L'Enfant des Ténèbres - LXVIII

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— Tom, est-ce que tu peux m'aider ?

Walburga entra dans la chambre de son camarade qui était face à un miroir, ajustant son noeud papillon. Il se tourna vers elle. Dans une longue robe verte émeraude, elle paraissait tout autre. Elle faisait son entrée dans le monde à son tour. Elle releva sa longue chevelure noire et lui montra son dos.

— Peux-tu m'aider à accrocher ma robe ? Demanda-t-elle.

Tom observa un moment la peau pâle de la Black, et surtout son long cou. Son amie allait en faire des envieuses. Il sourit et s'approcha pour accrocher l'arrière de la robe, avec délicatesse.

— Est-ce que... tu voudras bien me sauver des autres ? Dit-elle. Je... Je sais que je risque d'y rencontrer mon futur époux mais...

Tom posa ses mains sur ses épaules.

— Je serais ton chaperon, dit-il. Si je trouve qu'un de ces sorciers ne te méritent pas, je le dégagerais pour toi.

— Merci...

Elle se retourna vers lui avec un doux sourire.

— Je n'ai appris que ça, moi : à devenir la femme d'un homme... Mais j'aimerais l'aimer...

Tom fronça des sourcils.

— Moi, j'aimerais qu'il t'aime comme tu es, Wala, dit-il sérieux. Tu es ma première amie... Je veux surtout qu'il t'aime comme on aime ses rêves... Je veux qu'il t'admire comme une déesse.

— Tu es devenu poète, dit-elle amusée.

Tom haussa des épaules.

— Mon camarade de chambre à Beauxbatons l'était, dit-il. Et puis... J'ai vu la guerre assez pour savoir que ça ne fait pas de mal de l'être un peu... surtout avec les gens qu'on apprécie.

Walburga l'enlaça et déposa un baisser sur sa joue. Tom se tendit légèrement. Elle le repoussa alors d'un coup et tourna sur elle-même.

— Suis je belle ?

Tom fit semblant de prendre le temps. Walburga écarquilla des yeux. Il fit une grimace, comme si quelque n'allait pas. Il s'approcha alors et glissa une mèche de cheveux noirs derrière l'oreille de la jeune femme de seize ans.

— Ça va, dit-il. Je pense que tu feras partie des plus jolies filles.

— Filles ? Jolies ? Goujat !

Elle lui donna un coup avec le plat de la main sur l'épaule. Tom pouffa de rire.

— Je suis obligé de dire ça, dit-il. Je te rappelle que Alix sera là aussi et c'est...

— Tu l'aimes, coupa Walburga.

Tom soupira.

— C'est une amie, comme toi, dit-il un peu froidement. Alors oui, je l'aime. Comme toi. Comme Ella.

Walburga roula des yeux.

— Ne mens pas à ta « première amie », dit-elle. Il y a bien plus que de l'amitié entre vous. Au point que tu as réussi à convaincre le Lord Black de la sauver des griffes de Lestrange !

— Le mérite revient à elle, seule, répondit Tom.

— Vous disparaissez quatre jours... et on vous voit ne plus vous quitter et même vous parler presque normalement, puis mon parrain t'envoie en France ? Allons, Tom... Tout le monde sait ici, que vous avez... fait plus qu'échanger un baisser.

Tom rougit légèrement. Il se massa la nuque en poussant un soupir.

— T'en a-t-elle parlé ? Demanda-t-il.

— A demi-mots... A Poudlard c'était compliqué d'aborder ce sujet quand on sait qu'elle sera fiancée dans un an... Elle qui ne veut pas d'enfant... vivre coincé dans un foyer... Pauvre Alix...

Tom déglutit. Pas d'enfant.

— Et toi ? Dit-il. Tu veux des enfants ?

— Bien sûr ! Plein ! Au moins trois ! Des filles, surtout...

— Je suis sûr que tu auras au moins un fils.

— Hmm... j'imagine si je dois épouser un Sang-pur traditionaliste... Je risque même d'avoir un seul enfant si le premier né est un garçon...

Tom soupira avec elle.

— J'en suis désolé si c'est ce qui arrive, dit-il à voix basse. Tu mérites d'être heureuse.

— J'ai une idée pour attirer les regards ! S'exclama Walburga d'un coup avec un sourire. Après tout... tu es certes un sang-mêlé mais le pupille de mon parrain, Lord Black et très mignon...

— Mignon ? Grogna Tom.

— Tom ! Faisons semblant d'être ensemble, dit-elle.

Tom fronça des sourcils. C'était quoi ce plan encore ? Voulait elle faire enrager sa mère ? Oui, bien sûr. Walburga voulait tout le contraire de sa mère : se marier par amour et non pour un nom, pour une place.

— Je ne suis pas sûr que...

— Ils n'auront d'yeux que pour moi, dit-elle surexcitée, et toi, il n'y aura pas de vieilles mères qui pousseront leurs filles vilaines et des Cracmols vers toi ! Nous y gagnons tous les deux. Lestrange ne pensera pas que tu veux lui piquer sa fiancée en plus. Tu pourras peut-être danser avec Alix comme ça...

Tom eut un frison. Alix. Une danse avec elle serait précieux. Walburga n'avait pas tort. Il hocha donc de la tête.

— D'accord, dit-il. Mais je te préviens : trois danses, pas une de plus.

— Cinq, dit Walburga intransigeante. Sinon, le plan ne fonctionnera pas. Ensuite, il faudra que tu donnes ton accord pour que d'autres viennent danser avec moi... comme si tu étais jaloux. Moi, je ne dirais rien pour Alix, montrant clairement que je vous sais juste bons amis. Que je n'ai pas à être donc jalouse.

— Tu donnes l'impression d'y avoir réfléchi pendant des jours, dit-il suspicieux.

— Non, ça m'est venu là... Mais avoue que c'est un bon plan ! Et puis... ça va tellement énervé ma mère...

— Avoue que c'est surtout cette partie là qui te plaît tant !

Elle fit un sourire espiègle. Ils rirent doucement. Quelqu'un s'arrêta alors devant la porte.

— Qu'est-ce qui vous fait rire ? Demanda Melania.

— Rien, répondirent les deux amis ensemble.

— Dépêchez vous de descendre, dit Lady Black. Votre tante n'aime pas attendre... Walburga... Écoute bien ses conseils, d'accord ?

— Oui, ma tante, répondit Walburga. Mais... je crois que ça ira. Tom est avec moi.

Tom fit une grimace. Melania lui fit un sourire. Elle s'approcha de lui et ôta une poussière invisible sur sa belle robe de sorcier noire.

— Vous êtes très beaux, tout les deux... et assorti, dit-elle. Vous faites honneur à votre famille.

Tom redressa sa tête, ému d'être considéré comme un membre de cette famille.

— Merci, Lady Black, dit-il.

— Allons-y ! S'exclama Walburga. N'oublie pas : cinq danses !

— Oui... Si tu veux, soupira Tom.

Melania les regarda partir. Elle arrêta d'un signe de la main son époux qui descendait en sifflotant, une cigarette éteinte à la bouche.

— Quoi ? Marmonna Arcturus.

— Je crois que ta crainte du futur de Orion et de Walburga n'a plus lieu d'être, répondit-elle.

Arcturus arqua un sourcil. Il haussa des épaules et reprit son chemin. Il devait faire acte de présence à ce bal des demoiselles qui faisaient leur entrée dans la société. C'était si barbant d'après lui. Vivement les années cinquante où cette tradition allait disparaître. Du moins, il l'espérait bien, quitte à participer à la fin de ces mœurs qui lui prenaient beaucoup trop de temps.

L'enfant des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant