Chapitre 37

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Où est-ce qu'il peut bien être ? Il est sûrement parti. Il est sorti et m'a laissé seul dans cet horrible endroit, abandonné avec les spectres de mes peurs. J'aurais dû m'en douter, ça l'amuse de me faire du mal. Comment ai-je pu croire qu'il m'aimait vraiment ?

Des phrases plus tranchantes les unes que les autres remplissent ma tête alors que je cours à travers le jardin du château. Je cours de plus en plus vite, comme si un monstre me suivait mais ce n'est rien de plus que mon ombre. J'avais repéré un endroit du muret assez bas pour pouvoir l'enjamber facilement, le problème est que les ronces l'ont envahi et que si je m'y aventure je n'en sortirais pas indemne. Peu importe, je ne suis pas à quelques griffures près. Je prends un bâton pour abattre un maximum ces bosquets épineux et envahissants, en regardant partout autour de moi, mes yeux s'affolant dans leur orbite. J'écrase les ronces avec mes bottes mais quand je réussis enfin à passer une jambe de l'autre côté, je me rends compte que mon pied à l'arrière est coincé dans des branches. Soit je tire, auquel cas mon jogging rend l'âme, soit je reviens en arrière et ça risque de faire mal. Je choisis la première option, de toute façon mon pantalon est déjà troué. L'angoisse me fait faire des mouvements brusques, je me tourne et me prends une ronce pendante en pleine joue. Je crie de peur et de douleur et porte ma main sur mon visage. Je regarde mes doigts ; la trace sombre d'un liquide rouge m'indique que la branche m'a éraflé jusqu'au sang. N'ayant aucun mouchoir pour arrêter l'hémorragie, je laisse tomber ma plaie et recommence à courir entre les arbres, en direction de la tente. Pitié, que je ne me perde pas... 

Notre campement est bien là, comme un oasis en plein désert. Je me précipite dans l'abri de toile et m'enroule dans mon sac de couchage. Il a l'odeur de Titouan. Où est-il, d'ailleurs ? Je pensais qu'il serait revenu ici, mais il n'y a pas âme qui vive. Je décide de l'appeler. Les sonneries passent mais aucune réponse. Je réessaye, mais j'aperçois une lueur qui se dirige vers la tente. J'attends, immobile, jusqu'à ce que la silhouette ouvre la fermeture Éclair. Je tente :

"Titouan, c'est toi ?"

Une tête apparaît, Titouan se jette dans mes bras et je sers les dents pour ne pas exploser en sanglots.

"Pourquoi tu es rentré tout seul ? chuchote-il en me caressant le dos.

- J'ai cru... J'ai cru que tu m'avais laissé seul là-bas.

- Pourquoi je ferais ça ? Je suis juste allé visiter l'étage, et quand je suis redescendu tu n'étais nulle part. Je t'ai cherché par..."

Il éloigne sa tête pour voir mon visage.

"Tu t'es fait ça comment ?

- C'est juste une ronce, ne t'inquiètes pas.

- Pas de chance. Il faudra quand même te désinfecter."

J'acquiesce puis repose ma tête dans le col de son pull.

"Je suis désolé de t'avoir fait peur, me dit-il. Ça va aller ?

- Oui, désolé d'avoir douté de toi.

- Ce n'est rien. On va dormir ?

- Je veux bien. Dis, on rentre quand ? J'en peux plus de cette forêt.

- Demain ? En plus la rentrée c'est lundi, faut que je me prépare psychologiquement.

- Pardon ? rigolé-je. Ose me dire que tu vas lire un seul cours pendant tes vacances.

- Eh ! Pour une fois que j'étais motivé !

- Mais bien sûr..."


Toxic and friends [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant