Chapitre 25

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« Médecin de la street ? Sérieusement ? m'offusqué-je.

Quand Elio m'a dit qu'ils avaient appelé un médecin, je pensais à un véritable infirmier diplômé. Pas à deux charlatans en scooter. Ils prétendent pouvoir soigner Karl ! Ce-dernier dors actuellement dans une chambre. Il se tortillait tellement qu'on a dû lui faire fumer deux joints pour qu'il se calme et s'endorme. Entre les détonations de coup de feu et ses hurlements, il a réveillé de panique tout l'immeuble. Zachary est descendu rassurer les tantines qui sortaient des têtes curieuses hors de leur appartement, prêtes à prévenir la police. Il leur a sorti un mytho, le même que celui qu'il a fourni aux filles. Il ne faudrait pas qu'elles prennent peur en apprenant qu'elles ne sont pas en sécurité avec leurs clients.

_ Ils sont habitués à voir ce genre de blessure, répond-il simplement.

_Et ils posent pas de question, c'est le principal, renchérit Vincent.

_ On devrait l'emmener à l'hôpital. C'est super grave le sang qu'il perd quand même.

_ Fallait y penser avant de lui bousiller le zgeg, ricane Alpha en sortant de la chambre.

Je me redresse.

Fatiguée par tout le remue-ménage à l'intérieur de la pièce, je m'étais assise devant la porte avec Vincent. Elio nous a rejoints quelques minutes plus tard. Pendant qu'il faisait les cent pas dans le couloir, j'entendais derrière le mur Alpha prendre sa place au chevet des médecins.

_ Alors ?

_ Il va bien. Je sais pas s'il pourra re-niquer un jour vu que son engin est quand même bien abîmé, mais il va s'en sortir.

_ C'est pas plus mal, grogne Elio, sortant de sa transe.

_ Faudra lui passer de la thune pour qu'il ferme bien sa gueule aussi.

_ Je m'occupe de tout », conclut Elio.

Zachary apparaît à l'autre bout du couloir. Nous tournons tous la tête vers lui.

Ils s'entretiennent sérieusement pendant de longues minutes. Je consulte mon téléphone, et je rassure mes amis qui se questionnent sur mon absence au lycée : j'ai attrapé une gastro-entérite à cause du froid. Une fois fini, j'examine autour de moi. Mais mon regard évite Vincent. Son visage m'agace. Depuis une heure il fait le dur, alors qu'on voit très bien à son attitude qu'il se chie dessus. Il fait que se lever, s'asseoir, s'allonger, craquer ses phalanges et allumer compulsivement la flamme de son briquet. Mes nerfs sont à bout.

« Arrête de bouger comme ça. Tu me fais mal à la tête, dis-je finalement, ne tenant plus.

_ Tu me donne pas d'ordre, crache-t-il.

Je m'apprête à claquer une réponse cinglante pour lui clouer le bec, mais Zachary ne m'en laisse pas le temps :

_ Bougez-vous, on décale. »

Je me lève afin de les suivre dans le couloir. Elio retourne dans la chambre pour payer les « médecins ». On descend par les escaliers pour se retrouver dans le local poubelle. Je remarque Mélanie assise au fond de la pièce avec d'autres meufs, en train de manger un McDonald's à même le sol. Mon estomac s'agite quand j'aperçois le carton rempli de nuggets posé sur ses genoux. Maintenant que je suis confrontée à de la nourriture, mon ventre se réveille et je réalise à quel point j'étais affamée. Je me glisse à côté d'elle et lui demande discrètement si je peux lui piquer une nugget. Elle semble agacée.

« Je sais pas. C'est Zachary qui les a payées pour moi, couine-t-elle d'une voix haut perchée.

_ Tu peux m'en passer une non ? Sifflé-je.

Raphaëlla [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant