Chapitre 11

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Je viens de terminer ma journée de travail, la boutique ferme exceptionnellement plus tôt. Juan doit avoir entendu parler des soucis qu'il y avait en ce moment dans le quartier. Je tourne la clé dans la serrure et glisse mon trousseau dans mon sac. Il fait encore tout juste jour, Juan m'a ordonné de quitter la boutique avant la nuit. Je suis heureuse de rentrer plus tôt ce soir, j'ai faim et je suis fatiguée. Toutes ces histoires que Lucrecia m'a raconté tournent dans ma tête depuis hier soir et j'ai eu du mal à trouver le sommeil. Rafael n'est toujours pas revenu à l'association et il ne répond pas à mes messages. Lucrecia me dit que je m'inquiète trop et qu'elle n'aurait pas dû me parler de tout ça. Mais elle a eu raison de le faire, j'avais besoin de savoir, de comprendre.
Je marche rapidement jusqu'à la maison des Fuentes, les rues sont pratiquement vides, l'ambiance du quartier est glaciale en ce moment. Et alors que je me tiens à seulement quelques mètres de la maison, deux mains me tirent par les hanches dans le renfoncement d'une ruelle. Alors que ma vie s'apprête à défiler devant mes yeux, je reconnais Rafael qui retire sa capuche. Je pose une main sur mon cœur battant à tout rompre.
— Ne fais plus jamais ça!
Son visage est éclairé par les faibles lumières du coucher de soleil, ses yeux sont cernés mais contrairement à la dernière fois où je l'ai vu, il arbore un sourire.
— Désolé je ne voulais pas te faire peur.
Je croise les bras et reste plantée devant lui.
— Tu vas bien ?
Il se mordille la lèvre et sourit à nouveau, amusé. Il devient difficile pour moi de rester de marbre.
— Si c'était juste pour me demander ça, tu aurais pu simplement répondre à mes messages.
Il lève les yeux et me soupire que je devrais me détendre. Il tente de décroiser mes bras en tirant gentiment dessus.
— Je préférais te voir.
Ne souris pas Ruby, ne tombe pas si facilement.
— Et bien tu m'as vu.
Il comprend que je ne compte pas être docile. Après tout, il a été clair la dernière fois que je suis venue chez lui.
— Les choses sont compliquées. Je suis désolé pour la dernière fois, tu as toujours ta bombe lacrymogène ?
Je hoche la tête.
— Ne rentre pas de nuit, ne fais confiance à personne et s'il y a le moindre problème appelle moi, d'accord ?
N'ayant pas réussi à décroiser mes bras, il joue désormais avec mes cheveux. Pourquoi faut-il qu'il soit si charmant ?
— Fais attention à toi, finis-je par dire.
D'accord, je suis faible. Mais il risque gros et je ne veux pas me la jouer reine des glaces alors que je m'inquiète sincèrement. Il penche la tête sur le côté, attendrie.
— Oh, tu t'inquiètes pour moi ?
Il me tire un faible sourire que je tente de camoufler du mieux que je le peux.
— Évidemment que je m'inquiète pour toi, idiot.
Sa main passe de mes cheveux à mon visage puis glisse sur ma joue qu'il caresse tendrement. Je me retiens de fermer les yeux, ne souhaitant que sentir un peu plus sa peau contre la mienne. Il me tire un peu plus près, ses yeux sombres me scrutent. Sa main libre se place dans le creux de mon dos pour me coller à lui. Je suis assez près pour m'emplir de son odeur réconfortante.
— Je déteste l'effet que tu me fais.
Son regard tombe sur mes lèvres. Ma respiration devient saccadée quand son front vient se poser contre le mien et que son souffle chaud caresse ma bouche. je le supplie du regard.
— On ne peut pas, je ne peux pas...
Il presse ses paupières, se détache de notre étreinte. Le vide m'envahit. Je ne peux pas lui en vouloir, car maintenant je sais, je comprends pourquoi il ne s'accorde pas le droit d'aller plus loin. Et alors qu'il remet sa capuche, s'apprête à faire demi-tour et partir. Il s'arrête dans son élan, son regard abattu se pose une ultime fois sur moi. Je ne bouge pas, espérant qu'il brise à nouveau ce quelques mètres qui pourtant me paraissent en être des centaines. Il secoue la tête, retire sa capuche et s'élance jusqu'à mon visage.
— Et puis merde...
Avant même que je n'ai eu le temps de réagir, le voilà, mon visage entre ses mains, ses lèvres brûlantes contre les miennes. Un baiser passionné, un baiser qui veut dire « je ne veux pas regretter quoi que ce soit ».
Je reprends difficilement mon souffle, happée par l'excitation. L'air froid remplace sa bouche. Cette fois-ci il est bel et bien parti.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant