Chapitre 34

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J'essaye de rester calme. Il avait l'air plutôt réceptif tout à l'heure, donc tout devrait se dérouler comme sur des roulettes. J'ouvre la porte du fumoir et m'y engouffre. Ma main qui tient le briquet tremble trop, ce qui fait que je dois faire plusieurs tentatives avant d'enfin réussir à allumer ma cigarette. Je ne peux retenir un sourire ; j'ai hâte qu'il soit de retour. Je ne tiens plus en place : l'adrénaline ne fait que monter depuis une heure.

J'entends enfin la porte en ferraille s'ouvrir. Je repose la bouteille de Manzana que j'avais commencé à siroter pour m'occuper l'esprit, et marche en direction du bar. Elio m'y rejoins, des sacs de course plein les bras.

« Tu veux bien ranger ça dans les placards s'te plait », demande-t-il doucement en se débarrassant de son fardeau.

J'hoche la tête et m'affaire à trier la marchandise. Je trouve dans les sacs en plastique plusieurs bouteilles de Coca-Cola ainsi que des bières et des briques de soupe, que je m'empresse de ranger dans le réfrigérateur. Il y a également des pasta box et d'autres repas faciles à réchauffer, qui me rappellent la bonne époque.

Je suis en train de séparer les yaourts quand je sens un bras s'enrouler autour de ma taille. Je fais mine de ne rien sentir et essaie de me retourner pour ouvrir le frigo. Mais je me retrouve face à Elio, et beaucoup plus proche que je le pensais. Son visage frôle le mien. Je sens son souffle chaud contre mon front. Je lève les yeux pour croiser son regard brûlant.

« Tu voulais qu'on s'occupe ? souffle-t-il.

_ Je pensais jouer à un jeu de société.

Un petit sourire se forme au coin de ses lèvres, geste que j'imite inconsciemment. Son emprise autour de moi se desserre légèrement, laissant comme un vide sur ma hanche. Il s'appuie sur le plan de travail derrière moi, sans éloigner son corps du mien. On se dévisage ainsi pendant plusieurs longues secondes. Je distingue mille pensées passer dans ses iris ocre, mais je n'arrive à en déchiffrer aucune.

Sans le quitter des yeux, je prends ses deux mains et les repose autour de ma taille, puis je caresse doucement une de ses joues et l'attire à moi. Je l'embrasse d'abord très timidement, mais lui se fait de plus en plus insistant, ce qui me donne de l'assurance. Mon souffle s'accélère. Nos langues se touchent enfin. Je laisse courir mes doigts le long de sa nuque pour les fourrer dans ses cheveux, que je tire doucement, le faisant grogner contre moi. Il m'attrape par le bassin et me soulève pour me poser sur le plan de travail. J'enroule mes jambes autour de lui pour toujours plus le coller à moi. Je sens une bosse se former dans son pantalon, ce qui me fait sourire contre ses lèvres. Il comprend pourquoi et se détache de moi, amusé :

_ Tu préfères le Monopoly ou la Bonne paye ?

_ Tais-toi.

Il ricane et fourre son nez dans mon cou pour y déposer mille petits baisers. Je ne peux refreiner mes soupirs. Encouragé par mes démonstrations de plaisir, il commence à caresser mon corps de ses mains douces. Puis je le sens me saisir avec force pour me soulever. Mes jambes ne desserrent pas leur emprise autour de lui. Je m'accroche à sa nuque pendant qu'il nous déplace. Je devine qu'il se dirige à l'étage, où se trouvent plusieurs chambres.

Il s'engouffre dans une pièce, et après avoir galéré à fermer la porte avec le pied, ce qui me fait rire, il reporte toute son attention sur moi et me jette sur un matelas incroyablement mou. Je pose ses mains sur son torse pendant qu'il s'allonge sur moi. Nous recommençons nos baisers sauf que cette fois-ci, mes mains commence à exploser son dos musclé. Il s'arrête à un moment pour ôter son t-shirt, et je m'autorise à enfin admirer son corps sans aucune gêne. Il me caresse les cuisses mais il ne semble pas prêt à passer à l'étape supérieure, alors pour l'encourager je commence à défaire la ceinture de son pantalon. Il s'arrête pour me demander un peu trop sérieusement :

« T'es sûre ? »

J'opine. Il me dévisage encore quelques instants, comme pour profiter du moment, puis soupire en s'éloignant de moi. Un éclair de déception me traverse l'esprit, mais je suis vite rassurée quand je le vois s'assoir sur le bord du lit pour enlever son jean. Il le jette par terre et mon regard reste bloqué sur le vêtement quand je sens Elio se tourner de nouveau vers moi pour me prévenir qu'il sort trente secondes chercher un préservatif. Puis il quitte la pièce.

Je reprends mes émotions puis me lève, les cheveux en pagaille. Je replace bien mes vêtements et m'approche enfin de son pantalon. Je commence à fouiller les poches arrière. Bingo.

Avant qu'il ne me prenne en flagrant délit, je quitte la chambre et me précipite doucement dans les escaliers, veillant à ne faire aucun bruit pour ne pas l'alerter. J'arrive enfin dans le couloir de l'entrée quand j'entends sa voix m'appeler. Prise de panique, je cherche dans le trousseau la clé qui me paraît être la bonne. J'en essaye deux trois avant d'enfin parvenir à ouvrir la lourde pote. Je sens des pas lourds arriver dans ma direction mais trop tard, je me suis déjà précipitée à l'extérieur. Je claque le battant derrière moi puis je prends mes jambes à mon cou.

Hors de question que je reste une seconde de plus enfermée avec un garçon. Et puis même, je n'étais pas en sécurité là-bas : Zachary aurait retrouvé ma trace un jour ou l'autre. Je sais très bien que je ne peux compter que sur moi pour sauver ma peau.

Il croyait vraiment que j'étais une pauvre princesse qui avait besoin d'un prince charmant pour la sauver ?

Raphaëlla [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant