Mes heures à l'association sont terminées pour aujourd'hui, j'y retourne demain après-midi après le travail à la boutique. Je salue tous mes collègues et quitte les locaux, arrivée sur le parking la voix de Rafael résonne, il m'a suivi jusqu'ici.
— T'es partie super rapidement, tu ne veux pas qu'on rentre ensemble ?
J'ouvre la porte de ma voiture et tourne la tête vers lui.
— Je ne sais pas, je suis fatiguée, je crois que je préfère simplement rentrer chez moi aujourd'hui.
Rafael a le regard vide, il hoche simplement la tête avant de me regarder partir et retourner à l'association. Ces derniers jours c'est un peu froid entre nous. Enfin, je suis froide avec lui. Je n'arrête pas de repenser à la soirée d'anniversaire de Paloma et ce qu'il m'a dit : il n'y aura pas de mariage. Je ne pensais pas que ça m'affecterait autant et pourtant c'est le cas. Jusqu'ici je n'avais jamais vraiment imaginé de quoi mon futur serait fait. Je préférais ne pas me projeter et si je veux être sincère je ne me voyais pas vraiment donner une confiance entière à quelqu'un au point de m'imaginer finir ma vie avec cette personne. Mais depuis que je suis petite j'ai ce rêve : celui de me marier et d'avoir des enfants. Pas beaucoup, un, peut-être deux. Je pense que je me suis créé ce fantasme afin de pallier ma solitude et au manque d'une famille. Je me suis toujours dit que je créerais la mienne un jour et que celle-ci ne me laisserait pas tomber. Aujourd'hui je réalise que je suis amoureuse de Rafael et que lui et moi n'avons pas les mêmes projets de vie. Et pour une bonne raison. Rafael n'est pas égoïste, au contraire. Lui-même a déjà mentionné le fait de vouloir se marier et d'avoir des enfants. Projets compromis par son entrée chez les Scorpions. Et je le savais avant qu'on soit ensemble, je ne peux pas lui reprocher de me l'avoir caché. Mais je n'imaginais pas vraiment que mes sentiments seraient si forts et je crois que j'espérais un peu qu'il change d'avis sur le sujet un jour. Visiblement sa décision est prise : il ne se mariera pas et n'aura pas d'enfants. Ce qui me fait peur, c'est qu'il y a de ça quelques semaines encore j'étais sûre de tout vouloir traverser avec lui. Et aujourd'hui je remets en doute notre relation entière à cause de ça. Est-ce que je devrais me sentir coupable de ne pas assez l'aimer pour faire une croix sur ce dont je rêve vraiment au fond ? Est-ce que j'aurais dû y réfléchir avant de me lancer dans cette relation ? Je me pose beaucoup trop de questions et Rafael ressent mes doutes. Il n'ose rien dire, il ne veut pas me bousculer.
Deux semaines sont passées depuis l'anniversaire de Paloma, deux semaines que j'évite plus ou moins Rafael. Il n'insiste pas tellement et crois à mes mensonges. « Je suis occupée », « Madame Fuentes veut que je l'aide. », « Je fais des heures supp à la boutique. », « Je me sens malade. » peut-être qu'il fait semblant d'y croire. Quoi qu'il en soit, lui-même commence à prendre ses distances. Habituellement, il trouve toujours un moyen de me trouver à la sortie de la boutique pour m'embrasser où me retrouver dans un coin de l'association pour me demander comment se passe ma journée. Aujourd'hui il n'a pas daigné tourner la tête vers moi quand il est arrivé. Est-ce que je peux lui en vouloir ? Je le repousse sans cesse. Une boule se forme dans mon estomac, j'ai l'impression de le perdre. De nous perdre. Et si petit à petit il se lassait de moi ? Et si nous nous éloignons tous les deux pour un jour ne plus nous parler et tout ce que nous aurons été n'aura pas existé. Je prends une longue inspiration. Pour la première fois je vois que je fous tout en l'air et ça me fait peur. Rafael est la première chose qui m'arrive de bien et je n'ai pas envie qu'il parte. Je n'ai pas envie qu'il en ait marre de moi. Et pourtant je fais tout pour que ça arrive.
Il est vingt et une heure trente, je suis devant sa porte. J'ai frappé à plusieurs reprises mais il semble absent. Pourtant je ne veux pas partir. Je veux lui parler, je veux l'embrasser et lui dire à quel point je l'aime et à quel point j'ai peur de me retrouver un jour sans lui. Je suis assise sur les marches devant sa porte à l'appeler en vain. Et s'il était partit voir une autre fille ? Je me retire immédiatement cette idée stupide de la tête. Rafael n'est pas ce genre de personne. Le temps passe mais je ne bouge pas, il fait nuit noir et j'attends. Il va bien rentrer à un moment ou un autre de toute façon.
Alors que je m'apprêtais à laisser tomber, je sens des pas lourds s'approcher rapidement.
— Ruby ? Qu'est-ce que tu fais là toute seule ?
Je lève la tête et fond presque en larmes en le voyant. Je me lève et me jette dans ses bras. Il me sert contre lui.
— Qu'est-ce qui se passe ? Quelqu'un t'a fait du mal ?
Je secoue la tête. La seule personne qui m'en a fait, c'est moi.
— Ça fait combien de temps que tu es là ?
Je renifle en essayant de contenir mes émotions.
— Deux heures je crois.
Il ouvre la porte et me fait entrer. Inquiet.
— Qu'est-ce que tu fais dehors au milieu de la nuit depuis deux heures ? Je t'ai déjà dit que c'était plus sûr en ce moment.
Je ne prends jamais les conseils de Rafael au sérieux et ça l'agace.
— J'avais besoin de te voir et t'étais pas là et tu ne répondais pas non plus au téléphone.
Il me désigne le canapé pour que je m'y assoie et fonce dans la cuisine avant de revenir avec une tasse de chocolat chaud.
— J'étais chez mon oncle, on a beaucoup de trucs à faire chez Les Scorpions en ce moment.
Il s'assoit sur sa table basse pour me faire face, son regard traduit son inquiétude. Je porte la tasse à mes lèvres et l'observe, j'ai failli tout foutre en l'air.
— Je suis désolée, soufflais-je.
Il porte sa main à mon visage et caresse ma joue avec son pouce.
— Désolée pour quoi ? Dit-il en souriant.
Je pose la tasse et m'approche un peu plus de lui.
— Pour ces derniers jours.
Il sait très bien de quoi je parle et son pouce s'arrête net. Il retire sa main et déglutit.
— Est-ce que t'es venue me dire que c'est fini entre nous ?
J'écarquille grand les yeux et prends ses mains.
— Non, non pas du tout!
Et maintenant je me sens encore plus mal en pensant à ce que lui a pu imaginer ces derniers jours. Je ne suis pas seule dans cette relation, on est deux et il faut que j'arrête de vouloir protéger mes sentiments uniquement. Quelle égoïste j'ai été.
— Je suis venue m'excuser pour mon comportement et te dire que je regrette.
Il fronce les sourcils, perplexe.
— J'ai repensé à ce que William a dit tu sais, en vérité j'y pense tout le temps depuis qu'on est allé à San Francisco : tu vas te lasser et me quitter. Je pensais que ce moment était arrivé.
Je serre ses mains plus fort encore, assurant que je ne veux pas le quitter. Je suis à mille lieux de vouloir qu'on se sépare.
— La vérité c'est que depuis que tu as dit que tu ne voulais pas te marier j'ai eu besoin de réfléchir.
Je crois qu'il met un temps à comprendre, il ne s'attendait certainement pas à ça.
— Quoi ?
Maintenant j'ai peur d'avoir l'air stupide.
— Après l'anniversaire de Paloma, tu m'as dit qu'il n'y aurait pas de mariage.
Il hoche la tête et se pince les lèvres.
— Tu le sais depuis le début ça...
Et il a raison, ce qui rend la situation encore plus absurde encore.
— Je sais. Mais je n'imaginais pas que notre relation serait aussi sérieuse je crois ou peut-être que j'imaginais que tu changerais d'avis.
Il souffle doucement et reprend son regard doux, celui que j'aime tant.
— Je t'aime, tu le sais. Et j'ai envie de tout faire pour te rendre heureuse. Mais c'est parce que je t'aime que je ne veux pas t'entraîner dans tout ça.
Il pose à nouveau sa main sur ma joue.
— Je ne veux pas que tu t'infliges ce que je vis, je ne veux pas que tu sois coincée avec moi, chez les Scorpions comme je le suis. Je veux que tu gardes cette liberté, la liberté d'être avec moi et la surtout la liberté de partir le jour où tu ne voudras plus de tout ça.
Mon nez me pique à la simple prononciation de ces mots. Rafael pense sincèrement que je partirais un jour, il est certain qu'il ne s'agit qu'une question de temps et ça me crève le cœur qu'il ait toujours cette idée au fond de la tête qui l'empêche pleinement d'être heureux.
— Je ne partirais pas. Mariage ou non, promis-je.
J'ai eu un doute mais je crois que je peux faire une croix sur tout ça. Sur le mariage, sur les enfants. J'avais besoin d'une famille mais Rafael me suffit, il me suffit amplement.
— Mais si c'est si important pour toi tu ne devrais pas y renoncer, je veux que tu ne renonces à rien pour moi, tu comprends ?
Il est plus que sérieux et je le sais. Aujourd'hui je ne suis plus cette jeune fille qui a peur d'être seule, j'ai Lucrecia et Marissa, j'ai les Fuentes, j'ai Carmen et Juan et même Javier. Et surtout j'ai Rafael. Je n'ai plus peur de m'attacher aux gens, je sais que je compte pour eux et c'est tout ce dont j'ai besoin.
— Je n'ai besoin de rien d'autre que toi.
J'approche alors ma bouche de la sienne et y dépose mes lèvres. J'ai besoin de lui, j'ai besoin de le retrouver entièrement. J'ai été stupide et égoïste mais pour une fois j'ai su penser autrement, j'ai su penser à ma relation et mes sentiments avant de penser à moi et uniquement moi, mes peurs, mes angoisses. On ne sait pas de quoi est faite la vie, mais je sais de quoi j'ai besoin. Je ne compte pas saboter ma chance d'être enfin heureuse. Je tire Rafael contre moi sur le canapé, passe ma main dans ses cheveux et lui fais comprendre de quoi j'ai envie. Il sourit contre mes lèvres et m'embrasse plus fougueusement. Ses mains froides passent sous mon t-shirt et me font frissonner. Il m'embrasse l'oreille et le cou. Je passe mes mains sur la ceinture de son pantalon que je retire doucement, la bosse de son jean me confirme qu'il ressent la même excitation que moi. Je le libère enfin et me retrouves assise face à son sexe tendu. J'y pose mes mains et commence à faire des mouvements de haut en bas doucement. J'y pose alors mes lèvres et le couvre de baiser, et alors que ma langue entre en jeu j'entends la respiration de mon petit ami s'accélérer. Je relève la tête pour le voir, debout les yeux plongés sur moi à se mordre la lèvre inférieur en souriant. Je n'ai pas le temps de lui donner tout le plaisir que je veux qu'il me fait signe de remonter. Je me lève alors et l'embrasse à pleine bouche tandis qu'il ouvre lui-même le bouton de mon jean qu'il baisse directement. Sa bouche descend dans mon cou et sa main sur mon sein. Sa main libre vient caresser le tissu de ma culotte et me fait frémir sur le coup.
— Tourne-toi, ordonne-t-il.
Je me mets face au canapé, Rafael me fait m'agenouiller dessus, le ventre à plat contre le dossier de celui-ci, les coudes posés sur le sommet des coussins. Il m'aide à retirer mon jean du bas de mes jambes et fait doucement descendre ma culotte. Je ne bouge pas. Il se place derrière moi et m'embrasse le cou, puis le dos, il fait glisser sa langue le long de ma colonne vertébrale et s'attarde sur mes fesses. Il glisse ses doigts entre mes cuisses que j'écarte un peu plus. Il pénètre deux doigts en moi et je sens déjà le plaisir m'envahir, de sa main libre il caresse mes épaules et m'embrasse à nouveau la nuque. Ses doigts viennent alors sur mon point sensible, je bouge doucement mes hanches sous le rythme de ses caresses. Il retire sa main et vient se placer derrière moi. Son torse nu se colle au mien, je tourne la tête pour recevoir ses baisers. Ses bras m'entourent tendrement, je le sens dur dans le bas de mon dos et n'attends que de le sentir enfin à nouveau en moi. Il veut faire durer le plaisir et passe sa main entre le canapé et mon bas-ventre pour jouer à nouveau avec mon intimité. C'est ce qu'il aime, m'entendre prendre du plaisir et je lui fais savoir que j'aime ça. Il se glisse en moi d'un coup sec. Un gémissement rauque lui échappe à la première pénétration, il s'arrête une seconde et commence ses vas et viens lents. Sa main quitte mon entrejambe et vient trouver mon sein, auquel il s'agrippe. Son autre main se pose sur la mienne au sommet du canapé. L'un collé à l'autre, sa respiration haletante dans mon oreille, nous ne faisons qu'un. Ses coups de bassins se font de plus en plus rapide et plus fort, je ferme les yeux n'entendant que les claquements de nos peaux l'une contre l'autre. Il me chuchote à quel point il m'aime, déposant quelques baisers dans le creux de ma nuque en guise de ponctuation. Il ne va pas tarder à finir, je le sens, ses gémissements sont plus rapprochés et sa main se crispe sur la mienne. Je lui demande d'aller plus vite encore, il serre mon sein et donne encore trois coups de bassin avant de se retirer. Je sens le liquide chaud se répandre sur le bas de mon dos et la naissance de mes fesses sous un doux râle de Rafael.
— Ne bouge pas.
Il remonte son boxer et revient me nettoyer. Il dépose un baiser sur mon épaule. Je me tourne et cherche ma culotte des yeux. Rafael est toujours en boxer, face à moi et secoue la tête.
— Assieds-toi.
J'ai très vite compris où il voulait en venir et pour rien au monde je n'aurai voulu refuser. Il s'agenouille alors et place sa tête entre mes jambes. Il embrasse d'abord l'intérieur de mes cuisses, laissant durer le plaisir un peu plus longtemps. Il tire mes fesses pour m'approcher un peu plus de son visage et commence ses délicats coups de langue. Déjà trop excitée je ne mets pas longtemps à sentir le plaisir monter. Je tire doucement ses cheveux, les mouvements de succion qu'il fait avec sa bouche me rendent dingue et mes gémissements l'encouragent. À tel point que moins d'une minute plus tard des spasmes m'envahissent, mes yeux se révulsent et mon orgasme explose. Il me connaît si bien. Je dois repousser la tête de Rafael pour qu'il arrête, amusé de sentir mes membres trembler. Je ferme mes bras sur ma poitrine nue, il remonte vers mon visage et m'embrasse satisfait du plaisir qu'il m'a donné.
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Dusk 'till Dawn
RomanceRuby n'imaginait pas une seconde qu'en quittant San Francisco pour s'installer à San Diego, sa vie allait basculer. Tout semblait pourtant ordinaire : une chambre chez un couple de retraités, un petit boulot dans une boutique, quelques heures de sou...
