Chapitre 7

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Nous allons à l'association aujourd'hui, Rafael a naturellement proposé que nous fassions du co-voiturage. Mais il doit d'abord passer prendre Santiago chez ses parents.
— J'arrive, dit-il en sortant de la voiture.
Nous sommes garés devant une maison plutôt classique, dans un côté de la ville calme où ne semble y avoir que des familles. Je repense à notre conversation de l'autre soir sur sa famille, sa mère et son frère aîné en particulier. Deux membres de sa famille décédés c'est quelque chose qui nous marque à tout jamais. Je commence à comprendre que sous ces carapaces de con il y a peut-être finalement autre chose.
Santiago arrive en courant jusqu'à la voiture, il monte à l'arrière, essoufflé.
— Calme toi, lui lance son frère, on n'est pas en retard.
Santiago me regarde dans le rétro, il plisse les yeux.
— Bonjour.
Il tourne la tête vers Rafael et s'adresse finalement à moi :
— T'est la copine de Rafael ?
Je souris, m'apprêtant à répondre mais le concerné me coupe la parole.
— Non. Ne dis pas de bêtises. Elle travaille juste à l'association, tu l'as déjà vu.
Santiago réalise qu'il m'a bel et bien vu à plusieurs reprises et change finalement de sujet.


Jules n'est pas là aujourd'hui, il est malade. C'est Rafael qui le remplace en sport et Lucrecia m'accompagne pour l'aide au devoir.
— Je vois que vous commencez à bien vous entendre avec Rafael.
Je fais la moue.
— Vous ne pouviez pas rester dans la même pièce une heure et maintenant vous venez dans la même voiture...
Coincée.
— Rafael est... compliqué.
Lucrecia caresse les cheveux de Luna, la petite fille à côté d'elle, la regardant s'entraîner à écrire.
— Il a toujours été un peu réservé, mais depuis la mort d'Enrique...
Elle prend une longue inspiration, je crois qu'elle ne sait pas comment terminer sa phrase.
— Comment est-il mort ?
D'accord je ne peux pas poser la question à Rafael, mais à Lucrecia si.
— Un accident de voiture il y a trois ans. Il était avec deux autres membres des Scorpions, les trois sont morts sur le coup.
Je frissonne à la simple évocation de cette histoire.
— C'était très difficile pour Rafael, conclue-t-elle.
Alors sa mère n'est pas morte avec lui ? Il a donc dû vivre la mort de deux personnes chères, à deux moments différents de sa vie.
— Je sais qu'il se donne des grands airs mais il n'est pas aussi dur qu'il le laisse croire. Il faut juste être précautionneux quand on décide de s'attacher à Rafael.
Je souris poliment, ne sachant pas vraiment comment comprendre sa remarque.


La journée terminée, nous retournons tous les trois à la voiture, les deux garçons en sueur.
— Alors ce sport ?
Je m'adressais à Santiago mais Rafael répond, surexcité.
— C'était super cool, ça faisait longtemps que je n'avais pas couru autant.
En temps normal j'aurai lancé une blague au sujet d'une course poursuite avec un membre des Requins mais Santiago est là.
— J'espère que Jules va être malade longtemps pour que tu restes avec nous.
Rafael rit, ajoutant qu'il espère aussi que Jules sera malade longtemps lui aussi. Je lui jette un regard désabusé.
— Je plaisante, ça va.
Nous déposons Santiago chez lui, le petit me souhaite bonne soirée et rejoint le perron de la maison où un homme d'une cinquantaine d'années se tient. Un homme brun, la peau mate, grand, une carrure imposante. Lui aussi a les bras couverts de tatouage. Rafael sort de la voiture et l'embrasse. Santiago rentre dans la maison. Je ne sais pas si je suis supposée descendre de la voiture, Rafael ne m'a rien dit, il vaut mieux que je reste ici. L'homme, qui je suppose est leur père, jette des regards en ma direction. Je sors mon portable et prétend répondre à un message pour éviter tout contact visuel. Très vite, Rafael revient dans la voiture, agacé.
— Ça ne va pas ?
Il démarre en trombe pour repartir.
— Si Ruby, ça va très bien.
Sa réponse me fait bien comprendre qu'il ne veut pas que je pose plus de questions. Les mains crispées sur le volant, il ne lâche pas l'accélérateur. Je décide alors d'avoir un geste qui pourrait me valoir très cher. Je pose la main sur sa cuisse pour lui faire comprendre qu'il faut qu'il ralentisse. Et alors que je m'attendais à me prendre une remarque cinglante où pire, qu'il jette ma main comme une malpropre il a compris et a ralenti avant de se décrisper un peu. J'ai aussitôt retiré ma main.
— Mon père m'a pris la tête, il est juste... agaçant parfois.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant