Chapitre 21

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"Jordan ! Viens voir, j'ai un problème."

Qu'est-ce qu'il y a encore ? Même si je l'aime, son manque de débrouillardise me désespère. Je plante le dernier piquet pour ne pas retrouver ma tente envolée dans un arbre en revenant puis je rejoins Titouan en contrebas. Il n'a pas besoin de m'expliquer son problème, ça se voit à des kilomètres : sa tente est déchirée sur toute la hauteur, comme si quelqu'un avait voulu la couper en deux.

"Alors là, je ne vois pas trop comment t'aider... Comment ça se fait qu'elle soit dans un état pareil ?

- J'avais oublié que c'était la tente avec laquelle mon père est parti au Canada, en fait c'est un ours qui l'a déchiré.

- Un ours ?!

- Oui, dans un parc naturel. Mon père n'était pas dedans à ce moment-là, heureusement.

- Toujours est-il que tu n'as pas d'endroit où dormir.

- Pas grave, je dormirai à la belle étoile."

C'est étonnant, je pensais qu'il me demanderait de lui passer ma tente ou qu'il voudrait prendre une chambre d'hôtel.

"Il fait beaucoup trop froid pour ça, j'ai pas envie de te retrouver transformé en glaçon demain matin."

Comme pour soutenir mes dires, le tonnerre gronde et la pluie commence à tomber, d'abord en bruine fine. On lève tous les deux la tête, surpris, et de grosses gouttes s'abattent sur nos visages.

"Viens vite !"

Je lui prends la main sans réfléchir et l'entraîne vers ma tente, en prenant deux de ses sacs au passage, les balançant sur mes épaules. Il résiste un instant quand je tire, mais dès que je croise son regard, son hésitation disparaît et il me laisse l'entraîner. On glisse dans la montée déjà boueuse et on se précipite au sec dans ma tente. Je monte la fermeture éclair jusqu'en haut après son entrée, je m'assois et je peux enfin respirer de nouveau.

Il fait déjà plus chaud ici, au moins ma tente est de meilleure qualité que celle de Titouan. Ce dernier s'assoit dans un coin, mais c'est si petit qu'au final on est quand même très proches.

Je grimace en remarquant que ses vêtements sont plein de boue, et ma moue se tord encore plus quand je me rends compte que je suis aussi sale que lui. En voyant mon dégoût, Titouan prend la peine d'enlever ses chaussures et de les poser dehors, où elles sont très vite rejointent par les miennes.

"On va être obligés de se changer sinon on va salir toute la tente.

- Se changer ? répète Titouan, l'air paniqué. Là ? Maintenant ? Ici ? Il n'en est pas question.

- C'est bon, on se retourne, en plus on enlève pas nos sous-vêtements.

- Encore heureux ! Comme si on allait se foutre à poil..."

C'est fou à quel point il est pudique ! Même moi qui ne suis pas à l'aise avec mon corps, ça ne me dérange pas de me changer avec d'autres mecs. Bon là c'est différent, on est seuls dans une tente au milieu de nulle part...

"Merde ! J'ai laissé mon sac de couchage dehors !"

Toxic and friends [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant