Dusk 'till Dawn

Chapitre 22

Rafael me fait signe de ne pas faire de bruit, je pousse la porte d'entrée délicatement. Les lumières sont éteintes et alors que je crains de retrouver nos deux amis encore nus dans le salon, la lumière de la télévision attire mon regard sur eux mais belle et bien habillés cette fois.
— Vous avez fait le tour de la ville à pieds ou quoi ? Demande Marissa en se levant.
Rafael raconte alors sa journée à San Francisco, n'omettant aucun détail et en insistant sur les otaries plus particulièrement.
— La prochaine fois je viens, lance Javier envieux.
Rafael lui parle aussi d'Alcatraz et du Golden Gates Bridge. Ils énoncent les plans d'avance pour leur prochaine visite.
— Et vous, votre journée ? Dis-je sans réfléchir.
Marissa disparaît immédiatement dans la cuisine, prétextant avoir soif. Ne reste que Javier qui joint ses mains l'une à l'autre avant de prendre une grande inspiration.
— Oh bah écoutez, c'était sympa.
Il se retient de sourire du mieux qu'il peut et Rafael ne tient pas longtemps avant de le charrier. Je m'éclipse alors dans la cuisine à mon tour pour questionner Marissa, curieuse.
— On vous a laissés assez de temps ? Dis-je un sourire au coin des lèvres.
Elle pose son verre d'eau vide dans l'évier et baisse les yeux un peu honteuse.
— On a passé une très bonne journée.
Elle n'entre pas dans les détails mais je n'en ai pas besoin pour comprendre ce qu'il s'est passé.
— Mais en dehors de ça Javier est quelqu'un de très sympa, peut-être que je devrais plus souvent aller voir mes grands-parents à San Diego.
Je lui réponds qu'ils seraient ravis de la voir plus souvent et que moi-même je serai contente si on ne perdait pas à nouveau contact. Elle me caresse le bras, touchée.
— Tu m'as beaucoup manqué Ruby tu sais.
C'est grâce à Marissa que je suis aujourd'hui à San Diego en premier lieu. Si elle ne m'avait pas proposé de loger chez ses grands-parents, je n'aurais jamais pu me payer un appartement seule là-bas.
— J'aurais dû t'appeler plus souvent, avouais-je.
Marissa a toujours su comment j'étais, elle-même m'avait plus ou moins dit adieu quand je suis partie. Et s'il n'y avait pas tous ces problèmes avec les Scorpions je ne suis pas sûre que je serai vraiment revenue un jour. Elle me tend sa main.
— On fait un pacte : tu promets de me donner des nouvelles et de revenir à San Francisco au moins... une fois par an.
L'ancienne Ruby aurait évité à tout prix une promesse qu'elle n'aurait jamais su tenir. Mais ce soir j'ai pris la décision d'arrêter d'être celle que j'étais avant. Je prends sa main et ajoute ma condition.
— Et toi, tu promets de venir plus souvent à San Diego rendre visite à tes grands-parents...
Elle hoche la tête et serre ma main.

Je suis réveillée par la voix de Rafael. J'ouvre les yeux et le vois debout, près de la fenêtre. Il est au téléphone et parle en espagnol. Il fait encore nuit noire. Je prends mon portable et vois l'heure : 4H00. Je me redresse et essaie tant mieux que mal de comprendre ce qu'il dit, comme si je comprenais un traître mot d'espagnol. Tout ce que j'arrive à discerner c'est l'inquiétude et le sérieux de Rafael. Ce qui n'annonce rien de bon. Il raccroche et enfile directement son jean.
— Habilles-toi, on rentre, ordonne-t-il.
Je me tire du lit et lui demande ce qu'il se passe.
— Je t'explique tout dans la voiture, va chercher Javier et dis-lui que Le Squale est de retour.
Je le regarde sans comprendre, il insiste en expliquant que Javier comprendra. Javier n'est pas dans le salon, je frappe tout doucement à la porte de Marissa. Évidemment ils dorment profondément, aucun des deux ne répondra. J'entre alors et prononce le prénom de Javier à voix basse. Ce dernier finit par ouvrir un œil.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Je m'approche un peu plus pour éviter de réveiller Marissa en parlant trop fort.
— Rafael dit qu'il faut qu'on rentre.
Javier tourne la tête et répond qu'il a besoin de dormir.
— Il dit que Le Squale est de retour.
Javier se tourne immédiatement et bondit du lit. Je ne pensais pas qu'il aurait une réaction si vive. Il enfile son jean et son t-shirt en déblatérant tout un tas de trucs que je ne comprends pas, réveillant Marissa au passage.
— Qu'est-ce que vous foutez ? Dit-elle en allumant sa lampe de chevet.
Je regarde Javier sortir de la chambre en vitesse.
— On doit rentrer.
Elle fronce les sourcils et regarde l'heure sur son réveil.