Chapitre 43

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¤ ALICE ¤

J'hurlais de toutes mes forces. Je n'avais plus de larmes, mes yeux étaient tout ronds, ouvert en grand.

- Mademoiselle, nous allons devoir recoudre la plaie de votre joue... Je sais que cela va être douloureux mais elle doit impérativement être rapidement refermé.

La voix du chirurgien de garde résonnait. Je tournais de l'oeil... Tout les bouts de verre n'étais plus incrusté dans mon corps, malheureusement le rouge qui sortait des plaies ne presageait rien de vraiment bon.

- Elle perd trop de sang ! Il va falloir la perfuser ! hurla le médecin à l'infirmière. 

Les portes avaient raisonné une seconde plus tard. Elle devait courir vraiment vite.

- Mademoiselle... Je vous en prie, restait avec nous.. Je suis désolé de ce qui vous arrive.

Je perdais lentement mes cinqs sens. La vue avait déjà quitté mon corps. Je ne sentais plus rien, aucune odeur...
Je me voyais mourir, autant de perte de sang.
Mais c'était si improbable, juste des bouts de verre... Et me voilà prête à tout lâcher.

Plus rien... Le néant, des étoiles, des paillettes et Ulyss qui me tends la main.
Il était là, je le sentais. J'étais prête....

En un sursaut je m'étais réveillé. Des mouvements sur ma poitrine, du souffle dans ma bouche. Je m'étais relevé en toussant tout l'air qu'on m'avait refilé...
J'avais été réanimé...
Suite à cet épisode, l'équipe médicale avait fini son travail. J'étais charcuté.
Je redoutais amèrement le moment où j'allais devoir affronter mon reflet. Je savais que plus jamais, quelqu'un n'allait regarder mon visage avec la même douceur que par le passé. 
Il avait détruit ma vie à coup de poignard.

Et celui que j'aimais ? Allait-il toujours autant apprécié caresser ma joue comme autrefois ?
Je me souvenais avec exactitude de la chaleur de ses mains qui me réchauffait  l'hiver... C'était si étrange mais reposant.
Je forçais mon cerveau à ce souvenir de tout. J'avais peur de perdre ce qu'il me restait d'Ulyss.
Car si cette cicatrice avait tout terrassé, c'était évident que j'avais tout perdu.
Alors avec anxiété, j'ai imaginer qu'il ne m'aimerait plus.

C'était quotidien et malsain. Les mêmes idées, en boucle, sans arrêt. J'étais clairement dérangé.
Aucunement prête à sortir alors que mon état n'était plus critique.
Je savais que ma tête finirait sur internet avec des gros titres.

" Ally défiguré ! L'oeuvre d'Ulyss où recherche d'attention ? "

J'avais envie de régurgiter les repas infâmes de l'hôpital. Car malgré un personnel absolument parfait... La nourriture quant à elle était absolument infecte.

De plus, c'était le jour. Celui où je devais enlever mes pansements. J'allais découvrir qui j'allais être pour le restant de ma vie. Un corps qui a souffert et qui paraîtra souffrant au moindre regard insistant.
Je voulais voir seule, que personne ne soit là. Eviter la pression des gens. Être seule quelques instants.
Je pris mon courage accoudé devant ce miroir. Et d'une traite j'ai retiré ce pansements.
À peine mon regard posé sur cette atrocitée, je n'ai pas pu stopper ma complainte. J'étais horrible.
De ma tempe à ma lèvres, une traîné peu droite, violacé encore suturé.
Je ne pouvais plus tenter de maintenir ma respiration et ma rage. Je faisais trembler l'étage.
Et en vérité, il n'avait pas fallu longtemps avant que quelqu'un me trouve.
Seule dans cette salle de bain, les yeux rempli de colère liquide. Tout était devenu rouge. J'avais envie de lui pourrir la vie comme en un geste il avait détruit la mienne. Jamais je ne pourrais accepter cette cicatrice.

- Mademoiselle Alice... Nous ne voulions pas que...

- Vous ne vouliez pas que je vois ça ? Cette immonde trace ? C'était si ouvert que ça ?  J'aurais pu avoir une plus jolie cicatrice moins visible ? Putain.. avais-je hurlé.

- La plaie était trop profonde... Nous avons fait au mieux... Je suis vraiment désolé. 

- Je me doutes que vous l'êtes. Je fais peur ! J'ai l'air fragile !

- Vous verrez avec le temps... Elle sera beaucoup moins imposante et plus blanche... me chuchota l'infirmière.

J'allais tout de même avoir à faire à ce passage de ma vie éternellement.
Mais c'était bien trop tard. Le mal était fait, et je ne pourrais pas réellement le cacher. J'allais devoir m'y habituer.

Viens On S'évade Où les histoires vivent. Découvrez maintenant