Chapitre 39

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« T'es sûr ? Je vais te faire mal.

_Tu crois qu'une petite meuf comme toi va réussir à me faire mal ?

_Je suis pas si fine que ça.

_Bon, tu montes ou pas ?

_Comme tu veux. Je t'aurais prévenu.

Je pose mes paumes sur celles d'Elio, puis je plie un genou pour réussir à monter mon pied au niveau de son épaule. Une fois mon pied calé, je pousse de toutes mes forces pour monter le deuxième. Je me retrouve maintenant debout en équilibre sur les épaules du garçon. Ce dernier vacille un peu mais se stabilise vite, avant de se relever doucement.

_Tu tiens ?

_Pas pour longtemps.

_Ok. Maintenant tu vas lâcher mes mains doucement, puis tu vas te redresser. Je te tiens.

En effet, dès que nos doigts se séparent, je le sens attraper mes chevilles avec vigueur afin de s'assurer que je ne chute pas du haut de ses un mètre quatre-vingt. Je ne réfléchis pas plus longtemps et redresse ma colonne vertébrale. De là où je suis, je peux aisément tendre les bras devant moi et tirer un peu pour passer au-dessus de la grille. C'est ce que je fais, me retrouvant ainsi à califourchon sur le métal glacé.

_Comment tu vas faire pour me rejoindre ?

_Je gère. Avant je veux être sûr que t'es en sécurité, donc écoute moi. Passe la jambe par-dessus la grille pour t'assoir dessus avec les deux pieds du même côté.

Je m'exécute en tremblant. Heureusement qu'il fait nuit : j'aperçois à peine le sol, me rendant ainsi peu compte de la hauteur à laquelle je me trouve.

_Très bien. Maintenant t'as plus qu'à sauter.

_J'ai peur.

_C'est pas très haut t'inquiète.

_Elio. Je vais me fouler une cheville si je saute d'ici. C'était pas une bonne idée. Je veux redescendre, rattrape-moi.

_Non attend. Ça va aller.

La panique m'envahit. Quelle idée d'escalader cette grille. Je sens la barre sur laquelle je me trouve trembler, donc je reserre mes poings autant que possible autour du métal pour ne pas tomber. Mes phalanges me tirent affreusement, mais il fait tellement froid que la douleur en est anesthésiée.

_Je suis là.

Je tourne la tête, surprise. Il est apparu à côté de moi en une seconde, tandis que j'en ai pris une centaine pour me percher ici. Puis je le regarde sauter de l'autre côté avec agilité.

_Ça se voit que c'est pas la première fois que tu fais ça.

_Qui n'est jamais entré dans un parc la nuit ?

_Moi...

_Ta vie doit tellement être ennuyante.

_Heureusement que t'es là pour la pimenter.

_Et c'est que le début ma belle.

_Je saute pas d'ici c'est mort.

_Je te rattrape.

_Qu-quoi ?

_Saute, je te rattrape.

_T'as craqué toi.

Bon, il ne me laisse pas vraiment le choix. Au point où j'en suis, il ne me reste plus que cette solution pour rejoindre la terre ferme. Alors je saute. J'atterris entre ses bras. Il me tient fermement contre lui, puis me dépose lentement au sol. Je reste blottie contre lui, essoufflée. Il rigole contre mon oreille, ce qui me fait doucement sourire.

Raphaëlla [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant