Chapitre 6

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J'ai préféré partir dès le réveil, passer la nuit chez Rafael c'est une chose faire la grasse mâtinée dans son lit en est une autre. Après m'être habillée, je suis directement descendue dans le salon où Rafael dormait encore. Je lui ai laissé un petit mot, l'informant que j'étais partie et que je le remercie de m'avoir hébergé pour la nuit. En sortant je suis passé par le magasin, voir comment Lucrecia s'en sortait. Elle a tenu la boutique des années avant d'ouvrir sa propre association mais elle a pu perdre la main depuis le temps.
— Oh Ruby, tu es déjà là ?

Je ne prends mon service qu'en fin d'après-midi normalement.
— Non j'étais dans le coin et je me suis dit que je pouvais passer voir comment tu t'en sortais.
Elle sourit, satisfaite de gérer sans problème.
— Tu reviens d'où de si bon matin ?
— De chez Rafael.
Je n'ai pas cherché à lui mentir, après tout, ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à cacher. Elle s'arrête dans son élan et repose la bouteille de vin qu'elle tenait dans sa main, un grand sourire se dessine sur son visage, je l'arrête immédiatement.
— Oh non, rien à voir avec ce que tu imagines. Disons que c'est une longue histoire et qu'il a dû m'héberger pour la nuit. Mais on a dormi dans deux pièces séparées.
Elle dépose le dernier article et me fait face.
— Sache que je ne te jugerais jamais s'il y avait quelque chose entre vous tu sais. Rafael est très beau garçon et en dessous sa carapace de gros dur je sais que c'est un garçon tendre.
Pour le coup j'ai du mal à le croire. Je pense plutôt qu'en dessous sa carapace de gros dur se trouve une carapace de gros con.
— Tu le connais depuis longtemps ?
Lucrecia retourne s'asseoir derrière le comptoir, un client entre, nous le saluons poliment.
— J'étais au lycée avec son frère, nos familles se connaissent bien.
Je réalise que je ne sais rien de Rafael, mis à part son appartenance à un gang et le fait qu'il ait un petit frère. Je n'ai même pas vu de photo de famille chez lui hier.
— Il a un grand-frère ?
Lucrecia change tout de suite d'expression, comme s'il s'agissait de quelque chose de tabou. Le client arrive en caisse et nous coupe dans notre conversation. Je regarde l'heure et réalise que je meurs de faim et que j'ai besoin de mettre des vêtements propres.
— Je te laisse, je reviens en fin d'après-midi prendre la relève.


J'ai eu le temps de prendre une douche, de changer de vêtements, manger, repasser du linge et même faire une sieste. Je suis plus en forme que ce matin et prête à attaquer la soirée. Malgré tout, l'angoisse qu'un type armé débarque encore est présente. Et rentrer à deux heures du matin toute seule me fiche vraiment les jetons. C'est définitif, Juan devra se trouver quelqu'un d'autre pour les week-ends, c'est bien trop dangereux pour moi.



La soirée se passe comme un samedi classique. Beaucoup de clients, beaucoup de jeunes. Je me rassure en me disant que s'il y a autant de gens c'est que les rues sont sûres ce soir. Des Scorpions viennent me rendre visite, parmi eux : Rafael. Ils viennent acheter de l'alcool et quelques trucs à manger. En tendant l'oreille je crois comprendre qu'ils ont prévu une soirée chez l'un des leurs. Rafael s'approche du comptoir pendant que les autres se fondent dans les rayons.
— Tu es encore de fermeture ?
Je hoche la tête.
— Juan est parti pour le week-end.
Il se mordille la lèvre.
— Ça va aller pour rentrer ?
— À moins qu'il y ait un énième membre de gang qui veuille ma peau il n'y a pas de raison que ça n'aille pas.
Il n'a rien le temps d'ajouter que ses amis le rejoignent posant leurs achats sur le comptoir avant de me tendre des billets.
— Rafael ?
Il se tourne.
— Les caméras de surveillance sont effacées.
Il se pince les lèvres et hoche simplement la tête en guise de remerciement.


Il est deux heures, je peux fermer le magasin. Je suis plutôt satisfaite de ne pas avoir eu de soucis, en même temps, difficile de faire pire qu'hier en matière de soirée. Je ferme la porte du magasin à clé et les glisse dans mon sac avant de sortir mon portable.
— Pas prudent d'être seule à cette heure-là.
Je pousse un petit cri de peur, lorsque je me tourne je suis soulagée de voir Rafael, visiblement amusé de m'avoir foutu la trouille de ma vie.
— T'es vraiment un sale con, tu m'as fait peur.
Il retire sa capuche et arrive à ma hauteur.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ?
Il hausse les épaules et glisse les mains dans les poches de son jogging.
— Je me balade.
Je commence à marcher, il me suit.
— Je te raccompagne ?
Je n'ose pas relever le fait qu'il s'inquiète pour moi, j'aurais trop peur qu'il me dise qu'il me doit simplement un service ou encore que je me fasse des idées.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant