Toxic and friends [BxB]

Chapitre 74 - Epilogue

Je me réveille en sursaut d'un cauchemar. Mon réveil indique cinq heures du matin et je sens qu'il sera impossible de me rendormir. Le pire est que je ne me rappelle même plus de mon rêve mais seulement des sensations ressenties dans mon sommeil : quelque chose oppressait mon corps entier puis j'ai été soulevé par une terreur immense et c'est là que j'ai émergé. J'abandonne mes tentatives de réminiscence et me lève pour aller me laver et chasser ce sentiment désagréable qui persiste. C'est un des moments hors du temps que d'être sous la douche avant le lever du soleil. Alors que l'eau fraiche coule sur mon corps et mouille mes cheveux, je me rappelle que c'est aujourd'hui, ce soir plus exactement, que je vais au concert d'Orelsan avec mes amis. Bien sûr,  je crains de croiser Titouan dans la foule, mais je suis aussi peu à l'aise avec les endroits grouillant de monde. Pour déstresser, je décide de prendre ça comme un événement insignifiant, comme l'aurait fait Titouan, et je commence ma journée sans plus y repenser. 

En début de soirée, je quitte mon appartement pour aller chercher Shams et les autres chez eux. J'ai hésité à mettre les vêtements de Titouan mais j'ai finalement opté pour les miens. Une fois tous les cinq dans la voiture, c'est dans un joyeux brouhaha qu'on emprunte l'autoroute vers le stade du concert. On arrive en avance mais il y a déjà une file interminable pour rentrer. Quand on finit par rentrer dans la salle immense, j'ai du mal à respirer de voir tant de gens regroupés au même endroit. Shaïma le remarque et passe sa main dans la mienne alors qu'on avance plus près de la scène. 

Pour la première fois depuis que je l'ai rencontrée, Lilou porte une robe. Marron, très simple mais elle est jolie comme ça et je lui dis. Elle rougit puis se fait bousculer par les garçons qui vont déjà acheter de l'alcool. 

"Les gars vous abusez, soupire Shaïma. Le concert n'a même pas commencé !

- Justement, rigole Baptiste. C'est pour attendre le début."

Je refuse le verre que me tend  Théo, trop conscient de comment je peux finir quand je bois trop. On discute tous ensemble et étrangement, je finis par me sentir à l'aise dans cette foule pourtant très dense. Peut-être parce que je ne suis plus seul parmi des groupes qui me dévisagent.

Le chanteur apparait sous les feux des projecteurs, accueilli par les cris de ses fans. Sa présentation me fait sourire et je me surprends à apprécier ses chansons, sa voix qui fait hurler le stade entier et ses mots qui touchent chacun de nous. 

Dès les premières notes que cette nouvelle chanson, je reconnais que c'est la préférée de Titouan. Dans un espoir inconscient, je scrute les gens autour de moi jusqu'à ce que je m'immobilise. 

Nos regards se croisent. Tu es seul et une larme solitaire dévale aussitôt ta joue. Autour de nous, le monde continue son mouvement mais notre regard semble ancré dans un instant éternel. Les larmes qui embrument ma vue te mettent au défi de t'approcher, de me refaire du mal. Je me demande si c'est l'émotion de la chanson ou tes remords par rapport à notre histoire qui t'ont fait pleurer. Je ne vois aucune méchanceté dans tes yeux noisette et la douceur avec laquelle tu me regardes me rappelle à quel point ça va être dur de passer à autre chose. J'ai de bons souvenirs de mon premier amour et je ne regrette rien. La vie suit son cours. Ton regard brillant me fait presque pitié, mais au final toi aussi tu retrouveras quelqu'un. 

Je romps notre contact pour regarder devant moi, pour profiter à fond du concert. Je rigole avec mes amis, quand Théo bourré embrasse Baptiste bourré lui aussi, quand Lilou nous fait une démonstration de danse. Shams sort un stylo et écrit Carpe Diem en japonais sur mon poignet puis on va se chercher à boire, essoufflé d'avoir trop dansé.

La bière blonde coule dans ma gorge, les basses font vibrer tout mon corps et la main de Shaïma m'entraîne vers la fosse où les corps suent en dansant à en perdre la tête. Je les rejoins sans plus un regard vers celui qui m'a fait découvert ce qu'était aimer. 

"Certaines relations sont néfastes. Parfois les chemins se séparent. Mais les erreurs se réparent. Et la ligne d'arrivée est souvent la ligne de départ."

~Fin~