Chapitre 22

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Le ciel bas et gris annonce une grosse tempête. Avec l'hiver qui approche à grand bas, nous ferions mieux de nous mettre à l'abris rapidement avant que les premières gouttes ne commencent à tomber. On attraperait toutes les deux la crève. Heureusement, nous arrivons chez Sofia à temps. Nous enlevons nos chaussures et elle me force à prendre une douche, pour « laver les dernières larmes sur mes joues ». Pendant que j'enfile un pyjama qu'elle m'a glissé sous le pas de la porte, j'entends des voix s'animer dans le salon. Je me brosse les cheveux et vérifie mon reflet dans le miroir avant de sortir. Bien que démaquillée, je ne me trouve pas trop moche. La douche brûlante m'a redonné des couleurs.

Des odeurs d'épice et d'haricots cuits envahissent mes narines. Je retrouve Sofia affairée à la cuisine. Je toque à la porte pour me manifester. Elle lève les yeux du plan de travail et s'exclame :

« Raph ! Ça va mieux ?

Je hoche la tête.

_ Papa, je te présente Raphaëlla.

Je n'avais pas vu l'homme caché derrière la porte. Il me salue chaleureusement en me faisant une bise qui se transforme en câlin.

_ Enchanté mi amor !

_ Bonjour monsieur Mendoza, sourie-je, malgré le nuage noir qui assombrit mon humeur actuellement.

_ Oh tu peux m'appeler Según ! »

Je demande si mon aide peut être utile quelque part, et mon m'assigne la lourde tâche de dénoyauter les avocats. Nous cuisinons donc ainsi pendant plus d'une demi-heure. Le père de Sofia allume la radio et nous dansons sur de la variété française en riant du ridicule des uns et des autres. Je commence à sourire sincèrement, surtout quand Sofia m'entraine dans une salsa endiablée. Finalement, nous nous mettons tous les trois à table devant un plat typique colombien, composé de bananes plantains, de poulet et d'autres belles choses. Ce repas change des salades sèches faites maison par ma mère.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Quelqu'un marche dans le salon en jurant.

« On est dans la cuisine ! Annonce Según de sa grosse voix.

Un Elio dégoulinant d'eau apparaît dans le cadre de la porte. Ses joues sont rougies, et ses cheveux mouillés devenus presque lisses lui tombent sur les yeux. D'un mouvement de tête, il dégage une mèche de sa vue. Mon cœur s'accélère quand ses yeux sombres croisent les miens. Un éclair de fureur traverse son regard, mais il ne laisse rien paraître.

_ Salut.

_ Tu vas foutre de l'eau partout, ronchonne Sofia.

_ Emilio voici Raph, une copine de ta sœur, chantonne le père.

_ Ouais. Je la connais. »

Il secoue ses cheveux pour les sécher, envoyant des gouttelettes dans tous les sens, et ne manquant pas de faire crier Sofia. Elle jure en espagnol et je comprends que son père la réprimande dans cette même langue. Le garçon s'éclipse pour revenir quelques minutes plus tard, changé et séché. De toutes les fois où je l'ai vu, il ne m'a jamais paru aussi beau qu'aujourd'hui. Ses boucles recommencent à boucler et il a enfilé un sweat-shirt un peu trop grand, lui donnant un air de petit garçon. Je suis fascinée par la longueur de ses cils, dont l'ombre s'effile jusque sur ses pommettes.

Il remarque mon regard insistant et sourit discrètement en se servant des haricots.

« Alors Raph, comment ça se passe le lycée ? Engage Según.

Raphaëlla [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant