Voyage Destiné

5 MYA

MYA

Le soleil commence à se coucher sur le lac de Baïkal, dans la région d'Irkoutsk. Je règle mon appareil et mitraille le panorama. Pour le moment rien de spécial, j'ai déjà fait le tour du lac trois fois et j'ai repérer la photo qui me tenait à cœur pour mon book spécial. Je pense poser ma tente dans la petite clairière pas loin pour être prête quand la lune jouera avec les nuages. Le temps est parfait, par contre je risque de me prendre la pluie demain.

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En équilibre précaire sur mon promontoire, je souris de toutes mes dents tellement le paysage est grandiose. J'ai mis des saturateurs de nuit et un filtre spécial pour que les quelques nuages qui avancent sur la région puissent ressortir parfaitement sur mes photos.

Satisfaite je commence à remballer en chantant a fond.
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J'étais au milieu d'un couloir assez sombre, aucune décoration à part un vieux papier peint délavé. Une unique ampoule vétuste suspendue éclairait mal cette espace, surement la couche de crasse s'accrochant à chaque recoin possible. Mon estomac se soulève et qui ne manque pas d'aggraver les vagues de stresse qui m'étreignent.

Je sais très bien où je me trouve et comment tout cela aller finir. Alors j'ai rejeté la peur et je me suis motivé à marcher.

J'avance prudemment vers le bout de ce couloir non éclairé, vers cette porte fermée. Mes pas et mon souffle calqués sur mon rythme cardiaque, j'essaie qu'il ne s'emballe pas. J'expire longuement et tends la main vers la poignée. J'entends le déclic annonçant la libération de la porte du chambranle. La porte s'ouvre en grand poussée par le souffle de la tempête extérieur.

Je le sais mon psy m'a aider à comprendre que cette tempête n'est autre que le reflet de mes émotions. Mais même si l'apaisement est arrivé dans ma vie, ici, dans ce souvenir qui s'est transformé en ma balade quotidienne nocturne. ICI, c'est le chaos qui est maître. Car je l'ai laissé le devenir, je lui ai permis de m'atteindre et je le subis sciemment, avec plaisir même.

J'aime cette culpabilité, ce tumulte de mes sentiments refoulés, je l'accueille avec joie, car je peux ainsi La revoir. Je sais que je ne l'entendrai pas, je ne pourrais pas non plus l'étreindre, mais je La verrai distinctement. Je La verrai rire et courir vers moi encore une fois.

Alors je me hâte d'avancer dans ce jardin, ne m'étonnant même plus de cette lumière et cette chaleur si intense.

Je cours vers le jardin où Elle joue, je La vois de dos sur la balançoire, je sens qu'Elle est heureuse de jouer là. Je l'appelle. Elle tourne la tête vers moi, un sourire s'étire sur ce magnifique visage. Elle donne une impulsion et saute au sol comme un as. Elle se réceptionne et se met à courir vers moi, Elle se jette dans mes bras et je tombe à la renverse avant d'avoir pu La retenir et La saisir.

Je me réveille comme d'habitude sur cet entrefaite. Mon cœur crie tant il est heureux et triste.

Mon bébé, ma fille, mon amour, ma raison de vivre. Je sais que je ne la reverrai jamais.

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Je me réveille pour remettre du bois, mais un picotement sur mon échine, met tous mes sens en alerte. Manquerait plus que je tombe sur un pervers russe au beau milieu de nulle part. Non ! Pensée positive, on a dit Mya. Positive attitude... Mouais je lance un regard autour de moi, mais n'entend rien, ni ne vois rien d'autre que la nature.

Ok je me presse dans ma tente et ferme bien vite se maigre rempart à ma sécurité qu'est une fermeture éclair sans cadenas pour mon chez moi.

Au pire, me dis-je pour me rassurer, n'ayant rien à perdre, je me fais agresser et violer... Au mieux, je meurs et La rejoins... Mais je lui ai promis de continuer à vivre, alors je ne ferai rien de moi-même.

J'ai besoin d'un remontant, mais là au milieu de nulle part, je ne peux compter que sur ce que j'ai avec moi. Je sors mon précieux que j'ai bien pris soin de charger grâce au soleil, et me dis que si je ne dors pas à l'hôtel demain, je ne dois pas forcer sur la batterie au vue de la future météo. Pluie pendant deux jours.... J'ai bouclé mon premier objectif, je devrai pouvoir me permettre un hôtel près de mon second site en attendant le temps clair.

Forte de cette décision, j'ouvre mon pote Google sur mon précieux et scrolle les hôtels près du parc national. Celui-là a de bon avis, pas trop cher et un service spa... buffet. Bon je réserve et je peux enfin me détendre. Je remonte mes couvertures sur mon nez, c'est qu'il ne fait pas très chaud en Russie quand même. L'éclairage de mon téléphone donnerait presque une ambiance tamisée. Mes pensées dérivent sur d'autres moments frais et je me fustige. No way, autant dupé mon cerveau et penser à ce beau ténébreux que j'ai croisé à l'aéroport, plutôt que de sombrer dans ma tristesse.

Jouons ! J'imagine avoir du temps et au lieu de l'avoir laissé sur un « i have to go » ... j'aurais pu l'inviter à prendre un café ? Non, trop brutal, ok le girl power est connu mais ça fait un peu en manque quand c'est la fille qui au bout de deux phrases invite. ???? Ça a beau être un petit fantasme pour s'endormir sur une bonne note. Je sais pertinemment que je suis et resterai célibataire. Pourtant pour mon fantasme, j'ai envie de lui plaire, non pas de l'effrayer.

Comment allons-nous surnommer mon inconnu de fantasme ? Mouais, déjà je vais l'habiller autrement qu'en peigne cul. En bûcheron bien sexy et gigantesque ??? Bof pas trop dans un aéroport, mais je me garde l'idée sous le coude quand je m'imaginerai qu'il me rejoigne sous ma tente.... Revenons à nos débuts. Nous ne nous sommes même pas courtiser, ne grillons pas les étapes ! Alors ni trop décontracté, ni trop habillé ? Un jean bleu et un polo en v. Yes je valide. De quel couleur ce haut ? Je crois qu'il avait les yeux bleus. Alors peut-être un pull beige. Yes. Le reste n'étant pas important. Comment s'appelle sexy bucheron ? Etant en Russie un nom d'acteur me percute : Nicolay ! Yep, avec Nico en petit nom, mon fantasme prend forme.

Nous disions donc, je percute l'homme qui me retient dans ses bras (quoi autant rêver en grand. En réalité je finis souvent sur les fesses après avoir rebondi sur des inconnus) et me susurre un « vous allez bien ? » plein de compassion. Ah non il parle anglais « Are you ok ? » c'est mieux. Je lèverais les yeux sur lui et... comme à l'aéroport le temps se figerait. Il me caresse la joue du bout des doigts et me sourit. « Are you sure you're ok?? » Je lui souris et sors un « merveilleusement bien et vous ? » "Perfect, puis-je-vous inviter à prendre un café?" « Je prendrai à boire avec plaisir »

Ok ça avance bien, mais j'espère qu'il m'invite pour une boisson chaude et pas qu'il me prenne pour une fille facile...

Mes pensées s'étirent doucement et je tombe dans les bras de Morphée, me jurant de reprendre demain soir, et dans mes rêves.