L'enfant des Ténèbres

L'Enfant des Ténèbres - XLIV

Alix grommelait depuis dix minutes déjà. Tom soupirait à chaque juron qu'elle disait quand elle marchait sur le squelette d'un rat, à chaque cri de dégoût quand elle posait le pied dans une flaque d'eau saumâtre.

— Bon, tu as fini de geindre ? Finit par dire Tom exaspéré.

— Franchement, ton ancêtre aurait pu choisir mieux comme endroit ! Répliqua Alix.

— Les Basilic aiment l'humidité, expliqua Tom.

— Ça aime l'eau ? S'étonna Alix. Ben c'est sûr que c'est pas fait pour toi un tel serpent.

— Les endroits humides, j'ai dit, grogna Tom.

Alix gloussa. Tom s'arrêta d'un coup sans prévenir et elle rentra dans son dos.

— Préviens quand tu t'arrêtes comme ça ! Dit-elle furieuse.

Ils étaient devant un éboulement. Tom fronça des sourcils.

— Oh, génial, grimaça Alix. Maintenant de l'escalade !

— Ça n'était pas comme ça, dit-il. Viens, il faut passer.

— C'est la dernière fois que je te suis quelque part, dit-elle. La prochaine escapade en amoureux on l'a fait dans la forêt, je te préviens.

Les oreilles de Tom devinrent rouge. Il s'interdit de la regarder et commença à gravir le monticule de roches. Alix le suivit, en jurant à nouveau.

— Tu devrais ranger ta tanière, dit-elle quand ils se retrouvèrent de l'autre côté. Regarde moi cette poussière ! Et encore tes squelettes de rats ! On t'a pas appris dans l'East End à mettre à la poubelle les restes de tes repas ?

— Tu peux pas te taire deux secondes ?

Elle ferma sa bouche avec un sourire et il la vit lever sa main et compter. Il poussa alors un gémissement.

— Voilà, deux secondes.

Tom lui lança un regard noir, plein de colère. Il n'était pas d'humeur et plus il s'approchait de la Chambre des Secrets, plus il sentait une angoisse monter en lui. Pourquoi le serpent ne lui parlait toujours pas ? La dernière fois, il avait entendu sa voix l'appeler. Là, rien. Le silence total.

— Bon, c'est tout ? Demanda Alix.

— Non, c'est par là.

Ils reprirent leur chemin longeant une immense peau de serpent. Alix la caressa, et en silence preuve qu'elle était impressionnée. Tom sourit. Quand elle verrait le Basilic elle ne saurait pas quoi dire.

Ils arrivèrent enfin devant la porte. Tom l'ouvrit d'un simple ordre en Fourchlang. Il s'écarta tête haute, le torse bombé.

— Tu n'oublie pas, dit-il sérieux. Si je te dis de fermer les yeux, tu le fais.

— Oui, chef !

Tom sourit. Il passa devant. Alix rencontra à nouveau son dos.

Immobile, Tom regardait une longue forme au loin. Sa baguette magique n'illuminait pas le Basilic mais un squelette d'un immense serpent à côté du bassin sous la statue de Salazar Serpentard. Alix se décala et regarda alors le triste spectacle.

— Tom...?

Le garçon s'avança, tremblant mais surtout dans une incompréhension totale. Que s'est-il passé ? Comment ce majestueux serpent, son serpent pouvait être mort ? C'était impossible. Il s'arrêta prêt du cadavre qui n'était plus que os. Alix n'osait s'approcher plus. L'air s'était comme raréfié, elle avait l'impression que son souffle restait coincé dans ses poumons.