L'enfant des Ténèbres

L'Enfant des Ténèbres - XVIII

Ils traînèrent un garçon inconscient, recouvert de son sang, les paupières brûlées, une muselière obstruant sa bouche et enserrant sa tête lourde. Aucun des deux hommes ne remarquèrent les blessures se refermaient lentement mais sûrement petit à petit, sous l'épaisse couche de sang. Ils ouvrirent la boîte en fer posée sur un réchaud où du bois brûlait. Ils mirent l'enfant dedans puis fermèrent la porte et la verrouillèrent.

Tom avait la gorge sèche, sa peau le démangeait et le brûlait. Il essaya d'ouvrir ses yeux. Avec difficulté il leva ses paupières et découvrit un monde noir. Il leva faiblement sa main et sentit une paroi brûlante. Il faisait si chaud dans cette endroit. Était il dans ce que les moldus et ces curés nommaient Enfer ? Si c'était ça la mort, Tom n'en voulait pas. Il avait si chaud. La bride autour de sa tête était devenue brûlante aussi, ses lèvres collaient contre le métal, sa langue déchirée contre les piques dans sa bouche. Il voulait juste avoir moins chaud et un air frais. Juste ça.

Il faisait noir. Au bout d'un chemin sauvage, avec des arbres morts, un manoir brûlait dans la nuit. Seule lumière verdâtre dans les ténèbres. Tom entendait des cris de désespoir, des sifflements moqueurs. Une femme hurla. Un cri inhumain, plein de terreur. Tom sourit. La femme était Mrs Jedusor. Ses yeux saignaient. Les flammes vertes l'entouraient fondant sa chaire, comme si elle était faite de cire. Un homme tenait dans ses bras un cadavre ensanglanté sur du sable. De l'eau noir semblait vouloir les recouvrir. Mr Jedusor pleurait son fils mort. Un bruit de tintamarre retentit puis de métal. Une porte s'ouvrit alors sur un manoir ravagé par les flammes enchantées et déchaînées. Les lueurs vertes dansaient comme une valse diabolique et pourtant Tom se sentit en sécurité et chez lui. Tout au fond, dans une alcôve de pierre noir, Archibald dormait en marmonnant. Il murmurait après une bouteille. Tom avait envie de courir vers lui. Dans ce long couloir, il vit alors un chat roux, le regard brillant d'intelligence et d'une lueur que Tom ne reconnaissait pas, ne pouvait comprendre.

— Tom... Ne t'inquiète pas, dit la voix de Oscar.

Elle venait de partout. Des murs, de Tom même. Elle était plein de douceur.

— Ça va aller, dit-elle. Je reste avec toi... dans ton cœur.

Tom sentit quelque chose sur ses joues. C'était humide. Il hoqueta et le bruit d'une porte grinçante le fit sursauter.

— C'est... froid ! S'exclama une voix rauque.

— Remettez le sur la table, ordonna quelqu'un. Howard, vas chercher la corde. Nous avons la preuve qu'il est bien un sorcier. Ce soir nous nous débarrassons de cette chose.

Tom ouvrit les yeux. Il vit une petite lumière puis une ombre colossale. On lui attrapa ses chevilles et on le tira hors de ce four devenu glaciale. Tom ne chercha même pas à se débattre, trop faible. Il se sentit être soulevé puis poser sans douceur sur la table. On l'attachait encore. Tom ferma ses paupières rougies. La voix du prêtre retentit alors, récitant une prière. Tom sentit le premier coup de fouet, un second... un autre puis il sombra à nouveau dans les ténèbres.

Le prêtre sombrait dans les profondeurs d'une eau noire, essayant de nager vers une surface toujours plus loin. Une corde l'empêchait de remonter, enserrant petit à petit son cou.

— À votre tour, Monsieur.

Tom déglutit. Il gémit en sentant sa langue se piquer. Un autre coup de fouet. Quelque chose coulait de ses yeux puis sur ses joues. Pourquoi Oscar ne venait pas l'aider ? Et Archibald ? C'était tous des menteur. Ils l'avaient abandonné.

On trainait Tom qui ne comprenait plus rien. Son corps n'était plus que chaires sanguinolentes et croûtes avec des cloques. Sa peau n'était plus blanche mais noire et rouge. Il sentit tout un coup l'air frais. Il sentait sur ses jambes nues l'herbe fraîche du jardin. Les odeurs attaquaient ses narines et il ressentit un regain d'énergie. Il ouvrit les yeux. Les deux molosses du prêtre le lâchèrent au bord de l'étang au fond de la propriété. Tom grogna. Sa gorge ne pouvait plus rien émettre d'autre. Il sentit qu'on retirait la muselière. Il essaya de prendre une grande bouffée d'air et sentit son corps entier se contracter et lui faire mal. Il cracha alors en gémissant. On souleva sa tête et on passa un noeud coulant autour de son cou. Il vit une pierre attachée à l'autre bout. On tira ses bras en arrière et on serra une corde, relevant ses bras qui craquèrent. Tom gémissait.