Chapitre 58

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¤ ULYSS ¤

J'aspirais tant à sortir de cet endroit... Je ne supportais plus ce groupe de parole, à toujours écouter les mêmes histoires. Les écouter déblatérer sur n'importe quoi. Cet endroit me répugnait je n'en voyais plus la fin. Quand est ce que j'allais être libre ?

Même la petite n'était plus aussi proche de moi, parce que j'étais froid. Mon coeur se gelait peu à peu, seul les visites d'Alice me réconfortaient. Mais l'effet n'était pas assez long, quelques minutes plus tard je perdais de nouveau pieds.

Pourquoi s'acharner ? Cette prison dorée semblait éternelle, sans réelle lumière au bout du tunel, comme si je devais périr ici, au même titre que les anciens patients... Peut-être qu'ils ont pour but que nous nous tuons entre leurs murs... Des tragédies...

Mon référant, quant à lui vacillait entre les services, je ne le voyais plus autant. Je me sentais vide, seul. Comment avais-je pu imaginer une possibilitée de sortie... Imbécile d'Ulyss.

Je savais qu'Alice était avec son frère et évidemment elle n'allait pas l'amener ici. Ce n'était ni le moment, ni le lieu... Peut être qu'elle n'en avait aucune idée que je ne voulais aucunement voir Adam dans mon état actuel. Même mon psychiatre ne savait plus quoi faire pour moi. Le traitement ne fonctionnait plus. Le suivant ? Non plus.
Et voilà que j'étais abonné à un nouveau traitement plus fort, plus lourd, plus addictif. Mais pourquoi rendre dépendant un addict ?
J'étais sevré d'après les médecins mais ils venaient eux même d'échanger une drogue par une autre.
Je ne pourrais pas m'imaginer sans le cachetons. Et si c'était pire après ?
Je ne voulais plus vivre de sevrage.

- Cela fait une semaine Ulyss que nos séances n'avancent pas. Tu n'as même pas assisté au dernier groupe de parole. Puis tu nous rends tes plateaux repas pratiquement intact.
Il faut que je te menace de ne plus avoir de visite ? Ce n'est pas mon genre je déteste priver mes patients de ce qui les maintients.

Le docteur Duran semblait agacé par mon silence de mort. Il remettait constamment ces lunettes en places, il tapait son stylo à répétition sur le bureau. Mais avec ces petits détails, il me faisait bouillir tel une cocotte minute. J'allais exploser.

- Ulyss il va falloir que tu m'expliques. Pourquoi ce changement ? Avait-il ajouté un peu plus fermement.

- Vous êtes le psychiatre. Je suis le patient. C'est votre métier de savoir ce que j'ai. Avais-je soufflé.

Il avait jeté un regard pesant sur moi. Il était probablement choqué. J'avais toujours été assez coopératif jusqu'ici. Mais là je voulais juste sortir de ce merdier. J'en pouvais plus de ce bureau maudit, avec ma chaise grinçante.

- Bah quoi ? Vous êtes outré par mon comportement ? Je vous assure que cet endroit me donne la gerbe. Faites moi sortir j'irais mieux.

- Écoute, je n'ai pas le choix tu ne sortiras pas. Tu n'as même pas ton traitement depuis deux-j...

Mon point sur le bureau avait fait résonner les murs de l'hôpital. Et le psychiatre désemparé essaya de continuer tant bien que mal sa phrase mais j'étais plus vif.

- Je m'en fiche putain. Vous croyez que j'en ai quelques choses à foutre de vos essais clinique de merde. Vous me rendez juste plus dépendant à autre chose que la drogue. Et la drogue elle au moins elle ne me rendait pas malade.

- Alors Ulyss, calme toi s'il te plait. Je n'ai pas envie de t'envoyer à l'isolement. Tu ne vois pas que c'est pour ton bien ? Je n'aime pas prescrire des médicaments et pourtant c'est nécessaire. Crois moi je ne veux pas t'empoisoner.

Il était plus calme, comme si il essayait de m'apprivoiser. Je n'étais pas un criminel ni un animal. Pourtant j'étais bel et bien en cage.

- Mes deux premiers traitements n'ont pas fonctionné. J'ai vomis, eu des mals de crâne à vouloir m'exploser la tête et pourtant je faisais comme si c'était normal. Sauf que dès que je me plein on me file une autre merde alors je vis un sevrage après l'autre. Et vous trouvez ça normal ? Je suis bien un addict non ?

J'avais envie de tout retourner, j'étais au bord du gouffre. Mes yeux se remplissaient peu à peu de rouge. Mon sang faisait des tours un peu plus violent à chaque mot que je sortais.

- C'est une conséquence de ton diagnostique. Alors maintenant calme toi. Dernier avertissement sinon je vais vraiment enclencher l'appel d'urgence.

- De quel diagnostique ? Depuis quand vous ne me dites pas qui je suis ?

Un bruit sourd avait éclaté au creux de mon oreille, tout se bousculait je m'imaginer brûler de l'intérieur. Je ne voyais plus rien.
Quand je pu enfin m'orienter, le psychiatre était contre le mur et son col dans ma main avant que les molosses ne m'attrapent.

Viens On S'évade Où les histoires vivent. Découvrez maintenant