Chapitre 53

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La rentrée est enfin arrivée. Cet été à été plutôt intense, l'association a accueilli plus d'enfants durant les mois de vacances que toutes les dernières années. La chaleur mélangée à la fatigue et la grossesse ont été fatales pour moi, j'ai dû arrêter de travailler il y a deux semaines déjà. Au plus grand bonheur de Rafael qui passait ses journées à s'assurer que tout allait bien pour moi. Mon ventre est énorme, le bébé n'est dû que pour deux mois et j'ai pourtant l'impression que je suis à deux doigts d'exploser. L'été est bel et bien terminé et je veux négocier avec Lucrecia pour revenir, le rythme de la rentrée est bien plus tranquille. Je peux me permettre de rester assise et travailler encore au moins un mois.
Les journées sont longues ici, et bien que Rafael fasse tout ce qui est en son pouvoir pour que je me sente bien, il passe ses journées à travailler et n'est pas là. J'ai pensé quelques après-midi chez les Fuentes, mais j'ai rapidement fait le tour de tout ce qui pouvait m'occuper.
Rafael est chez son oncle, il me rejoint pour le repas. J'ai décidé de profiter de ce moment pour aller voir Lucrecia, j'ai peur que Rafael ne s'oppose à ma reprise du travail et ne convainque Lucrecia de ne pas me faire reprendre si je mentionne mon idée devant lui. Bien sûr nous en avons déjà parlé et il m'a affirmé trouver que c'est une mauvaise idée, me laissant toutefois le choix de ce que je veux faire. Je ne prends pas le risque que Lucrecia l'écoute et m'aventure jusqu'à chez elle en son absence.

Mon amie est ravie de me voir, elle voulait passer pendant mes deux dernières semaines de congés mais n'a pas eu le temps à cause de la montagne de travail qu'elle avait.
— Tu veux quelque chose à boire ? Propose-t-elle en me montrant une carafe de citronnade fraîche.
— Oh pitié oui ! Il fait encore une chaleur à mourir.
Je suis contente que le bébé naisse au mois de novembre, subir des chaleurs pareil pour un nourrisson devrait être interdit.
— Bruce n'est pas là ?
La voix du mari de Lucrecia me surprend immédiatement après avoir prononcé ces mots.
— Si, il se prélasse au bord de la piscine pour ses derniers jours de congés.
Vêtu d'un short de bain rouge foncé, l'homme traverse le salon pour nous saluer.
— Comment vas-tu ? Et Rafael ?
Je réponds poliment aux questions de Bruce et lui demande à son tour comment se passent ses vacances.
— Super ! Je ne prends que rarement du temps en dehors du travail mais c'est un réel plaisir de pouvoir passer du temps à la maison.
Je leur demande pourquoi ils ne sont pas partis quelque part pour en profiter.
— L'été est toujours un moment où nous avons beaucoup de travail à l'association, et puis Bruce et moi préférons les vacances d'hiver, on en profite toujours pour fêter notre anniversaire de mariage.
Le mari de Lucrecia vient s'asseoir avec nous pour se délecter d'un verre de citronnade bien fraîche.
— Je voulais te demander, commençais-je en direction de ma directrice.
Lucrecia est attentive, elle pose son verre sur la table et croise ses jambes.
— J'aimerais reprendre le travail, quelques semaines, un mois peut-être.
Je vois au soupire de mon amie qu'elle ne semble pas emballée par cette idée.
— Partons d'un point de vue uniquement professionnelle, d'accord ?
Je hoche la tête, prête à entendre ses raisons.
— Tu vas commencer une année scolaire que tu n'achèveras pas. Soyons honnêtes, le bébé va naître au mois de novembre. Au mieux, tu accepteras de le faire garder à ses trois mois, ce qui nous amène à février.
Nous en avons déjà discuté, Lucrecia sait que je ne veux pas confier le bébé à qui que ce soit avant au moins six mois.
— Mais on sait toutes les deux que tu ne voudras pas revenir à ce stade-là, alors comptons le mois de mai... Ce qui amène à la fin d'année scolaire.
Je lui réponds que ce n'est pas une excuse valable.
— C'est vrai, et en tant que directrice je ne peux pas t'obliger à rester chez toi.

Je suis soulagée qu'elle comprenne, mon visage s'éclaire à cette conclusion.
— Mais je peux t'en dissuader en tant qu'amie...
Je lève les yeux, ce qui amuse Bruce.
— Ca fait deux semaines que je tourne en rond !
Lucrecia me signale que je ne tarderais pas à devoir m'arrêter à nouveau de toute façon. Et que c'est plus prudent pour le bébé et moi-même de me reposer.
— Elle a raison, intervient Bruce, le plus dur n'est pas encore fait. Trop d'effort où trop de pression psychologique pourrait amener à un accouchement précoce.
J'avais oublié que le fait que le mari de Lucrecia soit docteur ne m'aide pas dans mon combat.
— Le bébé est formé mais que tu accouches maintenant amènerait à d'énormes risques que sa santé, alors prend le temps de rester chez toi et d'en profiter.
Je baisse les bras, même sans Rafael je n'avais finalement aucune chance.
— Bien, pas de reprise du travail alors.
Lucrecia vient s'asseoir à côté de moi et passe son bras autour de mes épaules.
— Ne t'inquiète pas, ton petit bout va arriver assez vite ! Et tu ne verras plus le temps passer après ça.
Je la crois, à vrai dire ces derniers mois sont déjà passé à une vitesse folle alors je n'imagine pas ce que ça donnera ensuite.
— Je vais rentrer, finis-je par dire.
Rafael n'est toujours pas très à l'aise avec l'idée que je sorte seule, je préfère rentrer avant que le soleil ne se couche.
— Tiens nous au courant si tu as besoin de quoi que ce soit ! Je viendrais te voir dès que je le pourrais.
J'embrasse mon amie et lui souhaite une bonne soirée. Je salue Bruce à son tour et lui demande de profiter de ses derniers jours de vacances.

Dusk 'till DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant