Chapitre 3

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Chapitre 3

Kaïlie

Mon corps est épuisé. J'ai passé mes derniers après-midi à Verneuil et à nager, sans compter les matinées passées à visiter Paris.

Il n'est que vingt et une heures et je m'endors presque à table. La chaleur et le changement d'air m'éreinte complètement. Et puis, je n'arrête pas d'imaginer ma journée de rentrée, sans pouvoir me sortir de la tête ce qui s'est passé avec cet inconnu. Je me suis aperçue que je ne connais même pas son nom et j'espère de tout cœur qu'il est rentré saint et sauf. Qu'entre temps, ces brigands ne lui sont pas retombés dessus. Mais pour me rassurer, j'ai fait tout ce que j'ai pu. Alors inutile de ressentir cette espèce de culpabilité qui refuse de laisser mon esprit tranquille.

Le fait que j'arrive en plein mois de septembre ne m'aide pas à appréhender ma rentrée, car chacun des élèves me remarquera et aura déjà ses fréquentations. À l'inverse, je n'ai encore rien construis ici. Mais cela fait partie du jeu et je trouve cette sensation plutôt excitante.

Je déteste qu'on me remarque et je ne supporte pas être désignée de « nouvelle » ou encore « d'intruse ». Pourtant, c'est ce qui définira là « moi » de demain. C'est déjà le cas ici, avec Angelo, alors...

Une fois sous la couette, je me roule sur mon lit et me retrouve sur le dos, à observer mon plafond. Je n'y vois presque rien, puisqu'il fait sombre. Seulement une légère lumière extérieure vient l'éclairer. Celle de la Lune, ma préférée. Il n'y a que cela qui m'apaise un peu. Je décide de m'accroupir sur mon lit et de l'admirer depuis la fenêtre. Ma passion ? Admirer la Lune chaque fois que j'en ai l'occasion. Cette nuit, elle est pleine et plus lumineuse que les autres jours. Quelle est belle. J'ignore pourquoi le fait de la voir m'apaise autant. Pourtant, c'est de cette manière que je finis par paisiblement m'endormir.

***

La sonnerie qui retentit de mon réveil m'agresse les oreilles, si bien que je grimace jusqu'au moment où mes doigts réussissent à le toucher et à définitivement l'éteindre.

Je grogne, tout en cachant mon visage sous l'oreiller, pensant que ce simple geste me fera oublier le réveil ou encore cette journée qui s'annonce. Je n'ai pas envie de me lever, alors je décide de laisser mon corps fourré sous la couette, même s'il fait extrêmement lourd dans la pièce. L'été n'est pas fini, nous ne sommes que mi-septembre et, même s'il fait moins chaud que dans le sud, Paris n'est pas mal non plus.

J'aurais souhaité me rendormir, malgré la gêne que provoque la sueur que je sens glisser à plusieurs endroits sur mon corps. Mais c'est sans compter mon père qui rentre en trombe dans ma chambre et qui me fait presque sursauter.

— Chérie, tu vas être en retard, dépêche-toi !! hurle-t-il désemparé.

J'ai envie de lui faire comprendre que je suis assez grande pour activer mon réveil la veille d'une journée de travail, mais le manque de force m'en empêche. Et puis, je suis souvent grincheuse le matin.

Je le maudis, la tête toujours sous l'oreiller.

— J'arrive, soufflai-je pour lui faire savoir que je suis éveillée.

Le son que provoque ses pas sur le parquet me fait savoir qu'il opère un demi-tour. Je finis alors par me dresser sur le matelas du lit, plutôt confortable. Mes yeux longent la chambre à leur rythme —c'est-à-dire lentement. Ces derniers tombent d'abord sur mon espace de travail, situé face au lit, sur le coin de gauche. Puis, sur la grande fenêtre contre mon lit, qui permet aux rayons de soleil d'éclairer la pièce.

Je remarque ainsi qu'il reste une valise, ouverte, en plein centre de la pièce, à laquelle je n'ai pas encore touché. Je continuerai de ranger les derniers vêtements plus tard. Le plus gros est fait, de toute façon.

Love will save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant