Chapitre 28

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Une voix familière résonne depuis le rez-de-chaussée, je pense un instant halluciner. Je repose ma dernière valise et descends les marches en courant. Elle est bien là, Marissa. Embrassant ses grands-parents, les deux tout aussi surpris que moi de la voir.
— Marissa ! M'exclamais-je.
Mon ancienne colocataire tend les bras vers moi afin que je puisse la saluer à mon tour.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? Demandais-je.
— Je vais passer quelques jours chez ma mère pour les vacances de Noël et je me suis dit que je pouvais faire un petit détour jusqu'ici.
Madame Fuentes est ravie de voir sa petite fille, bien qu'elle ne cesse de rappeler qu'elle ne mange pas assez.
— Tu as la peau sur les os, fait-elle remarquer.
Marissa roule les yeux et lui dit qu'elle est en pleine forme.
— J'espère que ça ne vous dérange pas que je dorme ici ! Lance-t-elle.
Madame Fuentes prend immédiatement la parole pour informer mon amie que je les quitte et que la chambre à l'étage est donc parfaitement libre pour qu'elle y passe le week-end.
— Tu pars ? Lance Marissa une pointe d'inquiétude dans la voix.
Je regarde Madame Fuentes, amusée, elle ne cesse de répéter que je les quitte depuis que je leur ai annoncé mon emménagement avec Rafael.
— Je pars à une vingtaine de minutes d'ici à peine, Rafael et moi prenons un appartement.
Les yeux de mon amie s'agrandissent à cette nouvelle.
— Alors c'est du sérieux, sérieux...
Madame Fuentes lui assure que c'est même encore plus sérieux que ça.
— D'ailleurs il n'était pas supposé venir chercher tes dernières affaires ? Demande-t-elle.
Je regarde l'heure et lui assure qu'il sera là d'une minute à l'autre.
— Marissa, aide-moi à mettre la table.
Mon portable vibre, le prénom de Rafael s'affiche.
— Rafael est là ! Dis-je en décrochant.
Monsieur Fuentes me demande de le faire entrer, il dit que c'est la moindre des politesses. Mis à part devant la maison et le jour où il est venu chercher Santiago, ils ne lui ont jamais parlé. La porte s'ouvre et mon petit ami entre timidement, les mains dans les poches.
— Bonjour, dit-il d'une voix peu assurée.
La présence de Marissa l'intrigue.
— Rafael ! S'exclame-t-elle en s'approchant.
Elle se tourne vers sa grand-mère.
— Est-ce qu'on a de quoi manger tous ensemble ? Demande Marissa.
Madame Fuentes assure qu'il y en a assez pour tout le monde, mon regard dérive sur Rafael, qui bien qu'il soit mal à l'aise sera bien trop polie pour refuser l'invitation.
— Où est-ce que je peux aller me laver les mains ? Demande-t-il.

Marissa est un moulin à parole, heureusement contrairement à nos trois autres compagnons, tout comme moi elle ne comprend pas un traître mot d'espagnol. Ce qui oblige Monsieur et Madame Fuentes a traduire leurs échanges.
— Ta mère aurait dû t'apprendre la langue, se plaint Monsieur Fuentes.
— Je ne l'ai jamais entendu dire un traître mot en espagnol, si on ne compte pas les repas de famille.
Son grand-père soupire et lance à sa femme qu'ils ont forcément ratés quelque chose dans l'éducation de leurs enfants.
— Alors Rafael, vous faites un grand pas en vous installant ensemble ? Lance Marissa.
Rafael s'essuie la bouche et hoche la tête.
— J'y pensais depuis quelques semaines déjà, disons que mes plans ont été un peu bousculés.
Il y pensait avant de se faire saccager sa maison ? Je n'en avais aucune idée.
— C'est un endroit sûr ? Demande Monsieur Fuentes en lançant un bref regard à la main tatoué de mon petit ami.
Rafael déglutit et répond qu'il n'y a pas plus sûr.
— Il y a des caméras de surveillance, des portails électriques, des entrées à code... Assurais-je.
Marissa lève les sourcils.
— Wow, un vrai coffre-fort quoi. Ça doit coûter une fortune ?
Je n'ai pas encore discuté avec Rafael du prix du loyer. Mais il est vrai que le quartier n'a rien à voir avec celui dans lequel nous vivons actuellement et une résidence privée coûte toujours plus cher. Sans compter les rénovations de son ancienne maison et le prix de tous les meubles neufs.
— Ça coûte ce que ça vaut, se contente-t-il de dire.
Mon temps plein à l'association me fait gagner nettement plus que ce que je touchais à la boutique, sans compter ce que j'ai mis de côté ces derniers mois en vivant chez les Fuentes. Je crois pouvoir être capable de rembourser la moitié des choses que Rafael a acheté pour notre appartement.
— Tu peux venir le voir si tu le souhaite, il ne nous reste qu'à finir d'installer les affaires de Ruby et tout sera parfaitement en ordre, propose Rafael.
Marissa saute sur l'occasion et assure qu'elle a hâte de voir notre nouveau palace.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant