Rafael est assis à côté de moi, l'air amusé.
— Détends-toi.
Je suis détendue, peut-être que ça ne se voit pas, mais je le suis.
— J'ai déjà un tatouage je te rappelle.
Tatouage pour lequel je ne me suis pas évanouie une mais deux fois. Mais ça, Rafael n'est pas supposé le savoir.
— Où est-ce que tu le veux ? Demande la tatoueuse en prenant le tabouret à côté de moi.
Je lui montre l'intérieur de mon biceps gauche, c'est l'endroit parfait.
— Ok super, je m'occupe du stencil et de la désinfection est on est parti.
Rafael me tient la main et trace des lignes invisibles sur mon poignet.
— Tu peux encore changer d'avis tu sais.
Je secoue la tête, si je suis bien certaine d'une chose, c'est de ce tatouage.
Ça n'a pas été si douloureux que ça, c'était surtout beaucoup moins long que le tatouage sur ma cuisse. Je suis sortie de la boutique satisfaite. Rafael m'a répondu que mon Scorpion était vraiment très joli, presque plus beau que le sien.
— N'en fais pas trop, c'est juste un scorpion.
Il me tire alors contre lui.
— Alors maintenant que tu as mon emblème tatoué, est-ce que ça veut dire que tu es officiellement à moi ?
Je souris et me détache de notre étreinte.
— On peut dire ça, oui.
Il se mord les lèvres, excité.
— Lucrecia va te trouver dingue d'avoir fait ça, prévient-il.
Je souris pour moi-même.
— Je suis certaine qu'elle va l'adorer, au contraire.
Nous rentrons à la maison tous les deux, il ne nous reste que la fin du week-end pour profiter avant de retourner au travail, j'ai l'impression que c'est beaucoup trop court.
— Est-ce que je suis supposée te référée en tant que fiancée maintenant ?
C'est drôle d'entendre ce mot sortir de la bouche de Rafael.
— Tu peux.
L'idée que je puisse, moi aussi, parler de lui en ces termes m'émoustille à mon tour.
— C'est incroyable de voir le chemin qu'on a fait tous les deux.
Il a raison. Nous sommes partis de rien, même de moins que rien. Ma seule présence suffisait à Rafael pour être de mauvaise humeur, et voilà qu'aujourd'hui il s'impatiente quant à une possibilité de mariage.
— J'ai hâte de voir ce que les prochaines années nous réservent.
Moi aussi, j'ai vraiment hâte.
Je n'étais pas obligée de venir mais je le voulais. Après tout, je n'étais plus une inconnue pour eux, d'autant plus maintenant que Rafael devenait leur chef. Ils ne savent pas encore qu'il a changé d'avis, en fait Rafael a convoqué tout le monde chez son oncle pour une soi-disant mise au point. Ce n'est pas totalement faux après tout.
— T'es nerveuse, remarque mon petit ami en me tenant la main.
Je desserre mes doigts, pour ne pas lui faire mal.
— Je te rappelle que la dernière fois que je me suis retrouvée en présence de Scorpion j'étais bâillonnée.
Il souligne qu'il avait presque oublié ce détail.
La porte s'ouvre sur cette homme que j'ai déjà rencontré à plusieurs reprise ; l'oncle de Rafael. Il lance un regard interrogateur à son neveu en remarquant ma présence. Rafael l'ignore et me fait entrer.
Une dizaine de minutes plus tard, tout le monde est là, en arc de cercle, chaque membre du gang pose son regard sur Rafael au centre de la pièce. Je me tiens en retrait, je préfèrerais éviter d'attirer l'attention sur moi, même si c'est déjà mal barré.
— Je vous remercie d'être venu aujourd'hui.
Un des hommes, que je ne reconnais pas soupire.
— C'est au sujet du kidnapping ? On a rien à voir là dedans, c'est l'abruti d'Harrison et ses copains qui ont manigancés ça.
Harrison lui répond en espagnol, Rafael les fait taire.
— Je vais évoquer cet incident, mais ce n'est pas le but initial de ma visite.
Les hommes se taisent, Rafael peut reprendre :
— J'ai pris une décision.
Il me lance un bref regard.
— J'accepte de prendre le rôle de chef.
Les voix s'élèvent, certains sont ravis d'autre complètement abasourdie : Rafael a refusé la proposition à plusieurs reprises, c'est une surprise qu'il revienne sur sa décision.
— Alors notre histoire d'enlèvement t'as fait réfléchir ? Lance Harrison fier de lui.
— L'unique chose que cet enlèvement m'a apportée c'est l'irrésistible envie de te castrer à main nues, rétorque mon fiancé.
Harrison te tait, chambré par les autres membres du gang.
— Les choses ont changé, et si la ville n'a jamais été de tout repos les choses ne vont qu'empirer. Mon oncle n'a plus l'envie d'assumer cette tâche délicate, il est évident que mon tour est venu.
Son oncle pose sa main sur l'épaule de Rafael, fier de lui.
— Tu feras un excellent leader, El Dorado.
Rafael baisse les yeux, se forçant à sourire. Il balaie la pièce du regard et s'arrête sur moi. Je l'encourage d'un geste de la main : il a fait ce qu'il devait faire.
— Maintenant, parlons du fait qu'on ne doit plus jamais enlever la fiancée d'un membre du gang, dit-il plus sérieusement.
— Fiancée ? Relève l'un des gars.
Tous les regards se braquent sur moi, l'oncle de Rafael reprend la parole en le félicitant à nouveau.
— Ça se fait dans les règles ce genre de chose, on est censé le partager en famille.
Le visage de Rafael se ferme.
— Ma famille n'est plus ici.
Mon cœur se fend, Rafael n'a personne d'autre que son oncle maintenant. Il en veut toujours beaucoup trop à ses parents pour leur annoncer la nouvelle.
— Les Scorpions sont ta famille tonto, déclare un autre.
Il sourit, cette fois-ci sincèrement. Diego s'approche de moi et passe les bras autour de mes épaules.
— Allez viens, tu vas faire partie de la famille maintenant !
Je m'accroche à Rafael, ces hommes peuvent avoir l'air sympa, mais je n'oublie pas que les trois quart d'entre eux, si ce n'est plus, ont du sang sur les mains. Je ne suis pas à une fête de famille classique, je suis au milieu d'un gang.
— Quand auront lieux les noces ? Il faut que ta tante prépare les invitation et ...
— Pas tout de suite, intervins-je immédiatement.
Je me sens tout d'un coup oppressée. Rafael se tourne vers moi et comprend mon malaise.
— Chaque chose en son temps, pourquoi pas fêter votre nouveau chef d'abord ? Lance-t-il gaiement.
Je profite de l'euphorie générale pour sortir prendre l'air. Il fait moins chaud, je me sens beaucoup mieux.
Moins d'une minute plus tard Rafael rapplique, inquiet.
— Tu ne devrais pas quitter ta propre fête.
Il secoue la tête et m'assure que tout le monde a déjà entamé les bières, ils ne remarqueront pas ses quelques minutes d'absence.
— Quelque chose ne va pas, remarque-t-il.
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Dusk 'till Dawn
Roman d'amourRuby n'imaginait pas une seconde qu'en quittant San Francisco pour s'installer à San Diego, sa vie allait basculer. Tout semblait pourtant ordinaire : une chambre chez un couple de retraités, un petit boulot dans une boutique, quelques heures de sou...
