Chapitre 48

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Titouan me raconte sa soirée en détail mais doit vite raccrocher car un livreur sonne à sa porte. Je suis quand même content d'avoir pu lui parler de vive voix, même si ça m'a encore plus donné envie de le revoir. 

Quelques minutes plus tard, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et heureusement, c'est mon père qui rentre, chargé d'un sac de courses.

"Florence, j'ai ramené de la salade !"

Je pose le paquet de muesli que j'ai dans la main et me dirige vers l'entrée.

"Maman est à la banque, sinon ça va ?

- Ah, c'est toi, dit-il en me voyant le rejoindre. Ça va très bien, il faut plus chaud qu'hier soir."

Effectivement, il a plu une bonne partie de la nuit mais le soleil est revenu.

"Tu peux ranger les courses ? Je voudrais finir de faire du tri dans le placard avant que maman ne revienne."

Je lui montre du doigt tous les paquets posés sur le plan de travail et il acquiesce fortement. 

"Bonne initiative, personne ne le fait jamais."

Je me remets à ma tâche et mon père reprend, tout en se débarrassant de sa vieille veste en cuir :

"Tu t'occupes comment en ce moment ? Tu nous racontes rien.

- Oh tu sais, il n'y a pas grand chose à raconter, répondis-je, évasif.

- Tu dois bien faire des choses en dehors de la fac. Boire des verres avec des amis ? Faire du sport ? Sortir avec une fille ?

- Oui, oui je fais du tennis et du vélo. Ça m'arrive aussi d'aller jouer au basket avec des mecs de mon quartier."

En réalité, je m'étais aventuré une seule fois au terrain de basket, où je n'avais fait que perdre en 1v1 contre des habitués, ce qui m'avait découragé.

"Et alors, avec tous ces muscles, t'en profite pas pour rencontrer des filles ? ajoute-t-il avec un sourire en coin. 

- Non papa, soupiré-je, ça ne m'intéresse pas."

Il hausse les sourcils, peu convaincu pendant que je cherche un moyen de changer de sujet. 

"Tu te souviens de la tente que tu m'avais refilé ? Bah c'est celle qui était complétement déchirée par un ours.

- Oui désolé, je m'en suis rendu compte plus tard. T'es allé faire du camping tout seul ?

- Ah non, avec un pote."

Décidément, c'est comme si le destin s'arrangeait pour tout faire revenir au même sujet de conversation. 

"Il s'appelle comment ?

- Titouan, je vous avais déjà parlé de lui."

C'est bizarre de prononcer son prénom devant mes parents. Comme si ma voix seule l'assimilait à trop de sentiments pour que mon père ne se rende compte de rien. J'ai beau savoir qu'il est impossible qu'il devine quoi que ce soit, je me mets instinctivement à scruter une quelconque réaction inhabituelle sur son visage. Heureusement, son regard n'exprime rien de plus qu'une légère satisfaction. 

"Je suis content que tu aies trouvé des gens avec qui trainer."

Je ne crois pas qu'on puisse considérer Titouan comme plusieurs personnes mais j'acquiesce vivement, puis mon père lance un autre sujet et je peux enfin souffler.

Je finis de tout remettre en place pendant que mon père prépare à manger et ma mère ne tarde pas à rentrer. Elle est au téléphone en arrivant et quand elle revient parmi nous, elle a l'air énervée. 

"Tout va bien ? demandé-je, perplexe.

- Oui, c'est juste que cet après-midi je vais devoir aller chercher les cages à poules que j'ai achetées au lieu de passer du temps avec toi. 

- Je peux t'accompagner si tu veux."

Elle accepte et sa mauvaise humeur s'évapore aussi vite qu'elle est arrivée. Malgré les tentatives de ma mère pour discuter avec moi, je n'arrive pas à l'écouter avec attention car l'annonce que je dois faire prend toute la place dans ma tête. Je n'ai pas l'envie, ni la force d'attendre une seconde de plus pour me décharger de ce poids désormais trop lourd à porter. Je m'éclaircie la gorge et quand mes parents lèvent les yeux vers moi, soudain attentifs, je sens que c'est le bon moment pour prononcer ces mots...

Toxic and friends [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant