Chapitre 46

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Zack

J'ai peur. Oh bon sang, qu'est-ce que j'ai peur. J'appréhende tellement les lendemains à venir, car je sens le vent tourner.
Kaïlie est en train de perdre ses sentiments pour moi. Le fait que quelqu'un me l'abîme la fait s'éloigner de moi. Et le pire est que je ne sais pas comment faire pour qu'elle revienne, pour qu'elle m'aime comme elle le disait dans nos débuts. Je la sens se détacher et je n'ose pas lui en parler. Je refuse de la déstabiliser, d'autant plus que cette semaine, nous n'avons que des épreuves d'entraînements qui sont importantes pour nos moyennes.
Alors, en attendant, je la laisse faire. Mais il faut qu'elle sache qu'elle a mon cœur entre ses mains. Si elle décide de l'abandonner, c'est mon âme qui ne s'en remettra pas.

- Zack, tu finis quand ? demande Marianne dans mon dos.

Je soupire. Elle m'agace à un point qu'elle ne peut imaginer.

- Bientôt, c'est bon. Si tu n'es pas satisfaite, tu peux cuisiner solo. Je te rappelle que tu n'es pas handicapée.

- Parle-moi mieux ou je t'en mets une.

Sa menace hérisse mes poils, si bien que je me retourne pour la fixer méchamment.

- Essaie juste, vas-y, la provoqué-je.

Je n'en peux plus. Ma vie ici est trop insupportable. Je tiens, mais uniquement pour Maya. Sans elle, je ne serai pas même revenu ici. Ça craint trop et je n'arrive plus à endosser le rôle de père et d'homme à tout faire. Marianne se sert de moi, elle a conscience que si je plis bagage, il ne reste qu'elle et ses bouteilles d'alcool. J'espère de tout cœur ne jamais tomber aussi. Mais en fin de compte, peut-être que c'est déjà le cas. Je soupire, puis détourne les yeux.

- Tu es ridicule. Quand est-ce que tu vas comprendre qu'une fois que j'aurai foutu le camp d'ici, tu crèveras comme une merde ?

- Comment oses-tu dire ça ?! Je suis ta mère, je t'ai mis au monde ! crache-t-elle dans mon dos entre deux toussotements.

Je me retourne, hilare, les mains dans le torchon.

- Ma mère, tu dis ? Mais putain, combien de fois vas-tu me dire ça ?? crié-je en même temps que je balance l'essuie-tout non loin d'elle. Bordel, une mère ça élève son môme, ça lui apprend un minimum ce qu'est la vie, ça le protège. Mais avant tout, une « mère », comme tu dis, ça aime l'enfant qu'elle met au monde. Toi, tu ne m'as mis au monde que pour m'offrir la vie des plus pourries.

Je la fixe d'un air mauvais. C'est une femme et je n'ai pas le droit de lever la main sur elle. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque. Ensuite, ce sont les hurlements de Maya qui règnent dans la pièce. Assise dans sa petite chaise haute, elle assiste à notre engueulade.

- Oh là, cette gosse n'est bonne que pour brailler, c'est dingue !

Comment peut-elle dire ça ? Elle me dégoute tellement. Le temps que le reste du plat que je prépare finisse de cuire, je m'avance vers ma petite sœur, puis je me mets sur mes genoux.

- Ça va mon ange. Je suis désolé que tu assistes à tout ça, à chaque fois. Mais je te promets qu'on sort bientôt définitivement de cet enfer.

Le rire malsain de Marianne me fait grincer des dents. Je caresse son doux visage et ses larmes ne coulent plus. Mais elle en a une sur chacune de ses joues, que je viens essayer aussitôt. Ses yeux rouges ne quittent pas les miens et son regard en détresse qu'elle me lance me fait mal en plein cœur.

Je prie pour qu'elle n'est pas les mêmes traumatismes que les miens.
Je prie pour que tout ce qu'elle a vécu ici soit oublié et qu'elle ne s'en souvienne jamais. Mais j'en doute fort, en réalité. Dans tous les cas, je ferai tout ce qui est en mon possible pour qu'elle ne garde que de bons souvenirs de sa triste enfance. Je serai là pour elle, je lui ai promis et les étoiles en sont témoins. Et je ne rompe jamais mes promesses. Je ne comprends pas comment pouvons-nous devenir de tels monstres. Ma psychologue m'avait dit qu'il ne s'agissait que de créations d'autres montres. Les monstres mettent au monde d'autres monstres et ainsi de suite. Même si cela répond parfaitement à ma question, c'est un fait auquel je ne crois pas. Mes géniteurs sont des monstres et ce n'est pas pour autant que je le suis. Certes, je me suis égaré et je n'ai jamais su qui j'étais. Mais je ne ressemble en rien à ces gens-là.

Love will save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant