Chapitre 30

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Kaïlie



Les cours m'ont achevé. J'ai fait un exposé et je suis passée devant toute ma classe. Cela m'a beaucoup stressée. Ensuite, nous avons eu deux devoirs sur table. Oui, tout ça en une journée. Alors, certes, je suis épuisée, mais je compte bien voir Angelo avant la nuit tombée. En attendant, je suis cuisine le repas de ce soir avec mon père et Isa.

—    Eh bien, on dirait que nous avons tous eu une dure journée ! Moi, ce sont les clients qui ont été lourd ! explique-t-elle une fois que j'ai raconté ma journée.

Elle fait les grosses joues, ce qui me fait glousser.

—    Evite de cracher dans la soupe que tu nous prépares ! me réprimende papa pour me taquiner. Et au fait, comment va ta mère, ma puce ?

Sa question me fait chaud au cœur. Depuis leur séparation, il ne s'en était jamais préoccupé.

—    Ça va. Enfin, à part que je lui manque beaucoup. Mais bon, soufflé-je. A qui je ne manquerais pas ? Je suis tellement la fille que tout le monde rêverait d'avoir ! m'exclamé-je pour plaisanter.

Mon père rigole de toute sa gorge, pendant qu'Isa devient silencieuse. Je la regarde discrètement et comme nous sommes aux fourneaux toutes les deux, il ne m'est pas bien difficile de remarquer que les traits de son visage sont légèrement crispés.

—    Angelo est tellement différent de toi, prononce-t-elle tout bas.

Pauvre Isabelle. Elle doit se demander pourquoi a-t-elle un fils autant désagréable et rebel que lui, tandis que de ce qu'elle m'a raconté, elle a toujours tout fait pour lui. Trop, peut-être.

—    Chérie, ne recommence pas. Les deux sont différents et c'est normal.

—    Ouais enfin, il y a différent et différent, lâché-je involontairement.

Impossible de revenir en arrière. Et merde. Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie.

Puis, elle souffle, se met dos à la gazinière et retire son tablier.

—    Kaïlie a raison. Angelo n'est pas comme les jeunes adultes de son âge. Je ne sais pas ce que j'ai loupé avec lui...

Mon père qui semble affecté, la rejoint et passe sa main sur son dos.

—    Tu n'as rien loupé, c'est simplement lui qui fait ce qu'il veut. Les ados, tu sais...

Je l'appercois dodeliner de la tête, le bout de ses doigts sur son front.

—    Non, tu te trompes Fred. Angelo n'est pas comme eux. Il y a quelque chose qui...qui cloche. Ça fait quelques mois déjà. Avant, il était tellement plus aimant, plus respectueux.

Je baisse les yeux et abandonne la cuisine à mon tour. C'est alors que je me rends compte que je ne suis pas la seule à souffrir à cause de ce monstre. Je n'aurais jamais imaginé qu'elle en souffre autant et je n'aurais pas non plus pensé qu'Angelo faisait aussi des misères à sa propre mère. Dans un sens extrêmement égoïste, cela me rassure un peu. Je me dis que ce n'est pas moi le problème. Mais dans un autre sens, je suis blessée de l'apprendre. Malgré le fait qu'elle ait fait ce qu'elle a fait, Isa ne mérite pas d'avoir un fils autant odieux. C'est un profiteur et il a un fond tellement mauvais.

—    Je sais oui. Et je suis très déçu de ne pas l'avoir connu avant sa crise d'ado.

Les deux sont dos à moi. Elle, assise sur un grand tabouret autour du bar et lui, toujours debout à ses côtés. Puis, elle incline son visage vers le haut, pour regarder papa.

Love will save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant