Raphaëlla [TERMINE]

Chapitre 24

Il nous a enfermés dans une salle de bain. Tandis que je suis recroquevillée en position fœtale dans la baignoire, je l'observe faire les cent pas dans les trois mètres carrés qui restent à sa disposition. J'aimerais savoir à quoi il pense actuellement. Pourquoi on est ici ? Qu'est-ce qu'il attend ? Je veux juste sortir, me barrer de cet endroit maudit pour aller en cours.

Une heure que j'attends. J'ai pu passer du rire, à la peur, et finalement, à l'ennui.

Mon téléphone retentit à l'intérieur de ma poche.

« Éteins le, chuchote-il, pris de panique.

Je m'empare de l'appareil et regarde quand même qui essaye de me joindre.

Appel entrant de Sofia

_ C'est ta sœur, répondis-je. Elle doit se demander pourquoi je suis pas en cours.

_ C'est pas le moment.

Elio se décide finalement à arrêter de se torturer l'esprit, car il enjambe la baignoire, pour s'asseoir face à moi. Ses longues jambes repliées encadrent les miennes. Je garde les yeux fixés sur nos baskets, attendant qu'il brise le silence :

_ Vous êtes vraiment potes toutes les deux, déclare-t-il finalement.

Je hoche la tête.

_ Je la connais seulement depuis le début de l'année, mais c'est une très belle rencontre. Elle a une âme vraiment pure.

_ Oui. C'est pour ça qu'il faut que je la préserve de ce milieu.

_ Elle est pas du tout au courant de tout ce délire ?

Il secoue la tête. Son menton repose sur la paume de sa main, qu'il a calée contre le mur. Du bout des doigts, il commence à tripoter les lacets de ma chaussure gauche.

_ Elle pense que je travaille à la laverie. Qu'on a reçu un héritage de notre mère. Peut-être qu'elle se doute que cet argent est pas très propre, on peut pas vraiment lui cacher. On a souvent des problèmes avec les inspecteurs fiscaux et tout. Mais elle se doute absolument pas que moi aussi, je traîne dans des affaires louches.

_ Je vois. Et ton père ?

_ Lui on peut rien lui cacher, ricane Elio.

_ Il est impliqué lui aussi ?

_ C'est un interrogatoire ou quoi ?

Je me renfrogne.

_ Je voulais faire passer le temps. C'est tout. On attend quoi exactement ?

_ Je sais pas si t'as vu, mais ce fou il a un flingue. Donc on sort pas d'ici tant qu'il a pas été immobilisé, ou au moins désarmé.

_ Et comment tu veux qu'on le désarme si on reste planqués comme des rats ?

Il sourit et se retient de rire, se foutant clairement de ma gueule.

_ Parce que tu crois que tu vas faire quelque chose ? Tu vas attendre ici bien sagement, mes gars s'occupent du reste.

_ Tes gars ils semblaient bien se pisser dessus quand même, répliqué-je dans l'espoir de piquer son ego.

_ Qui ça ?

_ Vincent surtout.

_ Lui c'est un floco, soupire-t-il, visiblement agacé. Il est bon qu'à suivre les ordres comme un chien, mais dès qu'il faut porter ses couilles y'a plus personne. C'est sûr qu'on peut pas compter sur lui sur ce coup là. Mais Zachary va chercher du renfort.