Chapitre 43

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Monsieur et Madame Fuentes étaient ravis de me voir. Ils m'ont invité à passer le repas du midi avec eux pour discuter. Je leur ai parlé de Marissa, de mon voyage à San Francisco et du fait que j'étais heureuse d'être revenue.
Aucun d'entre eux n'a mentionné le chaos qui s'est déroulé pendant mon absence, ce qui me laisse espérer qu'ils ont pu être épargnés un maximum de tout le boucan que ça à dû être, en particulier la nuit.
— Tu as quelque chose de changé me lance Madame Fuentes en me regardant.
Évidemment, j'ai retrouvé Rafael, mon appartement et bientôt mon travail. D'ailleurs, Lucrecia m'a demandé de passer chez elle cet après-midi. Elle a pesté contre Rafael pour m'avoir gardé trois jours avec lui à notre appartement sans lui dire que nous étions revenues.
— En effet, tu es... radieuse.
Je salue le couple et les remercie pour le repas. Si je ne vais pas chez Lucrecia aujourd'hui elle va venir jusqu'à l'appartement et me tirer jusqu'à chez elle par la force.

Elle m'attend devant la porte de chez elle, à peine suis-je sortie de ma voiture qu'elle se jette sur moi.
— Oh mon dieu, c'était si long sans toi ! S'exclame-t-elle.
Je ne suis pas partie longtemps, et pourtant j'ai l'impression moi aussi de ne pas l'avoir vu depuis une éternité.
— Regarde toi, tu as perdu du poids avec quoi Rafael te nourris ?
Elle me tire jusqu'à chez elle et me serre tout un tas de pâtisseries avec mon thé.
— Désolée de ne pas être venue plus tôt, dis-je en mordant dans un gâteau, on avait un tas de choses à faire à la maison.
Lucrecia mime une envie de vomir.
— Je t'en prie, appelle un chat un chat, vous avez passé vos journées à faire l'amour.
Je ris et réponds que nous n'avons pas uniquement fait ça.
— Rafael n'a pas tellement pris soin de l'appartement durant mon absence, nous avions beaucoup de lessive en retard et un tas de courses à faire.
Elle hoche la tête et répond qu'elle comprend qu'il n'ait pas eu le temps de faire grand-chose.
— Je l'appelais de temps en temps pour lui demander comment il allait, les rares fois où il répondait il semblait déçu que ça ne soit que moi.
Je soupire.
— Attention Ruby, en aucun cas je ne te blâme. Tu sais très bien ce que j'en pense.
Elle sourit.
— Mais je suis contente que tu sois de retour, et que vous soyez à nouveau ensemble.
— J'ai hâte de reprendre le travail, avouais-je, les enfants me manquent et j'ai besoin de penser à nouveau à ma vie comme avant.
Lucrecia m'assure que je pourrais reprendre dès lundi sans aucun souci.
— Ca te laisse encore quelques jours pour rester auprès de ton prince charmant, d'ailleurs je suis étonnée qu'il t'ait laissé venir ici.
Je ris et répond qu'il avait lui-même des choses à faire.
— Mais c'est vrai que depuis que je suis rentrée il a dû mal à être séparé de moi plus d'une minute.
— Je crois que j'aurais été pareil à sa place, tu vas en avoir pour des mois maintenant.
Je rebondis sur le sujet, c'est le moment idéal.
— Il m'a demandé en mariage, lâchais-je.
Les yeux de Lucrecia deviennent tout ronds, son regard se pose immédiatement sur mes mains.
— Pas encore de bague, rien d'officiel.
Je lui explique que j'ai d'abord refusé, et que je ne suis pas certaine que ça soit nécessaire.
— Je croyais que tu ...
— Je sais. C'est complètement stupide, je suis contradictoire.
Je lui explique que je n'ai plus peur d'être seule aujourd'hui, Rafael restera à mes côtés, je n'ai pas besoin de bague où de cérémonie pour savoir tout ça.
— Mais l'idée de porter son nom à fait pencher la balance, je n'ai pas envie de me marier pour me marier, mais j'ai envie d'être la femme de Rafael.
Lucrecia semble émue, elle m'assure alors qu'elle accompagnera Rafael pour choisir ma bague et qu'elle se fera une joie de préparer l'entièreté de mon mariage.
— On a le temps pour ça, assurais-je, et on a laissé tomber l'idée de la bague de toute façon.
Mon amie me répond qu'elle me trouve vraiment bizarre parfois. Alors je lui confis l'idée du tatouage.
— Un Scorpion, dit-elle amusé.
Je hoche la tête, prête à défendre mon idée comme je l'ai fait précédemment avec Rafael. Mais Lucrecia se lève de sa chaise et sort son t-shirt de sa jupe. Elle relève le tissu et me montre l'animal tatoué sur ses côtes.
— Quoi ? Tu es tatoué et je ne l'apprends que maintenant ?
Elle rit et me précise qu'uniquement trois personnes le savent : Le tatoueur, Bruce et Enrique.
Je frémis sous le dernier prénom tandis que Lucrecia se rhabille.
— Mauvaise chrétienne que je suis-je n'ai jamais été capable d'attendre le mariage pour me donner à Enrique.
Elle sourit et m'explique que n'importe qui aurait craqué à sa place.
— Nous n'étions pas encore officiellement fiancés et l'idée de faire l'amour ne nous quittait pas. On était sûrs de passer le reste de notre vie ensemble et n'avions pas envie d'avoir l'accord de nos parents pour vivre une chose aussi intime que notre première fois.
Elle s'accoude à la table.
— Evidemment, Enrique était exactement le genre de garçon dont nos mamans nous dise toujours de se méfier. Je n'étais pas certaine de vouloir prendre le risque de me donner à lui sans être parfaitement sûre de ce que nous partagions.
Elle sourit sans pouvoir s'en empêcher.
— On en a discuté et il a compris mon angoisse, sans chercher à insister. Dès le lendemain nous nous sommes retrouvés devant chez son tatoueur. J'aimerais dire que les deux choses n'avaient rien à voir et qu'Enrique voulait simplement me prouver que les sentiments qu'il avait pour moi étaient sincères. Mais je suis certaine que ce rendez-vous précipité était en grande partie aussi parce qu'il n'attendait qu'une chose : que nous perdions notre virginité ensemble.
Je trouve ça tellement innocent et tellement drôle à la fois, ce que certains garçons sont capables de faire pour aller jusque là m'étonnera toujours.
— Il m'a dit que je n'avais aucune obligation et que me faire tatouer ne signifiait en rien que nous avions à faire l'amour. Mais il m'a expliqué que chez les Scorpions la loyauté était la chose la plus importante qui existe et que faire partie de ce gang signifiait bien plus que n'importe quel bout de papier que nous pourrions signer plus tard.
— Vous vous êtes fait tatouer tous les deux ?
Elle secoue la tête.
— Enrique devait attendre ses dix huit ans, le tatouage du scorpion était un rituel très important. Il ne pouvait pas simplement le faire en avance. Mais moi, oui, je l'ai fait.
Lucrecia aimait Enrique, plus sincèrement et profondément que n'importe qui aurait pu l'aimer un jour. Chaque fois que je pense à la fin de leurs histoire, une envie de pleurer me submerge.
— Même sans mariage, nous étions liés pour toujours, conclue-t-elle.
Elle m'a expliqué avoir dû cacher le tatouage à ses parents, ce qui n'était pas une mince affaire, surtout quand ils allaient à la plage.
— Tu n'as rien dit quand vous vous êtes fiancés ?
Elle répond par la négative.
— Aujourd'hui encore personne d'autres n'est au courant, j'ai l'impression que c'était notre petit truc rien qu'à nous. Je ne veux le partager avec personne d'autre.
Je me sens submergé d'une joie intense en réalisant que de ces personnes au courant, elle ajoute désormais mon nom, signifiant qu'elle me fait pleinement confiance.
— Il t'aurait énormément aimé tu sais, ajoute-t-elle.
— Tu crois ?
Elle hoche la tête.
— J'en suis certaine.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant