Chapitre 56

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¤ ULYSS ¤

Les feuilles tombaient, le sol était tapissé de rouge, d'orange et de jaune. Cela inspirait beaucoup Natasha pour ces dessins. Et pour ma part j'essayais de trouver l'inspiration en inspectant ce magnifique paysage. Comme à son habitude, la salle commune était calme, aucun bruit fort, que des discussions à voix basses : c'était un véritable plaisir d'être ici.
La plupart des personnes du groupe de parole se trouvaient ici, pourtant nous ne adressions pas la parole. Je connaissais une bonne partie de leur histoire, il connaissait la mienne. C'était troublant. Je n'aurais jamais penser autant me plaire dans cet endroit, et Nat' non plus d'ailleurs.
Je ne l'avais jamais remarqué avant le groupe de parole, après tout elle s'asseyait entre les bibliothèques de sortes à ce qu'on ne puisse pas la voir. C'était intelligent, surtout lorsque l'on aime pas être entouré de trop de gens.
Chacun son refuge. Le mien était le même depuis le début. Assis dos aux bibliothèques, face au dessins des patients, avec sur ma gauche une grande et belle fenêtre. Avec le temps, je n'étais donc plus seul, la petite brune avait pris place à ma table. Au départ ce n'était qu'occasionnel, elle avait plutôt peur d'avoir affaire à un jeune homme manipulateur. Finalement, je lui avait expliqué que j'avais déjà quelqu'un dans ma vie et que je ne voulais que de l'amitié pour pouvoir avancer et s'encourager dans l'enceinte de la clinique. Ce qu'elle compris au fils de nos discussions.

Son histoire m'avait beaucoup touché. Et tout ce qu'elle m'avait raconté m'avait révolté. C'était atroce ce qu'il lui était arrivé. Dès son entrée au collège, elle avait été retiré de chez ses parents qui avaient été jugé inapte à s'occuper d'elle. Les services sociaux l'avait placé chez son grand-frère. Elle vivait donc chez lui. Il avait un colocataire, son meilleur ami que Natasha connaissait bien avant le départ de son frère et n'y voyait donc pas d'inconvénient. Sauf qu'elle avait toujours voulu être avec lui malgré qu'il soit bien plus âgé. Il l'avait bien compris et en profita pour faire du chatage affectif avec elle, il l'avait fait tombé dans la drogue. Il la trompait, et profiter de ça pour lui lâcher des phrases tel que "Si tu ne me suces pas tant fait pas j'en ai d'autres qui le feront à ta place". Elle s'était donné à lui par peur de le perdre, des centaines de fois. Son frère trop occupé par les études n'avaient rien remarqué. Elle avait fini par reprendre son plus grand vice : la scarification et avait intensifié sa consommation de drogue. Bien évidemment tout fini par se savoir, elle avait elle aussi failli succomber à une overdose.
La justice n'avait pas eu écho des agissements de celui qui l'avait manipulé. C'était abominable mais c'était ainsi... malheureusement.

Les visites d'Alice étaient notre lien avec l'extérieur. C'était rassurant de voir qu'il n'y avait pas que l'hôpital qui existait encore. Mais l'extérieur m'effrayait. Cela faisait beaucoup trop de temps que je n'avais pas mis un pieds dehors...
Je ne savais même pas ce qu'était devenue ma clé USB. Celle dans laquelle se trouver les enregistrements qui traduirait tout mes états d'âmes.
Qui redonnerait un plein sens à mes cicatrices. Je savais que ma prose à ce moment était intense. Et que tout re-découvrir allait m'exposer à mes problèmes de colère. Je ne pouvais plus me voiler la face depuis le raisonnement du psychiatre... C'était la simple réalité, celle qui blesse.
C'était aussi pour ça que sortir provoquait une angoisse intense au plus profond de moi... Ma patience était réduite, mes émotions décuplé. Certes le traitement jouait beaucoup mais il était possible que mon comportement ne change pas. Dans ce cas là, je serais forcé de continuer les thérapies et donc garder un pieds dans cet endroit. Ce que je ne souhaitais aucunement. Une fois libre, je voulais que se soit total. Aucune contrainte...

Le plus dur allait être les médias, les fausses informations, le baratin des fans. Je n'étais pas préparé à de nouveaux faire face à tout cet univers. Peut-être que la célébrité n'était pas faite pour pour moi ?
Je me posais trop de questions, tout le temps. Heureusement que celle que j'aimais apaisait le tout d'un regard. C'était clair que sans elle, je serais déjà au bord du gouffre sûrement mort depuis longtemps. Elle aussi... On s'était bien trouvés. Deux âmes brisés par la vie, qui ne se sont jamais lâché.
Et dire que depuis le début tout était parfait entre elle et moi. Sauf nos brimades qui n'auraient pas eu lieu si nous avions eu le courage de nous l'avouer. Le destin avait préféré cette histoire, et ce n'était pas grave car au fond nous avions tout, mis à part le statut.

Par contre les je t'aime eux était arrivé tard...

Malgré tout ils étaient bien plus que sincère.

Viens On S'évade Où les histoires vivent. Découvrez maintenant