Chapitre 43

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Sans perdre de temps, je pointe instinctivement ma baguette vers l'arbre. Une espèce de corde invisible doit s'en être attachée à une des branches car, comme si je m'étais hissée à une liane, ma baguette m'a poussée dans une trajectoire de quelques mètres, avant de me lâcher au bord du lac.

Je prends quelques instants pour réaliser ce qu'il vient de se produire.

-Alors, comment c'était ?, dit une voix du haut du saule.

-IMBÉCILE, JE NE SAIS PAS NAGER !

~~~

Erwan est assis contre le saule, les bras croisés sur ses genoux.

-Tu vas m'expliquer ce que je t'ai fait pour mériter ça ?, je souffle.

-Je ne savais pas que tu ne sais pas nager, se justifie-t-il.

-Même ! On est en novembre ! Il gèle ! Pourquoi tu me jetterais dans le lac par ce temps ?!

-Si tu avais ouvert les yeux, tu aurais compris pourquoi, répond-il.

-Pardon ? Ouvrir les yeux ? Et comment j'étais censée deviner ça, moi ?!

-Eh bien, je ne pensais pas que tu aurais été assez rapide pour les fermer avant de finir dans l'eau. Quand j'ai poussé Nolan, il les a gardés ouverts et en ressorti ébahi. Mais c'est vrai qu'il n'a pas l'esprit très vif...

-Qu'est-ce qu'il y a, dans ce lac ?, je demande.

Je suis toujours sous le choc et en rogne, mais j'ai aussi envie de comprendre.
Ma curiosité a juste fini par me calmer un peu.

Étrangement, pendant que ma rage se dissipe, je sens une grande force magique mais ma colère est encore trop grande pour que je puisse me concentrer dessus.

-C'est difficile à expliquer, réplique-t-il, c'est pour ça que je t'ai poussée.

-Alors je fais quoi ?

-Si tu veux voir, il n'y a qu'un seul moyen.

-Mais je ne sais pas nager.

Erwan soupire, se lève et me tend une main.

Je m'appuie sur les miennes et me relève toute seule.
Je lui en veux encore, il aurait pu me prévenir.

Je le fixe droit dans les yeux et croise les bras.

-Si tu refuses que je te touche, ça commence mal, dit-il.

-Et pourquoi ?, je hausse les sourcils.

-Parce que si tu veux voir ce qu'il y a dans ce lac, il va falloir que je t'apprenne à nager.

-Certainement pas.

-Oh, allez, il s'exclame. Je vais rien te faire.

-Non ! Je vis très bien sur la terre ferme, moi. Et puis je n'ai pas besoin de savoir nager pour voir ce qu'il y a là-dessous.

La fille des Quatre Maisons (abandonné)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant