¤ ALICE ¤
Je regardais la ville pluvieuse défiler. J'étais figé, comme morte. J'avais aucune envie de cohabiter avec la grosse balafre sur ma joue.
J'étais tant terrassée, incapable de lâcher même une seule larme. Mes émotions étaient immobiles, gelées.
Et même si la pluie était mon temps préféré, aujourd'hui il ne me faisait plus rien. Pourquoi je me sentais morte ?- Alice ? Tu es sûre que ça ira ? avait demandé Garry.
- Tant fait pas pour moi.
En vérité, je n'avais aucune envie de retourner chez moi. Je savais que les flash-backs seraient nombreux. Je doutais de la guérison de ce traumatisme.
Le plus compliqué était que les affaires de mon géniteur était confiné chez moi. Alors malgré la scène nettoyé, ses affaires et son odeur n'étaient probablement partie.- Sinon tu viens à la maison ?
- Non non ça ira je t'assure. Puis j'ai le bouton à enclencher en cas d'intrusion et celui en cas de crise. Je suis capable d'être quelque peut seule...
C'était tout juste inimaginable et pourtant j'étais prête à le faire par peur de déranger. Puis sachant qu'il avait un enfant, je ne me voyais pas le traumatiser avec mon immonde cicatrice...
Alors avec le peu de courage qu'il me restait, je suis sortie de la voiture.
Et j'ai ouvert l'appartement.Une vague de froid me parcouru le corps, j'étais cloué au sol. La scène m'était revenue en pleine face. Je n'avais pas ressenti une tel émotion depuis l'emprisonnement de mon père. Et me voici horrifié par son souvenir.
L'image que j'avais de lui avait perdu sa couleur. Était devenu grise, avec une perthe d'empathie intense.
Jamais je ne pourrais pardonner cet acte qui avait marqué une rupture. Une deuxième Alice totalement différente avait fait surface. Le monde avait remporté une autre âme torturée, un autre esprit errant, criant sa peine constamment espérant qu'un passant l'entend. Alors que la vérité est que cet hurlement est imperceptible, le corps étant un isolant infaible.
Je ne me sentais plus moi désormais.J'avais fini par entrer, je ne savais pas vraiment combien de temps j'avais passé tétanisé à l'idée de reprendre une vie normale, dans le lieu de mon tourment.
Je passais le maximum de temps dans la chambre, le seul endroit où il n'est jamais entré. Je me sentais beaucoup plus en sécurité ici. C'était devenu mon temple, j'y passais tant de temps à fixer le plafond. Sans rien dire, sans rien faire. Une réflexion constante qui ne prenait fin que lorsque Garry ou Mona prenaient de mes nouvelles. C'était mes seuls contacts avec l'extérieur. J'étais craintive de l'extérieure, afficher ma cicatrice était une bien trop grosse épreuve à mes yeux.Mes pensées finissait toujours par devier sur Ulyss. Il me manquait tant, c'était une routine sans arrêt depuis qu'il avait été interné. Je souhaitais simplement qu'il ne m'ait pas oublié. Et également qu'il finisse par accepter mon nouveau visage et ma nouvelle personnalité qui au premier abord pouvait être traumatisant.
C'était mon seul et unique but. J'étais devenu comme un personnage plat de roman. Incapable de s'imaginer sans son amour, étant le sujet principal.
Je laissais donc le temps tourner autour de moi, en attendant le coup de fils qui me ferait quitter mon lit.
Mais je perdais souvent espoir. Et si il était trop atteint pour sortir ? Et si en vérité il était déjà sorti ? Même si ces questions semblaient absurdes, elles me tuaient à petit feu, elles me faisaient perdre la tête et la notion du temps.
Puis je reprenais du poils de la bête, avant de déprimer de nouveaux. C'était ma prison, ce cercle vicieux. Peu confortable mais un rituel constant.J'étais brisé, les morceaux de mon coeur tremblaient à la moindre pensée. C'était devenu vraiment complexe d'affronter des journées sans but. Avec un sommeil absent et un manque d'alimentation mais aussi une hygiène indésirable. Je ne savais même pas comment l'infirmière faisait pour entrer dans l'appartement qui sentait les vestiaires de foot. De toute manière, je ne saurais jamais. Je ne lui parlais même pas, aucun mot, un silence de mort. Je ne devais pas être la meilleure des patientes mais au moins cela avait le mérite d'être rapide.
Si seulement Ulyss pouvait me remonter des Abysses.
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Viens On S'évade
RomanceDes rêves plein la tête, une amitié teintée de jalousie. Parfois la réalitée nous amène à faire des choix dangereux pour nous, ou pour les autres. On grandit et on apprend. Alice et Ulyss vont finir par le comprendre, une fois seuls contre tous. Tou...