Chapitre 9

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L'odeur émanant de la cuisine ne trompe pas. Madame Fuentes a sûrement passé les deux dernières heures à préparer le repas.
— Ruby, c'est toi ?
Je demande à Santiago de patienter et j'entre dans la cuisine.
— Est-ce que ça pose un problème si un ami s'invite à notre table ce soir ?
Madame Fuentes essuie ses mains et me lance un grand sourire.
— Est-ce qu'il est mignon ?
Je ris.
— Très.
J'appelle Santiago qui apparaît moins de deux secondes plus tard. Madame Fuentes semble d'abord surprise.
— Tu aimes le bœuf mon garçon ?
— Oh oui, j'adore ça.

Le jeune garçon ne cesse de parler, ce qui contraste énormément avec son frère. Il nous parle de l'école, de ses copains et de son film préféré : Iron Man. Il fait tellement de bruit que je cru à un moment que mes hôtes m'interdiraient à tout jamais d'inviter des gens à la maison. Mais au contraire, ils sont ravis d'accueillir un jeune enfant chez eux.

Quelqu'un tambourine à la porte, je me lève, devinant qu'il s'agit de Rafael.
— Mon frère est là ?
Sa voix traduit une panique sans nom, j'ai à peine le temps de hocher la tête qu'il me dépasse et entre dans la maison. Je le suis et vois Santiago s'exclamer de joie de voir son grand frère.
— Oh putain t'es là.
Santiago sort de table et court vers Rafael qui le serre contre lui, soulagé. Il se redresse et s'adresse aux Fuentes.
— Je suis désolé que vous ayiez dû vous occuper de lui, c'est un malentendu, je vous remercie de l'avoir fait manger.
Il se tourne vers l'enfant.
— Tu les a remerciés de t'avoir accueilli?
Santiago retourne vers le couple de personnes âgées qu'il prend dans ses bras.
— Merci beaucoup, j'espère que je reviendrais.

Madame Fuentes lui sourit et lui promet que sa porte sera toujours ouverte.
— On y va bonhomme, je suis garé sur le trottoir.
Madame Fuentes regarde Rafael de haut en bas avant de me lancer un regard qui ne signifie rien de bon.
— Je les raccompagne à la porte, informais-je en suivant les deux Sanchez jusqu'à la l'extérieur.
Rafael attend que son petit frère monte dans la voiture pour se tourner et me cracher sa colère.
— Mais tu te fiches du monde ? Qu'est-ce que mon frère foutait chez toi ? Tu sais depuis combien de temps je tourne en rond pour le trouver ?
Alors là, c'est vraiment la dernière chose que je pensais entendre, je me fais engueuler pour ne pas avoir laissé son frère à la rue ? Je croise les bras et le toise.
— Je t'ai prévenu! Tu n'as qu'à vérifier ton portable.
Il passe une main dans ses cheveux et se pince les lèvres.
— Je ne l'ai pas, il est chez moi. C'était à Lucrecia de le gérer, pas toi.
Il m'explique qu'il a été à l'association, puis chez elle avant de penser à venir ici.
— Lucrecia est chez ses beaux-parents ce soir. Je suis passé chez toi, je t'ai appelé, qu'est-ce que j'aurai dû faire ? Le laisser sur le trottoir ?
Je sais bien qu'il a juste eu peur pour son frère mais maintenant Santiago est là, je m'en suis très bien occupé alors que lui... était ailleurs occupé à faire je ne sais quoi.
— Et puis d'ailleurs ce n'est pas à moi de te sauver la mise, tu aurais dû être là. Je n'arrive pas à croire que tes foutus trucs de gang passent avant ton propre frère!
Je réalise trop tard que je parle à Rafael et non à un garçon lambda, sa mâchoire se contracte et il lui faut toute la force du monde pour ne pas me hurler dessus.
— Tu ne sais pas de quoi tu parles.

— Tout ce que je sais c'est que les Scorpions c'est ton problème, n'entraîne pas ton Santiago là-dedans.
Si ses yeux étaient des revolvers je serais déjà morte, deux fois. Il passe une main sur son visage, tentant de se calmer.
— Au revoir Ruby.
Je crois que le mot qu'il cherche c'est « merci » mais je me contenterais de ça, comme toujours.


Madame Fuentes commence à débarrasser la table tandis que son mari met la vaisselle à laver.
— Attendez, je vous aide.
Je prends les assiettes. Monsieur Fuentes s'éclipse dans le salon. Je remarque que Madame Fuentes est différente, quelque chose ne va pas et je suis persuadée que ça a un rapport avec la venue de Rafael.
— Je suis désolée qu'il ait débarqué comme ça. Il a eu peur pour Santiago, on s'est mal compris.
Madame Fuentes ne répond pas et se contente de passer un coup d'éponge sur la table.
— Je n'invite plus personne, c'est promis.
Elle relève la tête et pose l'éponge, son visage marqué exprime de l'inquiétude.
Un Escorpion ? Vraiment Ruby ?
Elle retourne dans la cuisine où je la suis.
— C'est juste un collègue, je lui ai rendu service, c'est tout.
Elle marmonne quelque chose en espagnol que je ne comprends évidemment pas.
— Je ne suis pas ta mère, je n'ai pas à te dire ce que tu dois faire. Mais fréquenter un membre de Los Escorpiones ce n'est pas une bonne idée, tomber amoureuse de l'un d'entre eux encore moins.
Je lui répète à nouveau que nous ne sommes que collègues et qu'elle n'a aucun souci à se faire de ce côté-là.
— Hm.
Je m'approche d'elle et penche la tête, dans une veine tentative d'attendrissement. .
— Merci de vous inquiéter.
La vielle dame s'approche de moi et me caresse le bras.
— C'est normal, mija.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant