Chapitre 55

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Des bras me tiennent fermement, des mots d'une autre langue me parviennent. Il y a tout un vacarme autour de moi. J'ouvre les yeux pour découvrir la pièce éclairée, baignée d'hommes.
— On doit partir ! Cri Rafael. Les flics vont rappliquer d'une seconde à l'autre.
Il me tient contre lui, nous sommes tous les deux sur le sol entre le couloir et le salon, l'endroit même où je me suis écroulée quelques secondes plus tôt.
— Il y a deux putains de cadavre El Dorado, t'es complètement cuit ! Siffle l'un d'eux.
La respiration de Rafael s'accélère, le mouvement de sa poitrine me fait basculer légèrement. Aucun des hommes ne semblent savoir quoi faire. Je tourne la tête vers mon fiancé, complètement paniquée.
— Oh tu es réveillé, dit-il en collant ma tête contre sa nuque, il faut qu'on se lève, qu'on parte.
Il m'aide à me redresser puis me tend un jogging qu'il est allé chercher dans notre chambre. Je l'enfile et me redresse pour regarder la scène un peu mieux. Il y a du sang absolument partout, je détourne les yeux pour ne pas avoir de haut le cœur.
— Les armes ! Cri un des Scorpions en glissant les preuves des crimes dans un sac.
— C'était de la légitime défense, dis-je soudainement, ils ne vont pas nous en vouloir pour ça.
Rafael essaie de rester calme mais sa voix trahit sa peur.
— Pas quand ils savent que tu trempes dans des gangs mon amour, c'est fini pour moi.
Sa voix se brise sur la fin de sa phrase.
— Non, non... Tu ne peux pas, tu ne peux pas aller en prison, tu ne peux pas nous laisser, pas après tout ça.
Les sanglots montent dans ma gorge et m'empêchent de dire quoi que ce soit de plus. Les mains tremblantes, Rafael me tient le visage.
— Je suis désolé, je n'ai jamais voulu que les choses se passent comme ça.
Ma mâchoire tremble, je ne suis plus capable de penser de façon cohérente.
— Il n'ira pas, lance une voix plus grave.
Nous nous tournons tous les deux pour trouver l'oncle de Rafael, tout juste arrivé.
— Barrez-vous par la sortie de secours, tous. Les flics sont à deux rues d'ici.
Rafael répond qu'en fuite où non, c'est son appartement et son sang se trouve très certainement partout.
— Pas besoin d'enquête s'ils ont un coupable.
Nous ne comprenons pas immédiatement ce que son oncle veut dire.
— Ils ont essayé de me faire tomber depuis des années, me rendre immédiatement les excitera tellement qu'ils boucleront l'affaire.
Rafael se détache de moi et s'approche de son oncle.
— Non, tu peux pas...
L'homme essaie de garder la face devant son neveux mais c'est difficile.
— J'ai fait mon temps, toi tu as toute la vie devant toi.
Les sirènes résonnent au loin, les autres Scorpions ne se font pas prier pour prendre la sortie de secours et nous nous trouvons bientôt uniquement tous les trois dans la pièce. Les deux hommes se regardent sans être capable de dire quoi que ce soit.
— Casse toi d'ici Rafael, loin, prend ta femme et ne reviens jamais, sous aucun prétexte. Tu auras une chance, pas deux.
Les sirènes se rapprochent encore. Je crie à Rafael que nous devons y aller. Ce dernier jauge son oncle une dernière fois et le prend dans ses bras en le serrant de toutes ses forces. Il s'en détache et me pousse jusqu'à la sortie de secours. Laissant son oncle, son appartement, ses affaires et tout ce que nous avions derrière nous.

J'ai froid, mon corps est secoué par les frissons, je ne sais pas si c'est à cause de la fatigue ou de la peur. Nous sommes assez loin pour ne plus voir les gyrophares où entendre les sirènes. À l'heure actuelle, l'oncle de Rafael se fait très certainement menotter et emmener. Les Scorpions sont déjà loin, c'est trop dangereux pour nous de rejoindre le parking pour prendre la voiture. Nous marchons rapidement sans se lâcher la main, je n'arrive pas à réaliser ce qu'il vient de se passer en moins d'une heure de temps.
— Rafael, paniquais-je.
Il continue à marcher, sans m'écouter. Je m'arrête et tire sur son bras.
— Où est-ce qu'on va ? Qu'est-ce qu'on va faire ?
Je comprends à son regard qu'il n'en a aucune idée. Bien que son oncle accepte de prendre les meurtre sur son dos, rien ne nous garantie que Rafael s'en sortira indemne. Il va nous falloir un alibi expliquant pourquoi nous n'étions pas chez nous, sans oublier notre ADN et nos empreintes sur les armes. On parle de deux meurtres, pas d'un simple passage à tabac.
— Je... je ne sais pas on doit...
Il regarde tout autour de nous, il a peur, autant que moi, peut-être plus même. Je prends sur moi et essaie d'attirer son attention.
— Respire un bon coup.
Il essaie de se concentrer mais rien n'y fait.
— Je veux voir mon père, je dois partir chez lui mais il n'est pas là, il a déménagé...
Il a gardé son calme jusqu'ici mais voilà qu'il craque. Je dois prendre les choses en main, c'est à mon tour de gérer la situation.
— On va chez Lucrecia.
Ce n'est pas une question, Lucrecia est l'unique personne qui pourra nous aider, l'unique qui comprendra, l'unique qui a déjà vécu ce genre de choses. Je ne fais confiance qu'à elle, et je sais qu'elle a la tête bien assez dure pour réfléchir à une solution.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant