Chapitre 10
Zack
"Il a été poussé d'une force bien trop puissante, ce qui a projeté son corps hors du sol et du haut de la falaise. Il n'a pas pu survivre, c'est évident, et je suis incapable de bouger. Je suis tétanisé par la scène effroyable à laquelle je viens d'assister. Puis, je trouve enfin la force de regarder celui qui vient de commettre l'irréparable. On se fixe tous les deux, sans dire un mot ; mais c'était inutile, puisque nous avions compris ce qu'il venait de se passer. Nous venions de perdre notre meilleur ami. »
Je me réveille en sueur et suffoque. J'ai la gorge nouée et l'œsophage serré. Mon organe n'est plus en mesure de faire circuler l'air comme il le devrait. Je me redresse sur mon lit et respire bruyamment. Ma main glisse à travers mes cheveux mouillés et je tente de déglutir comme je peux.
Encore ce rêve. Toujours ce rêve.
Depuis un an, je l'enchaîne chaque nuit. Il est toujours là, il refuse de me laisser tranquille. Mais que dois-je faire pour l'oublier ? Tout avouer ? Peut-être aurai-je la conscience tranquille, après ça et que ce rêve daignera laisser mon esprit en paix. Chaque jour, je tente tant bien que mal de l'oublier. J'ai fait mainte et mainte tentative, mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à effacer cette soirée qui a niqué ma vie à tout jamais, dans tous les sens du terme. Pourtant, j'ai consulté un professionnel de santé mentale pour tenter d'apaiser mes différentes douleurs, sans trop en dire.
Mais pourrais-je un jour en parler librement, à quelqu'un qui ne jugera pas mes actes ? Bien sûr que non, on m'enfermerait en prison. J'ai même essayé de me rapprocher de Dieu, mais ça n'a pas fonctionné non plus. De toute façon, je ne peux être enfant de Dieu étant donné l'importance du pêché que j'ai commis. Je suis lâche et cruel. C'est drôle, car les gens croyants insistent toujours en me disant que nous existons tous pour quelque chose. Que nous ne sommes pas nés pour rien et que nous avons notre place ici, sur Terre. Personnellement, je pense justement le contraire : c'est le hasard et être en vie ne signifie pas servir à quelque chose. Être en vie ne signifie pas, aimer la vie. Vouloir vivre n'est pas une obligation, même si nous sommes en vie.
Ces questions sans réponse accentuent mes maux de tête. J'hésite à me lever pour aller boire un verre. Je crains ne pas tenir debout et de faire un malaise comme l'autre nuit. Et puis, je n'ai pas envie de réveiller Maya qui dort paisiblement à mes côtés. Heureusement qu'elle est là, j'ignore ce que je ferai sans elle. Cette nuit encore, j'ai dû la prendre avec moi, dans mon lit. Maman préfère faire la fête à l'extérieur et se bourrer la gueule, comme d'habitude.
Au bout de quelques instants, je parviens tout de même à me mettre sur mes pieds. Ouf ! Je jette un dernier coup d'œil vers le lit et constate qu'elle n'est pas réveillée. Je souris instinctivement, puis ferme la porte de la chambre. Je dévale l'escalier et prend la direction de la cuisine, les jambes légèrement tremblotantes.
Une fois ma destination atteinte, je me serre à boire et m'installe sur une chaise de cuisine. Mes yeux se posent sur le four qui rejette l'heure : deux heures cinq du matin et la nuit me paraît interminable. J'aimerais accélérer le temps et transformer les heures de la nuit en ridicule secondes. Si s'était possible, j'effacerai ces moments dont nos corps et âmes ont besoin pour vivre. Je souhaiterais, ne plus jamais avoir envie de dormir, ne plus jamais avoir besoin de sommeil. Car depuis l'accident, j'ai des soucis d'insomnie. Des gros, soucis. La nuit est pour moi, source d'angoisse et de mauvais rêves. Même si j'y pense la journée, certes, c'est la nuit que j'en suis davantage hanté. D'ailleurs, dès que je le peux, je les passe au hangar, pour tout oublier. Mais ce soir, ce n'était pas possible, sinon, Maya aurait été seule. Elle n'a que deux ans et trois moi...
Mon téléphone que j'ai emporté avec moi jusque-là, émet une vibration.
Kaïlie Joé, une nouvelle suggestion sur votre Instagram.
Je lève les yeux au ciel. Tiens, comme par hasard. Seulement, par curiosité, je ne peux m'empêcher de cliquer sur la notification, qui me rend directement sur son compte Instagram.
Elle est en compte public, ce qui ne me surprend pas. C'est le genre de meuf à vouloir être sous les feux des projecteurs, qui aime qu'on la voie, qu'on la remarque...
Son compte n'a pas de publication, il n'y a que des stories à la une. Mon doigt appuie sur l'une d'entre elle qui présente son sport : le basket. C'est drôle, je l'imaginais plutôt dans la danse et le chant. Un sport qui lui colle mieux à la peau. Mes yeux tombent sur plusieurs photos de ma nouvelle camarade aux jambes longues et fines. Je m'arrête sur une photo et mon doigt y reste posé, afin que je puisse bien l'observer. Sur cette photo, la jolie blonde est en plein saut et met un panier. Elle porte sa tenue de basketteuse et ses cheveux à la couleur du soleil volent en arrière.
Je me surprends à sourire, mais j'ignore pourquoi. Il faut que je reprenne mes esprits. Qu'est-ce que je fou, à deux heures dix du matin, à mater les photos de Kaïlie ? Il est l'heure d'aller dormir. Demain j'enchaîne une grosse journée, de toute façon.
Lorsque mon doigt se détache de l'écran, il effleure le petit cœur, situé en bas à droite de l'écran. Putain ! Je viens de liker sa photo ! Aussitôt, je retire le cœur mais je me rends à l'évidence : elle aura reçu la notification et elle saura que c'est moi grâce à mon pseudo. Rien de plus facile : Zack Clark.
Je fais la moue, les sourcils baissés, puis tape mon front contre la table, désespérément, lorsque Maya se met à couiner d'en haut.
Je m'empresse de la rejoindre, juste après jeter mon verre dans le lave-vaisselle. Une fois là-haut, je vérifie de nouveau si mon réveil pour demain est bien activé. Sept heures, suivi de sept heures cinq. Tout est OK. Je me faufile sous la couette et m'approche de Maya. J'amène mon visage proche du sien et lui colle un baiser sur la joue, ce qui la calme aussitôt.
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Love will save me
RomansaCoucou à toutes et à tous ! Je vous mets en garde, ce roman comporte plusieurs scènes à sujets sensible donc protégez vous et ne vous forcez surtout pas. Pour les personnes sensibles, je vous déconseille cette histoire. Prenez soin de vous, c'est tr...