Dusk 'till Dawn

Chapitre 27

Je n'ai pas bougé de mon lit et Madame Fuentes commence à s'inquiéter. Elle m'a demandé si je couvais quelque chose et m'a dit de prendre un verre de citron avec de l'ail, elle dit que ça tue les microbes, elle en donnait à ses enfants avant de dormir quand l'hiver approchait. Mais je ne suis pas malade, je suis juste triste, triste et en colère. La vérité c'est que je m'inquiète pour Rafael, je suis partie de chez lui alors qu'il me demandait de rester. Il m'a crié que c'était trop dangereux de partir, mais têtue comme je suis je ne l'ai pas écouté. Il n'a pas essayé de me retenir très longtemps, et en allumant mon portable ce matin je n'ai pas vu un seul appel manqué de sa part.

Lucrecia pose la tasse de café devant moi.
— Ca fait un moment que tu n'étais pas venue ici, fit-elle remarquer.
J'aime beaucoup passer du temps avec Lucrecia mais c'est vrai qu'entre la boutique, l'association et Rafael je n'ai pas pris le temps de passer chez elle depuis un moment.
— Prête à prendre ton nouveau poste demain ?
Déjà demain, je suis tellement excitée de faire partie entièrement de cette association.
— Plus que prête !
Elle se racle la gorge et me demande comment les choses vont avec Rafael.
— Oh, c'est si évident que ça ? Dis-je en grimaçant.
— Non, non, il m'a prévenu pour son appartement ce matin et il n'a pas voulu s'étaler sur le sujet.
Je soupire et lui explique ce qu'il s'est passé. Le Requin à la boutique, le fait qu'il m'ait vu entrer chez Rafael, tout est ma faute.
— Est-ce que tu penses que je suis vraiment en danger ? Demandais-je inquiète.
Lucrecia me répond qu'elle n'en sait rien et que pour l'instant les choses semblent être calmes.
— Ils ont proliféré des menaces de mort sur les murs de sa maison...
— On parle d'un gang, ils sont théâtraux, ils n'allaient quand même pas laisser des chocolats sur l'oreiller.
Je prends une gorgée de mon café et râle.
— Rafael a raison, je n'ai aucune idée de la gravité de la situation.
Lucrecia pointe un doigt dans ma direction.
— Pitié, j'ai entendu cette phrase sortir de la bouche d'Enrique des centaines de fois, ils pensent toujours que sous prétexte que nous ne sommes pas sur le terrain nous ne réalisons pas ce qu'il se passe. C'est juste qu'on préfère imaginer que ce n'est pas aussi grave que ça en à l'air.
Je souris, un peu rassurée. Lucrecia semble être une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Quand je pense à la façon dont les parents de Rafael parlent d'elle...
— Si tu avais su tout ce que ça engageait, tu aurais quand même tenté la chose, avec Enrique ?
— Je savais ce que ça engageait, je suis née ici Ruby, j'avais conscience de tout ce qui venait avec le pack « Sanchez/Scorpion »
— Et tu as quand même choisi d'être avec lui.
Elle hoche la tête et explique que l'amour qu'elle portait à Enrique passait au-dessus de tout, elle aurait fait n'importe quoi pour être avec lui.
— Jusqu'à ce que...
Elle regarde le sol.
— Tu dois penser comme les autres, que j'ai été lâche. Au moins j'ai fui avant de prononcer le fameux « à la vie à la mort » au moins je n'ai pas eu le temps de briser cette promesse.
Elle baisse les yeux, honteuse, j'imagine le courage qu'il lui a fallu pour quitter Enrique, et la peine qui s'en est suivie. Au contraire, Lucrecia est la personne la plus courageuse que je connaisse. Croire que quitter Enrique était un jeu d'enfant alors qu'il était la personne avec qui elle pensait passer sa vie a dû être l'épreuve la plus difficile qu'elle ait eu à traverser. Mais il fallait qu'elle se protège et qu'elle vive pour elle.
— Je ne pense pas du tout ça, au contraire.
— Si tu veux que je te donne un conseil concernant Rafael je ne serais pas d'une grande aide. J'adore Rafael et je vois à quel point il est amoureux de toi et à quel point tu l'es aussi. Si tu veux être avec lui, quoi qu'il vous en coûte je vous soutiendrais. Mais si demain tu me disais que c'était trop dur et que tu voulais partir, je serais tout autant de ton côté.
Je prends sa main et la remercie sincèrement. Reste à savoir ce que je veux vraiment.

Nous sommes mercredi et Rafael n'est toujours pas venu à l'association. J'espérais le croiser pour prendre la température et voir s'il m'en voulait toujours autant. Lucrecia m'a dit qu'il devait être occupé avec ce qu'il s'est passé chez lui et qu'il viendrait avant la fin de semaine. Je crois malgré tout que je n'aurais pas dû partir comme ça et qu'il faut que j'arrête d'être idiote et de m'éloigner chaque fois que quelque chose ne va pas. Nous sommes adultes tous les deux et je ne peux pas prétendre vouloir passer ma vie entière avec lui, quoi qu'il en coûte si je m'enfuie à la moindre dispute. Je n'aurais aucune crédibilité. C'est décidé, je vais passer chez lui après le travail. On aura une discussion et on mettra les choses au clair. Je l'aime, éperdument et s'il pense qu'il se débarrassera de moi en me répétant que la voie est libre il se trompe. Et je compte bien le prouver.