L'Enfant des Ténèbres - X

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Oscar regardait Tom assis dans le jardin d'un petit cottage. Le garçon ne disait rien depuis leur arrivée la veille chez un de ses professeurs. Le chat s'approcha lentement et se frotta contre les jambes pliées du garçon qui regardait droit devant lui, l'air absent.

— J'aimerais savoir pleurer, murmura d'un coup Tom.

Oscar arrêta ses caresses et tourna sa tête vers lui. Tom n'avait pas bouger, les yeux fixés sur le clocher d'une vieille église.

— J'aimerais apprendre à pleurer, dit Tom dans un murmure.

Tom avait compris qu'il était triste. Il savait que normalement si on était triste, on pleurait. Il ne savait pas comment le faire par contre. Il arrivait à forcer une petite larme d'un seul œil mais rien de plus. Oscar posa sa tête sur la main de Tom.

— Je suis sûr que Archi sait que tu es malheureux pour lui, dit le chat avec douceur.

Tom ne bougeait pas. Oscar était lui aussi triste, surtout de voir ce garçon comme ça. Il sentit alors la main de Tom bouger. Il serrait ses poings. Oscar donna un petit coup de tête alors que Dumbledore sortait dans le jardin avec un plateau qu'il posa sur une petite table sous un parasol.

— Vas parler avec ce sorcier, chuchota Oscar. Il s'inquiète pour toi, lui aussi.

Tom avait les yeux noirs, et Oscar le sentit trembler. Le bruit du plateau sur la table attira à nouveau l'attention de Oscar vers le sorcier qui les hébergeait pour encore trois jours. Dumbledore versa du thé glacé dans deux verres et remplit un bol de lait. Oscar se lécha les babines. Tom le repoussa alors.

— Laisse moi.

Le chat baissa ses oreilles, triste.

— Tom ? Appela alors Dumbledore. Je t'ai apporté du thé froid. Ça te fera du bien. Tu es resté en plein soleil toute la journée.

Oscar baissa la tête alors que Tom ne fit aucun mouvement prouvant qu'il avait même entendu. Dumbledore poussa un soupir.

— Il y a des gâteaux aussi, dit-il. C'est une voisine qui me les a apporté.

Oscar s'éloigna de Tom, sentant l'odeur du lait. Si Tom ne voulait rien, tant pis. Lui, il comptait profiter de la gentillesse de leur hôte. Dumbledore fit un sourire au chat puis marcha vers Tom. Il s'agenouilla à côté du garçon boudeur.

— Tom... Archibald reviendra te chercher dans un an exactement, dit Dumbledore. Ça ne sera pas long et je suis sûr qu'il va s'en sortir.

Tom tourna lentement sa tête vers son professeur.

— Il n'aime pas le froid, dit-il. C'est un frileux. Et... il a besoin de son whisky. Il n'aime pas le gruau sans...

— Je doute de pouvoir lui apporter une bouteille de whisky, dit Dumbledore. Mais je peux voir pour qu'il ait des couvertures en plus. Viens manger et boire un peu. Un garçon de ton âge doit prendre des forces pour bien grandir !

— Je n'ai pas faim.

Dumbledore soupira.

— Tu es triste, dit-il avec douceur. Ce n'est pas ta faute.

— Je sais.

— Ce n'est pas ta faute, Tom.

Tom fronça des sourcils.

— Je sais, répéta-t-il. C'est bon, monsieur !

Dumbledore l'observait de ses yeux bleus électriques, insondables.

— Bien, dit-il. Ce n'est pas ta faute.

Tom souffla en détournant la tête. C'était la faute de qui alors ? Il ne savait pas. Parfois il se disait que c'était la faute de Archibald. Ou de lui, oui. Pourquoi avoir repris les duels si ce n'était pas à cause de lui ? Il caressa alors son bracelet qui avait dû coûter un bras. C'était pour le payer peut-être. Tom pensa à jeter ce bracelet. Tout ça à cause d'une envie stupide d'avoir un cadeau qui pensait digne de lui. Il pensa au médaillon qu'il avait tenté de voler. C'était sa faute. Tom baissa la tête. Il était un idiot.

L'enfant des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant