Chapitre 15

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« T'attends quoi là ?

_ J'ai perdu mes clefs. Il faut que j'appelle ma mère pour qu'elle m'ouvre, mente-je.

_ Dépêche. J'ai pas ton temps », grogne Elio.

J'essaie de maîtriser le tremblement de mes mains, et saisis mon portable. Je cherche le numéro de Mensah dans mon répertoire, priant pour qu'il n'ai pas changé en trois ans. Je le trouve enfin, et appuie sur le bouton "appeler" avant de porter l'appareil à mon oreille. J'entends la sonnerie résonner à l'autre bout du fil et je prie pour qu'il décroche. Même si je ne pourrais pas lui en vouloir s'il ne décrochait pas : je ne l'aurais pas fait moi-même. Qui appelle son ex à minuit, un soir de semaine ? Et seulement un jour après son retour en France ?

« Allô ? résonne une voix peu ensommeillée.

_ Désolée de te réveiller...

À côté de moi, Elio souffle du nez. Il ne fait aucun effort pour cacher son impatience, ce qui m'aurait déjà faite sauter de mes gongs si je n'étais pas aussi impressionnée par sa carrure. Si je me permettais de lui faire une réflexion, il pourrait me mettre K.O en une balayette.

_ T'inquiète je dormais pas, rigole mon interlocuteur au bout du fil. Tu veux parler ? Je comprends que ce soit plus facile de se confier au téléphone.

_ En fait... je suis en bas de ton bât'. »

Silence radio. Je commence à paniquer. Soudain une voix m'appelle depuis un balcon. Je lève les yeux pour distinguer qui me hèle. C'est évidemment Mensah qui me fait un signe de la main. Je lui réponds timidement, et il retourne à l'intérieur. Il va m'ouvrir la porte. Je raccroche, meurtrie.

« Ça a l'air d'être un bon gars, ta daronne.

Je ne prends pas la peine de répondre à la provocation d'Elio.

_ Pourquoi t'as menti ?

_ Je sais pas.

_ C'est ton mec ?

_ Pas vraiment. C'est compliqué.

Il hausse les épaules, visiblement peu intéressé par ma vie amoureuse. À la place, il se penche vers moi pour me faire la bise. Je suis presque surprise par cette démonstration de politesse. Je m'électrise en sentant sa joue contre la mienne. Son parfum légèrement boisé me parvient aux narines. Il faut vraiment que j'arrête de penser à cette soirée, ça en devient ridicule.

_ Bon bah... salut alors. Et lâche l'affaire avec Mélanie, elle est déjà perdue. Tu peux plus rien faire pour elle. Mais fais attention, toi. »

Je n'ai pas le temps de lui poser mes questions, car j'entends que la porte d'entrée est ouverte. Alors je me précipite dans le hall avant qu'elle ne se referme. Je rentre dans l'ascenseur et appuie sur le bouton du onzième étage. Je sursaute à la vue de mon reflet dans le miroir : je me reconnais à peine. J'ai des poches violettes sous les yeux, et mes cheveux partent dans tous les sens. J'ai honte de m'être présentée sous cet aspect à Elio, qui lui était impeccable, comme toujours. Je suis en train de me coiffer avec les doigts quand la porte s'ouvre sur l'étage de Mensah.

Sa porte est entrouverte. Je toque pour signaler ma présence, puis pénètre dans l'appartement sans attendre. Enfin réfugiée au chaud, je me rends compte d'à quel point j'avais froid. La fatigue m'assaille également. J'ai juste envie de me glisser sous des draps, pour dormir comme un loir.

« Que me vaut cette visite ?

Je sursaute, ne m'attendant pas à ce qu'il apparaisse dans mon dos. Mensah sort de sa salle de bain. Il porte simplement un bas de pyjama. Des gouttes d'eau perlent sur son torse finement musclé. J'attends qu'il enfile son t-shirt large pour détacher mes yeux de ses abdominaux, et les plonger dans les siens. Le rouge me monte aux joues quand je constate qu'il m'a cramée. Il a compris que ça me fait bizarre de le voir aussi musclé, alors qu'avant il était tout maigre.

Raphaëlla [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant