Je me retourne en hâte. Il est là, debout devant moi. Je crois un instant être à nouveau dans ce stupide cauchemars dans lequel je ne peux pas l'atteindre. Mais il est bien là.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Demandais-je confuse.
Il s'approche à pas prudent, comme si j'étais une biche qu'il avait peur d'effrayer, comme s'il ne voulait pas que je m'enfuie.
— Je suis venu, chaque jour.
Il semble avoir un peu plus la forme qu'il y a six jours. Six jours. Qu'a-t-il fait ? A-t-il eu envie de m'appeler autant que j'ai eu envie de le faire ?
— Pourquoi ?
Il s'approche encore, hésitant. Les mains dans les poches, le regard perdu.
— Tu m'as dit que c'était ici que tu venais chaque fois que tu avais besoin d'être seule, j'ai espéré t'y trouver. J'espérais te voir, que tu me dises que tu rentrais à la maison.
Je réalise qu'il devait rester là, chaque jour à espérer que je me pointe pendant que je pesais le pour et le contre de notre relation. Je me sens soudainement encore plus mal que je ne l'étais.
— Et tu m'as trouvé, soufflais-je.
Il se pince les lèvres et repousse ses cheveux en arrière avant de faire un dernier pas en avant et se trouver à proximité de moi, assez pour que je sente son parfum.
— Ecoute Ruby.
Il commence à agiter ses mains, stressé et je trouve ça terriblement adorable.
— J'ai l'impression que plus rien n'a de sens, j'ai plus la notion du temps, je n'ai plus faim, je ne dors plus du tout, ou beaucoup trop, je n'ai plus goût à rien. Et je sais que c'est à ça que sont supposés ressembler les séparations : tu penses que ta vie est finie et qu'il n'y a plus rien à faire où à vivre. Et puis un jour tu te réveil et tu réalises que ce n'est pas le cas, que le monde continue de tourner et que les choses s'arrangent. Mais je ne veux pas de ça, je ne veux pas me réveiller dans un monde qui tourne sans toi. Je ne veux pas avoir à vivre un jour de plus sans que tu sois avec moi, plus jamais. Je sais que c'est sûrement trop tard mais...
Il regarde autour de nous, mal à l'aise et s'abaisse. Je fronce les sourcils en le regardant prendre une position curieuse.
— Mieux vaut-il parler où mourir ?
Je réalise alors qu'il à un genoux à terre et qu'il fait exactement ce que j'imagine qu'il fait.
— J'avais promis de ne jamais poser cette question, mais je m'étais aussi juré de ne jamais tomber amoureux, ni être heureux. Et pourtant me voilà. Est-ce que tu me ferais l'honneur...
Je l'arrête en le tirant, les yeux humides.
— T'es pas obligé de faire ça, idiot, dis-je en souriant.
Je m'essuie les yeux tandis qu'il se relève.
— Mais j'en ai envie ! Je veux t'épouser, je veux être avec toi pour toujours.
Je secoue la tête et sourit encore bêtement.
— Tu n'as pas besoin de ça, on n'a pas besoin de ça, je suis à toi, maintenant et pour toujours.
Rafael cligne rapidement des yeux, laissant un sourire fendre son visage.
— Vraiment ?
Je hoche frénétiquement la tête.
— J'étais venue dire au revoir à cette ville, j'étais venue être seule une dernière fois. Parce que je rentre à la maison Rafael, pour de bon.
Il jure à voix haute, une fois, puis deux.
— C'est le plus beau jour de ma vie, souffle-t-il soulagé.
Ses bras m'entourent et me soulèvent d'un geste naturel. Je respire profondément son parfum.
— Tu es là, dit-il au creux de mon oreille.
Je sens son cœur palpiter à toute vitesse.
— Je t'avais dit que tu ne te débarrasserais pas de moi si facilement.
Il me repose à contre cœur et prend mon visage entre ses mains, ses yeux brillants scrutent les miens.
— Je t'aime tellement, dis-je en prenant le temps de prononcer chaque syllabe.
Son regard s'apaise, son visage s'approche du mien et nos bouches se lient à nouveau comme pour la première fois. Je me sens complète, apaisée. Une bourrasque se lève, un vent violent et doux à la fois. Je me détache de la bouche de mon petit ami et regarde le ciel en souriant. Puis le vent se calme soudainement.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Demande Rafael.
Je secoue la tête sans rien dire.
— J'ai fait le bon choix, c'est tout.
Marissa fut la première ravie d'entendre que j'avais accepté de redonner une chance à cette histoire. Bien qu'elle se doutait de la manière dont les choses allaient finir de toute façon. « On ne peut pas résister longtemps au vrai amour » m'a-t-elle dit.
J'ai rejoint Rafael à son hôtel, refusant de passer une nuit de plus sans lui. Je n'ai pris que le nécessaire pour rester ce soir, nous partons dès demain matin.
— Tu as hâte de retrouver San Diego ? Demande-t-il.
Je dois avouer que San Francisco est la ville qui aura toujours une place dans mon cœur, et je sais que si ça doit arriver, j'y retournerais, mais pour une bonne raison cette fois-ci.
— Lucrecia me manque, Monsieur et Madame Fuentes aussi.
Il sourit et me répond que je manque aussi beaucoup à Lucrecia. Je me frotte l'arrière de la nuque et m'assoit sur le lit.
— Comment les choses se passent, là-bas, à San Diego je veux dire...
Il sait exactement ce que je sous-entend. Le fait que Rafael ait tué un membre de Los Tiburones n'est pas rien, et même si je ne suis pas certaine d'avoir envie d'entendre cette histoire, je veux savoir où je mets à nouveau les pieds.
— Tout est réglé, se contente-t-il de répondre.
Bizarrement, ça ne me soulage pas tellement. Rafael vient s'asseoir à côté de moi, il caresse mon visage et me scrute.
— J'aimerais qu'on laisse tout ça de côté juste ce soir, on reviendra à notre vie demain, mais cette nuit, c'est juste toi et moi.
J'acquiesce et accepte sa requête, après tout j'ai toute la vie devant moi pour m'inquiéter.
— Tu m'as demandé en mariage, réalisais-je.
Il sourit et repousse ses cheveux clairs en arrière.
— J'aurais tout fait pour que tu reviennes.
C'est drôle. J'ai toujours voulu me marier, du plus loin que je me souvienne. Et l'idée même que Rafael me l'ai refusé si longtemps me rendait dingue : je ne pouvais pas imaginer ma vie autrement qu'en étant sa femme. Et aujourd'hui, alors qu'il s'est mis à genoux devant moi, j'ai réalisé qu'il s'agissait vraiment du dernier de mes soucis. Rafael n'a pas besoin de me mettre la bague au doigt, je sais que nous serons unis l'un à l'autre, quoi qu'il arrive.
— T'es incroyable, réalisais-je en déposant un baiser au coin de ses lèvres.
La douceur de sa main enveloppe ma nuque, sa bouche glisse jusqu'à mon épaule. Je ferme les yeux et me délecte de cet instant. Il m'a tellement manqué. Notre baiser se poursuit et les bras de mon petit ami viennent m'entourer et de façon puissante. Il m'allonge sur le lit et passe ses doigts sous mon t-shirt. Il descend ensuite la tête vers mon ventre qu'il couvre de baisers. Le tissu de mon t-shirt remonte en même temps que sa bouche qui vient bientôt recouvrir ma poitrine.
Je soupire sous la contact de sa langue sur mes tétons, je ne veux plus jamais être séparé de lui. Le bruit du bouton de mon pantalon résonne, Rafael glisse ses mains sur le tissu de ma culotte et joue délicatement avec moi. Je me mord les lèvres et lui demande de ne pas me laisser comme ça.
Alors il détache sa langue de ma poitrine et replace son visage au-dessus du mien pour me regarder, amusé. Ses doigts franchissent la barrière de ma culotte et se fondent en moi. J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort, Rafael en profite pour m'embrasser. Sa langue glisse sur la mienne, étouffant mes gémissements.
— Je pourrais t'entendre gémir toute la nuit.
Ses doigts bougent plus vite.
— Tu peux continuer toute la nuit.
Il couvre à nouveau ma nuque de baisers, avant de délaisser mon intimité pour venir à nouveau caresser mes seins. Sa bouche les retrouve et en mordille l'extrémité, je serre les jambes trop excitée, il me rend folle. Sa langue trace une longue ligne du milieu de mes seins jusqu'à mon nombril. Rafael s'agenouille et fait glisser mon pantalon sur le sol. Il embrasse alors mes cuisses, et se concentre sur leurs intérieurs. Ma culotte semble être le dernier barrage à mon plaisir, ce qui l'amuse. Ses baisers s'intensifient sur le tissus mouillé, et ne me font que me donner envie de plus. Finalement, il la retire et m'octroie enfin le plaisir de sa langue. Mon premier gémissement est comme libérateur, ce qui encourage Rafael. Les mains malaxant mes propres seins, les yeux fermés, je ne fais que penser à la langue de mon petit ami jouant avec moi. C'est à la fois doux et rapide, profond et sensuel. Je lui ai manqué aussi, et il n'hésite pas à le montrer. Mes mains agrippent ses cheveux face à la vitesse que sa bouche prend finalement, de coups de langues à succion, je n'ai plus aucun répit et je sens que l'orgasme n'est plus qu'à quelques secondes d'arriver. Mon corps se tend, je murmure des supplications, il ne décélère pas. Je me pince les lèvres du mieux que je peux, mais mes gémissements de plaisir se fraie un chemin et alors que mon corps entier se met à trembler, j'implose enfin. Rafael ralentit, jouant toujours du bout de sa langue. Je repousse immédiatement sa tête, trop fragilisée par mon orgasme. Il sourit et passe rapidement sa main sur son visage avant de venir à moi, m'embrasser à nouveau.
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Dusk 'till Dawn
RomanceRuby n'imaginait pas une seconde qu'en quittant San Francisco pour s'installer à San Diego, sa vie allait basculer. Tout semblait pourtant ordinaire : une chambre chez un couple de retraités, un petit boulot dans une boutique, quelques heures de sou...
