Chapitre 1
Kaïlie
Je trempe le bout de mes orteils dans l'eau et attends que cette dernière vienne me chatouiller ceux-là. Mon père et ma belle-mère ont voulu me faire découvrir Verneuil, un lieu non loin de Paris dans lequel la Seine s'est échouée pour former un grand lac, dont tous les Parisiens profitent le temps de l'été. La température est douce et me donne envie de me baigner entièrement, ce que je ne tarde pas à faire.
— Alors, tu aimes ? J'ai conscience que le paysage est bien différent de celui dont tu as pour habitude de voir, mais il a quand même son charme, m'interroge Papa lorsque je reviens de ma première baignade.
Je suis touchée par l'attention que mon père me porte. Depuis mon arrivée hier, il fait tout pour moi et dans les moindres détails. Sûrement essaie-t-il de se faire pardonner concernant ses anciens comportements envers maman et moi ? Ce que je prends en compte, évidemment.
— C'est vrai, oui. Ce n'est pas la même vue, mais ça me change un peu et puis ce paysage reste unique.
Il confirme avec un geste positif de la tête.
— Tu peux m'étaler de la crème solaire sur le dos ? lui demande Isabelle, installée sur sa serviette de bain.
Le soleil habille le ciel et il n'y a aucun nuage en vue, ce qui signifie qu'il fait extrêmement chaud. Je dois l'avouer, je pensais qu'il était impossible qu'il fasse aussi lourd dans le nord que dans le sud de la France, et pourtant, c'est bien le cas. Je devrais arrêter de croire à tous les préjugés et plutôt me faire mes propres idées.
— Angelo ne devrait pas tarder à arriver, m'explique Isabelle sur un ton joyeux.
— Super !
Non pas que je fasse semblant d'être enjouée dû à cette idée, mais voir Angelo ne m'emballe pas vraiment. J'ai plusieurs fois essayé d'échanger avec lui, mais c'est sans espoir. Il n'est absolument pas le genre de personne que je fréquente habituellement, même si, évidement, je vais y mettre du mien malgré tout.
Je me pose alors sur ma serviette afin de profiter des biens faits du soleil. Celle-ci est presque bouillante au point que je suis incapable de m'y allongée. Mon corps s'affaisse lentement et je le maintien rehausser avec les doigts, aux extrémités.
Après tout, l'été n'est pas terminé et j'ai bien le droit d'en profiter encore un peu. Car dès demain, le rythme scolaire reprend et je n'en ai aucune envie. Le retour du réveil à six heures, la foule dans les couloirs, la mauvaise haleine de ces professeurs, ceux qui nous forcent à participer à l'oral, les couples qui se bécotent dès huit heures du mat'. Ou encore, ces camarades de classes que nous ne supportons pas et à qui nous voudrions balancer tout ce dont nous pensons à leur sujet. Honnêtement, je n'ai absolument pas la force d'endurer une nouvelle année scolaire, mais il le faut bien. Comme je me dis pour me rassurer, tout le monde y passe, et puis ce parcours est essentiel si l'on souhaite intégrer les universités que nous voulons et faire le métier de nos rêves. Maman m'a partagé durant toutes ces années sa façon de penser et je la remercie. Grâce à elle, j'ai appris à dédramatiser et voir le bon côté des choses, dans n'importe quelle situation possible.
Alors que Morphée est sur le point de m'attraper, quelqu'un qui me frôle en courant me jette du sable sur le dos.
Je me redresse alors, le regard assassin.
C'est Angelo. Il court comme un bourrin et ne fait attention à rien, ni à personne, si bien que je ne suis pas la seule à recevoir des pincettes de sables. Mais il semble être désintéressé de tout et il ne se retourne même pas sur les personnes qui le disputent. Quel culot, mais j'hallucine ! Il se croit tout permis ! J'espère que tous les Parisiens ne sont pas comme lui, sinon je risque de me faire des ennemis ! Puis merde. Kaïlie, on a dit de ne plus croire aux préjugés. Et Dieu sait qu'il en existe autour de Paris. Tu vas y vivre le restant de ta vie et tu auras bien le temps de te faire tes propres idées.
Je finis alors par me lever afin de commencer le round two.
Avant cela, je ne peux m'empêcher de m'amuser à inscrire les prénoms de Melissa et de Gabin dans le sable avec le bout de mes orteils, peint de la couleur rose fuchsia. Je les capture en photo et les envoie aux concernés pour leur montrer que je ne les oublie pas. Tant qu'à faire, je me prends aussi en selfie avec cette jolie fausse fleur de Monoï qu'ils aimaient tant. Aujourd'hui, si je la porte, c'est pour eux, car je sais à quel point ils me trouvaient jolie lorsque je l'avais. Seulement, ils ne sont pas présents pour la voir.
— Rappelle-moi ton âge ? se moque Angelo en passant à mes côtés, avant de plonger sous l'eau.
Je n'ai même pas le temps de répliquer. Je fronce les sourcils et l'observe faire son crôle. Il semble sans intérêt, si bien que je me demande de quelle façon je vais m'y prendre pour le rendre un plus affectueux et attirant. Angelo enchaîne plusieurs brasses, parfois sous l'eau et d'autres fois en dehors. Une fois qu'il en sort, il se plante devant moi et sa position m'oblige presque à fixer ses abdominaux.
— Je ne sais toujours pas ce que tu fais ici. Mais ce que je sais, c'est que Paris n'est pas pour toi, crache-t-il d'un air mauvais, qui me rend nerveuse aussitôt.
— Hein ? Comment ça ? demandé-je, tentant directement de cacher ma gêne qui serait susceptible de me mettre en position d'infériorité.
Ses mains glissent gracieusement dans ses cheveux trempés à la couleur châtain, qu'il finit par secouer. J'en reçois des gouttes, mais ne le réprimande pas. Je tiens à connaître le reste de sa pensée.
— Tu es une petite Princesse du Sud, annonce-t-il avec aisance, comme pour me prouver qu'il est supérieur à moi. Tu n'as rien à foutre en ville et encore moins chez ma mère et moi.
Son ton reste le même et je suis certaine que toutes les personnes autour de nous nous entendent. Mais ça lui importe peu, puisqu'il continue en augmentant de décibel :
— Vous êtes de vrais intruses et je me règlerai moi-même de vous renvoyer de là où vous venez, conclue-t-il
Je sens un de mes sourcils se lever à cause de la surprise. Il refuse que sa famille ne s'agrandisse et il en veut à mon père et à moi. Pour lui, c'est comme si nous nous incrustions dans son intimité. Remarque, nous avons bien un point commun qui pourrait nous unir : nous ne sommes pas pour cette union entre Isabelle et papa. Pourtant, c'est comme ça. Nous sommes censés réagir comme des adultes. Ce n'est sûrement pas à nous d'émettre quelconque opinion et encore moins de tenter de les séparer.
— Tu m'as parlé d'âge, il y a quelques minutes. Alors, entre moi qui tague des prénoms dans le sable et toi qui refuses de partager ta maman, j'ignore lequel de nous est le plus immature, répliquai-je assez fière et détourne les talons.
Mais ses doigts s'entourent immédiatement autour de mon poignet pour me retenir et je sens que je me colle un peu trop à ce que je ne devrai pas. Il s'esclaffe presque trop fort que j'en viens à observer aux alentours, si les vacanciers ne nous fixent pas. Des postillons viennent frapper contre mon visage. Je prends un air dégoûtée et les essuie sur le coup.
— Mais meuf, tu n'as rien compris. Je te préviens, on ne joue pas dans la même cour. Et puis, tu ne connais rien de moi, alors je te conseille de la fermer ou de ne pas me tenir tête. Pauvre gamine, souffle-t-il, comme s'il craignait qu'un des parents n'entende notre altercation.
Sa prestance me fait douter de mes capacités à rétorquer. Inutile pour cette fois, je préfère rester muette. J'ai bien l'impression que je ne devrais pas trop me frotter à lui.
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Love will save me
RomanceCoucou à toutes et à tous ! Je vous mets en garde, ce roman comporte plusieurs scènes à sujets sensible donc protégez vous et ne vous forcez surtout pas. Pour les personnes sensibles, je vous déconseille cette histoire. Prenez soin de vous, c'est tr...