Chapitre 38

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Kaïlie

Une semaine s'est écoulée depuis l'affrontement de Zack et Angelo. Rien ne s'est produit depuis et heureusement. J'espère simplement qu'Angelo n'est pas en train de préparer un sale coup. Mais il sait combien cela pourrait ne pas tourner en sa faveur et lui apporter des problèmes.

Concernant mon amitié avec les filles, rien n'a changé non plus : les deux me tournent toujours le dos. J'ai entendu dire que Mia avait larguée Angelo (encore heureux) et qu'Alex et elle avait tiré un trait sur Clémence. En fait, je crois bien que cette histoire a été un mal pour un bien. Malgré la confrontation entre les deux hommes qui aurait dû être évitée, la révélation que Zack a faite aux filles leur a permis d'éliminer les personnes toxiques de leur entourage. Dont moi, pour Alexandra. J'espère la récupérer, mais je ne sais pas comment m'y prendre. Notre situation est bien délicate. Mais nous nous sommes fait la promesse d'être toujours là l'une pour l'autre et bien qu'elle ait déjà Mia, je refuse de ne plus faire partie de ces personnes qui sont là pour elle. Je n'ai pas envie qu'elle voit qu'en moi, la femme qui l'a faite pleurer. Bien au contraire, j'aimerais qu'elle reconnaisse celle que je suis au fond de moi et ce qu'elle voyait autrefois.

Malheureusement, il est vrai qu'avec la pression d'Angelo, je crois bien m'être perdue. Je pense sincèrement que je ne retrouve pas celle que j'étais et que, peu à peu, il prend tous mes sentiments positifs. Tout ce qui faisait de moi, la Kaïlie qu'on aime et qui me rendait unique. Je commence à agir de n'importe quelles façons, à m'en prendre aux personnes qui ne le méritent pas. Et si je finissais par m'en prendre à Zack ? À mon père ? Après tout, avant de rencontrer ce monstre, j'ignorais ce que ça faisait, le fait d'être harcelée. J'ignorais aussi que l'être humain pouvait être aussi mauvais et destructeur. En fait, j'étais bien bête et naïve. Je vivais comme sur un petit nuage, pensant que le monde dans lequel on vit est presque parfait et composé d'individus simplement différents les uns des autres. Mais finalement, la réalité est tout autre. Ce monde est loin d'être parfait et ces individus qui le composent ne sont pas juste différents. Il y en a des sans cœur, capable du pire, sans aucun regret et qui n'ont aucune peine.

Et me dire que chaque seconde, je respire le même air qu'eux me répugne et me donne envie d'aller vivre ailleurs. Pourquoi pas sur Saturne ? La planète aux anneaux qui me fait tant rêver et imaginer. Quoi que...Un endroit composé uniquement de gaz et de tempêtes ne doit pas être le meilleur des endroits pour habiter. Alors, peut-être sur la lune ? Notre satellite bien aimé ? Il n'y a qu'à porter l'équipement nécessaire et s'habituer à la pression de l'air qui est bien différente de celle que nous avons ici. Rien de bien difficile en soit, surtout quand je pense à ce qu'est ma vie sur Terre. Enfin. Rêver, c'est beau. Mais si ces rêves pouvaient se réaliser, cela serait nettement mieux, j'imagine. En attendant, je continue de rêver, pour me maintenir en vie.

— On se met à deux ? me demande mon voisin Sébastien.

Brutalement coupée de mes pensées, je secoue la tête. Depuis que l'heure de français a débuté, je ne suis que dans mes pensées. Je ne sais pas de quoi parle-t-il.

Alors, les dents serrées, je lui demande :

— Pour faire quoi ?

Il lève un de ses sourcils blonds et son regard bleu me toise.

— Alala. Qu'est-ce que je ferai sans ma voisine de classe préférée ?

Je pouffe en sa compagnie, puis il claque son coude dans le mien, ce qui me fait sursauter.

— Pardon, lance-t-il directement.

J'ignorais qu'il aurait remarqué.

— Ne t'inquiète. Je suis toujours tendue, alors le moindre geste me provoque un sursaut.

En soit, ce que je dis n'est pas faux. Pourtant, mes sursauts de ce genre sont bien plus nombreux depuis que mon corps connait les mains d'Angelo.

— Alors détends-toi, meuf ! Sérieux, le stress ne va pas t'aider à aller mieux et il ne va rien changer à tes situations !

Il a entièrement raison, dans un sens.

Je souris timidement et réponds :

— C'est vrai. Je te promets de garder tes paroles dans un coin de ma tête, dis-je en faisant tapoter le bout de mon index sur mon crâne.

— Vous avez quinze minutes.

Et puis, fidèle à lui, Seb réagit à l'indication du prof en faisant glisser ses doigts sur ses joues.

— On parle trop. On parle trop ! s'écrie-t-il de façon théâtrale.

Nous gloussons ensemble, pendant qu'il sort une copie et qu'il me prête un crayon de bois.

— En gros, on doit faire un tableau pour expliquer les différences entre la socialisation chez l'adulte et celle chez l'enfant.

J'acquiesce alors et nous penchons nos regards dans nos cours. Je vais adorer faire ce travail.

Ensuite, nous avions dû nous rendre à notre prochain cours. Aujourd'hui, Zack n'est pas venu. Il m'a prévenu qu'il a fait une nuit blanche et qu'il doit récupérer, mais moi je pense plutôt qu'il a encore trop fumé ou trop bu. J'imagine qu'il ne me l'avouera jamais, par peur de me décevoir. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il ne me décevra jamais. Je sais à quel point c'est difficile de se détacher d'une drogue, qui est la seule capable de nous faire sentir mieux. Je lui ai aussi promis de l'aimer tel qu'il est, alors je le fais et je continuerai de le faire jusqu'à ce que la mort vienne chercher mon âme.

En attendant, je me suis pas mal rapprochée d'un de mes voisins qui est bien sympathique.

Tandis que nous nous rendions au cours de physique, auquel j'ai hâte de participer, quelqu'un ne me remarque pas et se claque contre moi.

— Pardon, disons-nous en même temps, ce qui nous fait rire.

— Contrairement à toi, je t'avais vu, mais vu le monde à cette heure-ci dans les couloirs, je n'ai pas pu bouger, complété-je.

— Tu es pardonnée. Tom, se présente-t-il. Tom Malo.

Il tend une main que je saisi.

— Kaïlie Joé.

— Je suis nouveau ici. Je suis en terminale 2, et vous ? demande-t-il à mon ami et moi, en nous regardant un à un, accompagné d'un joli sourire.

Mais je ne l'écoute plus, mon esprit est ailleurs. Tom Malo, il ne peut pas en exister plusieurs dans la même ville, si ?

Mes jambes tremblotent, si bien que mon corps se cogne dans celui de mon voisin.

Seb me retient de justesse et s'empresse de demander si je vais bien. J'acquiesce en guise de réponse, puis rajoute :

— C'est juste un vertige car je suis fatiguée, mens-je.

Et puis, j'arrive à l'affronter. Tom Malo, la personne que Zack et Angelo pensent avoir laissé pour mort se tient là, devant moi. Il est vivant et il est revenu à l'école. Mais pour quelles raisons ?

Love will save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant