi tu t'es fourrée.

Mélanie ne répond pas. Je croise son regard dans le miroir en face de nous. Elle semble partagée entre me mentir et me dire la vérité. Je me fais force pour garder mon calme, mais si cette bouffonne continue à faire la mystérieuse je la laisse se débrouiller toute seule et ça me fera des vacances. Puis je me souviens de ce que m'avait sorti ma mère la dernière fois. Putain. Je ne suis vraiment pas aidée.

_ Tu sais pourquoi on a déménagé ici ? lâche-t-elle.

Je ne sais pas quoi répondre. Je ne m'étais jamais posée la question auparavant. J'étais persuadée que la raison de leur emménagement avait été abordée une fois à table, et que je n'y avais pas prêté attention, trop occupée à ruminer. Mais maintenant que j'y réfléchis, je n'en ai pas la moindre idée.

_ Parce que mon père a été viré de son travail.

Elle attend quelques secondes, avant de poursuivre :

_ Je vais pas te faire un dessin, mais des rumeurs circulaient sur lui au bureau. Bien sûr, j'étais pas au courant. Et je pense que les accusations étaient fausses. Je n'arrive pas à concevoir qu'elles puissent être vraies. Je ne sais toujours pas tous les détails d'ailleurs, mais le fait est que mon père a décidé de changer de pays, « pour tout reprendre à zéro ». Je pense plutôt que c'était pour fuir les regards méprisants du voisinage. Et en plus, je crois qu'il parlait déjà un peu avec ta mère à ce moment-là.

Raphaëlla [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant