Dusk 'till Dawn

Chapitre 18

Un mois et demi est passé, l'été touche à sa fin. L'association n'a pas désempli des deux derniers mois. J'ai même dû y faire des heures supplémentaires. Les heures d'études étaient devenues superflus, les enfants venaient avant tout passer du temps pour jouer, faire du sport et profiter de la piscine que Lucrecia a fait installer au début du mois d'août. J'ai passé un superbe été et je le lui dois bien, avant de travailler à l'association je n'avais aucune idée que je prendrais du plaisir à m'occuper d'enfants comme ça. La gratification sur leurs visages et le lien qu'on crée avec eux chaque jour n'ont vraiment pas de prix. Monsieur et Madame Fuentes passent leur temps dans leur jardin à s'occuper des fleurs, des légumes et siroter des verres de vin au soleil. C'est la saison de l'année qu'ils préfèrent tous les deux. À la boutique c'est toujours la routine, Carmen, Juan et moi la tenons à tour de rôle tous les jours. J'ouvre le magasin la plupart du temps et Juan fait la fermeture.
— Il y a un jeune homme qui t'attend Ruby, souffle Lucrecia en rechargeant son pistolet à eau.
Je tourne la tête pour voir Rafael dans l'encadrement de la porte de la cour. Il croise les bras sur son débardeur. Si l'été m'a apporté quelque chose c'est pouvoir passer mon temps à reluquer Rafael. S'il n'était pas torse nu il ne portait que des débardeurs ou des shorts. Je demande aux enfants de faire une trêve et m'approche de lui, écartant mes cheveux mouillés de mon visage.
— Vous faîtes un concours de t-shirt mouillé ? Plaisante-t-il.
Nous étions parties sur une bataille d'eau mais les enfants ne savent jamais s'arrêter.
— C'est la dernière semaine de vacances d'été, on laisse un peu quartier libre aux enfants.
Je n'avais pas vu Rafael depuis presque une semaine, il était parti en famille dans leurs maison de vacances au bord de la mer.
Il regarde brièvement autour de nous et me vole un baiser. Un des enfants nous a visiblement surpris et s'apprête à le hurler, alors Rafael l'attrape et le jette sur son épaule en le menaçant de le jeter à l'eau. L'enfant hurle tellement de rire qu'il en oublie ce qu'il vient de se passer. Rafael se retrouve cerné d'enfants qui lui tirent dessus avec leurs pistolets à eau.
— Ok, vous avez gagné je le repose ! Dit-il en levant les mains.
Ça n'aura pas suffi, l'un d'eux cri « tirez » et Rafael se retrouve trempé moins d'une minute plus tard. Il accuse le coup et finit par attraper un pistolet et se venger. J'essaie de couvrir Rafael comme je peux, mais les enfants sont trop nombreux pour nous. De plus, Jules est de leurs côtés.
— Tous sur Rafael ! Hurle l'un des enfants.
Et alors qu'ils se dirigent tous sur lui, je sens deux bras m'attraper par les hanches. Je hurle de surprise, ce qui stoppe tous les enfants.
— Tu ne pensais pas t'en sortir comme ça, lance Jules en me tenant fermement.
Je me débats mais il est bien plus fort que moi. Il monte sur le bord en bois de la piscine et tend les bras au-dessus de celle-ci.
— Me lâche pas, dis-je fermement agrippée.
Son sourire me prévient du contraire. Alors perdu pour perdu je me tire moi-même vers l'eau espérant l'emporter avec moi. Il perd alors l'équilibre et nous tombons tous les deux dans la piscine. Les enfants arrivent tout autour de la piscine hurlant qu'ils ont gagné. Je me relève, regardant Jules lever le poing glorieux. Pour le coup je ne peux pas être plus mouillée.
— Allez les enfants, vous avez gagnés on arrête, lance Lucrecia, il faut qu'on range tout et qu'on sèche avant que vos parents arrivent !
Jules sort alors de l'eau et me tend la main pour me relever. C'est à ce moment que Rafael me tend aussi la main, pas aussi amusé que nous. Je remercie Jules et prends la main de Rafael qui me fait passer par-dessus le rebord de la piscine sans effort. Jules part alors aider les enfants à ranger. Rafael défroisse son short.
— Tu vas t'essuyer avant de monter dans la voiture, tu vas ruiner mes sièges, dit-il fermement.
Je n'ai pas mon mot à dire fait demi-tour pour rentrer dans les locaux de l'association. Je soupire et pars demander une serviette à Lucrecia.
— Monsieur Sanchez fait un caca nerveux, dit-elle en le voyant s'éloigner.
Elle tire une serviette de la pile qu'elle vient de poser sur la table.
— C'est lui qui ne veut pas qu'on expose notre relation, je n'y peux rien si Jules est toujours aussi... Tactile.
Je pense que Jules a compris qu'il n'y aurait rien entre nous, d'ailleurs il a arrêté de me proposer des rendez-vous. Peut-être qu'il a compris de lui-même qu'il y avait quelque chose entre Rafael et moi. On a une relation amicale maintenant mais il est justement très amical, donc il se permet souvent de me faire des compliments ou même de passer son bras autour de moi. Ce qui déplaît énormément à Rafael. Mais il ne peut officiellement rien reprocher à Jules alors il se contente de faire sa mauvaise tête.
— Quel gros bébé, répond mon amie en levant les yeux.
Je rejoins Rafael qui est déjà à sa voiture, mes vêtements sont encore mouillés mais je ne peux pas mieux faire. J'ai emprunté une serviette propre que j'étale sur le siège passager avant de m'asseoir. Rafael reste un instant silencieux sans allumer le moteur.
— Ce mec est vraiment lourd, finit-il par lâcher, toujours collé à toi.
Je pose ma main sur sa cuisse.
— Il sait très bien qu'il n'y aura rien entre nous, je lui ai clairement dit.
Il tourne la tête vers moi, blasé.
— Et pourtant il trouve toujours un moyen de foutre ses sales mains sur toi.
Il démarre finalement et prend la route jusqu'à chez lui. Je me retiens alors de lui dire ce qu'il sait déjà : si nous exposions notre relation Jules n'oserait sûrement plus être si proche de moi et si c'était le cas Rafael serait légitime de lui faire une remarque. Mais je connais déjà sa réponse, il veut me protéger et le meilleur moyen qu'il ne m'arrive rien c'est qu'on ne fasse pas le lien entre nous deux. C'est légitime et quand il m'en a parlé j'étais parfaitement d'accord avec lui. Mais parfois je trouve ça lassant. Devoir nous retenir de nous embrasser en public, ne pas pouvoir se voir quand des membres des Scorpions sont chez lui...