Chapitre 50

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Je ne sais même pas où sont censées débuter les hostilités. À Bellerue, certes. Mais encore ? Dans un immeuble ? Un parc ? Une rue commerçante ?

Je marche en direction de la cité, à l'affût d'un quelconque bruit qui pourrait m'indiquer plus en précision le lieu où je dois me rendre. Je ne suis jamais sereine de me balader seule dans ce quartier, surtout la nuit. Un rien peut retenir mon attention, et je suis prête à taper un sprint à tout instant.

Une ombre se forme en face de moi. Sur le même trottoir. J'aborde une mine sereine et trace ma route, les yeux fixés droit devant. L'ombre se rapproche de plus en plus. Je vois se dessiner la silhouette d'un homme, qui me domine largement de taille.

Au loin des cris retentissent, me faisant sursauter malgré moi.

Je me rappelle que lorsque les femmes ont peur dans la rue, elles ont pour réflexe de changer de trottoir. Ce n'est pas interdit. C'est ce que je devrais faire actuellement.

C'est ce que je fais.

Je manque de me faire écraser par une voiture qui roule à plein fard, mais me voilà de l'autre côté de la route. La voiture s'éloigne. Ses pneus crissent sur le verglas. La lumière de ses feux de nuit s'atténue petit à petit, et je me retrouve bientôt à nouveau dans un noir quasi-total. Seul un lampadaire éclaire la rue d'une lueur blafarde.

« Eh toi là-bas ! Arrête toi.

Mon sang se glace. Je continue de marcher, sachant pertinemment que c'est à moi que cet homme s'adresse : il n'y a personne d'autre autour.

L'ombre. L'ombre que j'ai évitée, elle est derrière moi. Elle m'a suivie.

C'est à ce moment-ci que je ferais mieux de détaler. Mon cerveau le crie, mais mes jambes refusent d'obtempérer. À nouveau, comme à chaque fois que je me retrouve dans une situation critique, je reste tétanisée de peur.

Dans quoi me suis-je encore fourrée ?

Une main aggripe mon épaule, me forçant à me retourner, pour faire face à mon aggresseur.

_Ça va meuf ? Qu'est ce que tu fais dans le quartier aussi tard ?

C'est Rémy. Le mec qui me suit et qui me fait paniquer depuis dix minutes, n'est autre que Rémy. Je suis partagée entre le soulagement, le rire et l'agacement. Autrement dit, je frôle la crise de nerfs.

_Tu m'as fait peur connard.

_Oh tout doux. Je sais que j'ai l'air dangereux... mais quand même.

_Toi, qu'est-ce que tu fais là ?

_Je t'ai posé la question en premier.

_Je suis pas vraiment d'humeur à me chamailler actuellement... Je dois aller régler un truc vite-fait.

Raphaëlla [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant