Chapitre 57

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¤ ALICE ¤

Le bruit des trains, la foule, l'odeur de la sueur. Pas de doutes nous étions bel et biens dans une gare. Emmitouflée dans mon écharpe, je cherchais du regard mon petit frère en tentant de me réchauffer à l'aide de mon café à emporter. J'avais l'air d'un cliché livresque, plutôt drôle non ?
Je me demandais ce qu'il faisait, la quasi-totalité des voyageurs étaient sortis pourtant mon frère manquait toujours à l'appel puis soudain. Un rouquin attira mon attention et me fit décrocher un sourire. C'était lui, enfin.
En acceptant avec rapidité son étreinte j'avais failli renverser ma boisson sur le sol. Mais après tout, Adam était bien plus important que ça.

- Alice ! Enfin ! On se retrouve... avait-il chuchoté complètement enjoué.

- Excuse moi pour toute cette absence... Je suis sincèrement désolé...

Ma gorge c'était noué et je ne voulais pas quitter ses bras. Après tout ce temps, sans nouvelles par ma faute je ne voulais pas perdre la moindre seconde. Il était le seul membre de la famille qui me restait. Les autres ne me considéraient plus malheureusement.

Il s'était reculé puis avait regardé minutieusement mon visage. Je savais qu'il analysait la balafre. J'étais effrayé, je détestais qu'elle soit détaillée mais c'était seulement Adam...

- Je ne suis pas très à l'aise quand on la fixe tu sais...

Son regard avait dévié immédiatement vers le mien puis il ma souris.

- Elle te donne un charme ! s'était-il écrié.

Ma main était rapidement venue se loger sur sa bouche par peur que le monde l'entende parler si fort.

- Il y a trop de gens autour... Ne crie pas s'il te plaît je veux pas qu'on me reconnaisse. dis-je calmement.

- T'es pas drôle, j'ai rien dis de mal !

- Je sais Adam, merci pour ton compliment d'ailleurs.

Il avait le rire facile, un vrai soleil, sa présence donnait un peu de chaleur à mes journées froides. Car seule dans l'appartement mes journées tournaient vite à la routine.
Je savais aussi que fuir notre "cocon" familial allait lui faire beaucoup de bien après tout ce qu'il s'est passé.
Sa valise était beaucoup trop lourde pour le peu de temps qu'il allait rester. J'aurais aimé qu'il s'installe définitivement mais malheureusement on ne choisit pas ce genre de chose à la légère.

En arrivant à l'appartement, à peine la porte ouverte il avait courru vers sa chambre. Celle dans laquelle il avait dormi lors de sa dernière visite.

- Alice tu as tout changé dans cette pièce !

Il me regardait complètement surpris pendant que je cherchais mes mots.

- Tu sais après que notre Père ait logé ici et que toute ses affaires soit embarqué par la justice... Mon psychiatre m'a conseillé de transformer cette pièce pour d'un côté gommer les mauvais souvenirs mais aussi pour m'occuper. Alors...

- Tu as exécuté !

- Exactement... Ça te plaît ? avais-je demandé innocemment.

- Totalement ! J'adore.

Même si la période de thérapie n'était pas finie, j'avais déjà réussi à réapprendre à aimer mon appartement. C'était l'endroit dans lequel je passais tout mon temps, alors changer ce qui me rappelait les mauvais moments était une véritable libération. Peut-être que ça ne plairait pas à mon chéri mais je savais qu'il comprendrait.

- Alors Ulyss ? Comment va-t-il soeurette ? m'avait-il interrogé difficilement.

Je savais qu'il avait peur de me brusquer et c'était très prévenant de sa part. Il voulait comprendre c'était normal, après tout il le connaissait depuis petit.

- Il se remet de son overdose petit à petit, il commence à assimiler le traitement même si il y a eu quelques obstacles... avais-je répondu lentement.

- C'est super ! Je veux qu'il s'en remette ! Il le mérite !
Mais qu'est ce que tu entends par obstacles Alice ?...

Il était hésitant, c'était adorable de voir autant d'inquiétude de sa part. Je me sentais importante pour lui.

- Comme je t'ai un peu expliqué... Je n'ai pas pu le voir pendant plusieurs semaines... C'était impossible avec le pic émotionnel de son traitement mêlé au symptômes du sevrage. Puis il y a eu...

Quelques larmes essayaient de s'échapper de mes yeux mais j'essayais de les retenir tant bien que mal. Mon petit frère l'avait vite compris, alors il m'avait collé à lui. Il avait eu la bonne réaction, celle qu'on espère tous de la part de nos proches.
J'avais enchaîné avec la suite une fois prête. Il avait compris qu'il fallait que je récupère de la force mentale avant de pouvoir continuer. Sans un mots il attendait, il ne rendait pas ça dramatique, c'était agréable.

- Le couteau... Je ne me reconnaissait plus. Ulyss a évidemment péter un câble... C'était compréhensible sauf que ces émotions étaient décuplé... Puis je me suis fait suivre et putain c'est dur... avais-je fini en chuchotant.

- Alice je sais que ça a été difficile... Que tu as eu peur. Je sais que tu te sens coupable. Et non ce n'est pas de ta faute tout ça... J'aurais aimé te contacter...

- Je me déteste moi même... C'est pourtant si évident... Tout ça, a un rapport direct avec moi merde.

- Crois moi ce n'est pas toi, tu n'as pas pris ces décisions à leur place...

Il avait raison mais pourtant la culpabilité refusait de quitter mon moi profond.

Viens On S'évade Où les histoires vivent. Découvrez maintenant