Il soupire.
— Je pense toujours que c'est une mauvaise idée.
Je passe derrière lui et caresse le bas de son dos.
— Et je pense que tu es vraiment trop paranoïaque, soufflais-je.
Rafael se tourne face à moi et penche la tête sur le côté, je sais pertinemment qu'il va me faire la morale sur ce qu'il se passe en ce moment.
— Je retire ce que j'ai dit ! Tu n'es pas parano !
Rafael referme la bouche et cherche quelle chemise il va mettre.
— J'ai réservé en dehors de la ville, ça devrait te rassurer.
Il secoue la tête et choisit une chemise rose bébé.
— Je ne serais pas rassurée tant que tous les requins ne seront pas morts ou en prison.
Il me montre la chemise que je valide d'un hochement de tête, elle lui ira très bien.
— S'il-te-plaît, j'ai besoin de passer une soirée avec l'homme que j'aime sans me soucier de tout ça, c'est la saint-valentin.
Il m'embrasse le sommet du crâne et s'excuse.
— Va t'habiller, on va finir par être en retard.
Je file jusqu'à la salle de bain et sors mes sous-vêtements en dentelle que j'ai achetés exprès pour l'occasion. Je tourne sur moi-même pour voir de quoi j'ai l'air avec, j'espère qu'ils plairont à Rafael. J'enfile ensuite une combinaison blanche, décolleté et remet ma poitrine en place pour être certaine que mes seins soient parfaitement mis en valeurs. Je laisse mes cheveux détachés et termine la tenue avec une paire de créole en or.
— Tu es resplendissante, me lance Rafael en entrant dans la salle de bain.
Il se place derrière moi et je remarque que son pantalon est assorti à ma combinaison. Il sourit, je souris. J'ai l'impression de retrouver chaque jour une partie de lui, une partie de moi. Nous sommes allés voir Monsieur et Madame Fuentes avant de partir au restaurant. Je n'ai pas eu le temps de voir depuis quelques jours et je lui ai promis de venir boire un thé. Rafael s'habitue de plus en plus à les voir lui aussi. Il a proposé à Monsieur Fuentes de l'aider avec son jardin à plusieurs reprises. Ce dernier commence à voir autre chose qu'un dangereux Scorpion quand il regarde mon petit ami, il ne faudra que quelques visites de plus pour qu'il finisse par l'apprécier.
— Oh, eres tan bonita ! Tu es un garçon chanceux ! lance-t-elle en pointant mon petit ami du doigt.
— Oh ça j'en suis conscient, répond Rafael un grand sourire aux lèvres.
Monsieur Fuentes me sert un thé et donne un verre d'eau à Rafael qui n'a rien demandé d'autre. Nous discutons de choses et d'autres et en particulier de la Saint Valentin.
— Vous ne faîtes rien de spécial ce soir ? Demande Rafael.
Madame Fuentes répond qu'à leur âge rester devant leurs feuilleton préféré un peu plus tard que prévu c'est déjà faire la fête.
— On a fêté une quarantaine de Saint Valentin mon garçon tu sais, et puis avec elle, la saint-valentin c'est un peu tous les jours.
Madame Fuentes rougit un peu et lui répond qu'il dit des idioties.
— Mais il m'offre toujours mes fleurs préférés, années après années, dit-elle en se levant pour prendre le vase.
— Je les fais pousser moi-même, répond fièrement son mari.
C'est exactement ce genre d'attention qui font durer un mariage, j'en suis certaine. Je crois que moi aussi j'aimerais créer des traditions avec Rafael.
— Viens voir, lance Monsieur Fuentes à mon petit ami, je vais te montrer mon jardin. Les deux hommes partent par la petite porte et nous voilà Madame Fuentes et moi autour de la table, toutes les deux.
— Je vous avait dit qu'il finirait par l'apprécier, dis-je satisfaite.
Elle contemple ses fleurs et me sourit. — Tu es heureuse Ruby ?
Je n'ai pas besoin de réfléchir et opine immédiatement.
— C'est très bien.
Elle se lève et ouvre le tiroir de la commode en bois foncé. Elle revient avec une petite boîte en velours violet.
— Ouvre là, chuchote-t-elle.
Je prends la boîte, délicatement et l'ouvre comme s'il s'agissait de la chose la plus fragile qui existe. Sur un petit coussin, se trouve une broche en or. Elle représente une rose rouge.
— Elle est magnifique ! M'exclamais-je.
— Ma sœur me l'a offert un peu avant de déménager, elle disait qu'elle l'avait vu dans une boutique et qu'elle lui faisait penser à moi.
Je prends l'objet entre mes mains et l'admire.
— Parce qu'elle est belle, unique et tellement précieuse.
Je confirme ce qu'elle dit, et je crois que si j'avais ce genre d'objet je ne le laisserais pas traîner dans une boîte au fond d'un tiroir, elle serait certainement dans un coffre-fort.
— Je veux te l'offrir.
Mes yeux s'écarquillent.
— Quoi ? Pourquoi ?
Je repose la broche sur son coussin.
— Parce que c'est à toi que cette broche me fait penser.
Je secoue la tête et lui répond que je ne peux pas accepter quelque chose d'une telle valeur.
— C'est un cadeau de votre sœur, vous devriez l'offrir à l'un de vos enfants où petits enfants.
Elle ne semble pas décidée à me laisser le choix.
— Mes enfants ont un tas de choses de valeur, et nous savons toutes les deux que si j'offrais cet objet à Marissa elle répondrait qu'il n'irait avec aucun vêtement qu'elle porte.
Je ris intérieurement en réalisant qu'elle a parfaitement raison.
— Je sais que tu te rends compte de la valeur des choses et que tu en prendras soin, elle sera entre de bonnes mains.
Je souris et accepte la broche, un peu gênée. C'est la première fois que je reçois un objet qui porte une telle valeur sentimentale et je ne peux m'empêcher de penser que Madame Fuentes l'a fait pour cette raison aussi, parce qu'elle sait que je n'ai jamais eu d'attache, de parents et que je garderais cet objet précieusement, pour toujours. — Elle est incroyable, dis-je en la regardant à nouveau.
— Tu es aussi, mija, ne l'oublie jamais.
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Dusk 'till Dawn
RomanceRuby n'imaginait pas une seconde qu'en quittant San Francisco pour s'installer à San Diego, sa vie allait basculer. Tout semblait pourtant ordinaire : une chambre chez un couple de retraités, un petit boulot dans une boutique, quelques heures de sou...
